Si tu es le Fils de Dieu
Homélie 1er dimanche de Carême
La liturgie de ce premier dimanche de Carême nous plonge dans une réalité bien réelle, qui a toujours existé. Vous avez compris que je voulais parler de la tentation. Celle-ci n’est malheureusement pas liée géographiquement à une seule île.
La tentation remonte à l’origine de l’être humain.
À peine modelée, créée, la femme, dans le récit de la Genèse, est tentée par un serpent. L’objet de la tentation : le fruit, agréable à regarder, et qui, selon le serpent, donnerait l’intelligence. Or, de tous les arbres du jardin, celui de la connaissance du bien et du mal, Dieu avait demandé qu’on n’en mange pas les fruits.
La femme avait accepté ce principe, mais les paroles de tentation du serpent vont la déstabiliser. La voix de l’animal va prendre le dessus sur le message du Créateur et la femme va manger le fruit de l’arbre défendu.
Nous savons que notre condition humaine est sujette à de multiples tentations. Les affaires de mœurs touchent tous les milieux, y compris les ministres de l’Église. Je demande humblement pardon à tous ceux qui ont été abusés par des prêtres.
Le recours à la prière, à la Parole de Dieu, sont primordiaux pour lutter contre les tentations.
Dans l’Évangile, on voit Jésus affronté à la tentation à trois reprises.
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La première est particulièrement tentante. D’une part après 40 jours de jeûne, Jésus a faim. Le tentateur lui suggère de changer les pierres en pain. De plus, il utilise l’argument : « Si tu es le Fils de Dieu ». On retrouve la même chose quand Jésus est sur la Croix : « Sauve-toi toi-même si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ».
Pourtant devant cette double tentation, Jésus fait preuve d’une grande sagesse, citant le livre du Deutéronome : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
Voilà en ce premier dimanche de Carême ce qui peut donner un sens à notre jeûne : donnons une place à la Parole de Dieu.
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Fort de son premier échec, le diable pense bien faire en utilisant lui aussi l’Écriture, avec le livre du Deutéronome. Mais Jésus sera plus judicieux encore en enchérissant : « Il est encore écrit : tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ».
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S’entêtant dans sa bêtise, le diable va jusqu’à lui proposer tous les royaumes du monde s’il se prosterne devant lui. Jésus semble s’emporter un peu : « Arrière Satan ! C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras ».
Sans être aussi méchant que le diable, savons-nous qu’il peut nous arriver d’être aussi dans le registre de la tentation avec le Seigneur ? « Si je réussis mon examen alors j’irai à la messe tous les dimanches » ou encore « Si tu guéris ma grand-mère, je te remercierai tous les jours » et on pourrait continuer les exemples du même genre.
Mais n’oublions pas que les plus grands défis sont ceux que le Seigneur a fait vis-à-vis de l’homme. En le créant, il l’invite à le respecter. En offrant son Fils, il nous demande de l’écouter. En nous aimant, il nous invite à aimer à notre tour. En se livrant quotidiennement dans l’Eucharistie, il propose de l’accueillir en nous.
Alors allons-nous répondre aux défis du Seigneur ou allons-nous nous laisser tenter par le désir de la tranquillité, du chacun pour soi ?
Que ce temps du Carême nous réoriente vers Dieu, nous dispose à son écoute et nous stimule à le servir à travers nos frères.
Amen.
Abbé Jean-Marie