Osons la rencontre
Homélie Journée Mondiale des Pauvres - Eglise Saint Léger
Les textes de ce jour soufflent le chaud et le froid pourrait-on dire. « Tous ceux qui commettent l’impiété seront consumés. Ils n’auront ni racine, ni branche » annonçait le prophète Malachie. « Mais pour ceux qui craignent le nom du Seigneur, le soleil de justice apportera la guérison dans son rayonnement ».
Dans l’évangile de ce jour, Jésus apparaît en partie comme un prophète de malheur. « On se dressera nation contre nation. Il y aura de grands tremblements de terre, des phénomènes effrayants ». Et ce n’est pas tout, Jésus ajoute à l’adresse des disciples : « on vous persécutera (…) vous serez détestés de tous à cause de mon nom ». Heureusement, il y a quand même une espérance, de bonnes nouvelles : « vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense (…) tous vos adversaires ne pourront ni résister, ni s’opposer », « pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »
Que retenir de tout cela ? Quel enseignement pouvons-nous en tirer ?
Il y a comme deux tendances, deux camps : les arrogants, les adversaires, ceux qui font le mal d’un côté, et ceux qui craignent le nom du Seigneur, qui subissent les persécutions à cause du nom de Jésus.
Bien sûr, nous ne sommes pas aujourd’hui dans le même contexte, la même situation. Mais cela doit quand même nous donner à réfléchir.
À quel point j’aime Jésus ? Jusqu’où suis-je prêt à lui être fidèle ? Comment persévérer dans ma foi pour ne pas renier le nom de Jésus face aux difficultés ? Il est vrai que vivre en chrétien, nourrir sa foi, n’est pas toujours évident. Cela demande de la part de chacun une volonté, un désir. Mais cela ne peut en rester là. Chacun doit accorder du temps pour le Seigneur. La prière personnelle ou en groupe, la participation à la messe, l’écoute de la Parole de Dieu, témoignent concrètement de l’amour que j’ai pour Dieu. Cet amour, notre foi, nous entraînent à une manière d’être, nous poussent à agir en essayant de faire le bien autour de nous. Continuons, ne nous laissons pas décourager par les obstacles ou les contraintes.
Certains d’entre nous le savent, ce jour l’Église catholique célèbre, pour la 3e année, la journée mondiale des pauvres, voulue par le pape François. Il y a bien des sortes de pauvreté aujourd'hui. J’ai rencontré la semaine dernière deux familles en pauvreté sociale et spirituelle. L’une d’elle ne savait pas ce qu’était Noël !
Beaucoup de pauvretés sont liées à des échecs, des accidents de la vie. Nous nous devons de prêter attention et de soutenir d’une manière ou d’une autre les personnes en fragilité. Nous savons que dans certaines situations, des personnes sont contraintes malheureusement d’être dans l’assistanat toute leur existence.
Dans la 2e lecture, l’apôtre Paul jette cependant un pavé dans la mare : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » ! L’apôtre Paul dénonce ceux qui vivent de façon désordonnée, déréglée. Il existe malheureusement des cas de jeunes qui n’ont pas envie de travailler, qui sont comme déconnectés de la réalité. Ce phénomène peut aussi toucher des adultes. Ces situations anormales sont bien sûr à corriger. On ne peut « choisir » de vivre dans la dépendance des autres.
« Nuit et jour nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous » déclarait l’apôtre Paul.
Heureux sont ceux qui, par leur capacité physique, psychologique, économique, spirituelle et tous ceux de bonne volonté, ont cette possibilité de se mettre au service des autres. Tous et chacun, nous avons besoin des autres, d’où le thème de cette journée : « osons la rencontre ».
Du dialogue et du partage, chacun s’enrichit, je dirais même s’humanise. Au-delà de nos situations, de nos différences, de nos histoires ou de notre passé, puissions-nous vivre la relation fraternelle.
Amen »
Abbé Jean-Marie Rauwel