La Sainte Famille - Fuite en Egypte
Homélie à Saint Théodore "Messe du Louvre"
En ce dimanche de la Sainte Famille, nous avons tous remarqué que les différentes lectures parlent des liens familiaux. Dans la première lecture, deux fois il est question d’honorer son père. Il faut même le glorifier, et ensuite le soutenir dans sa vieillesse. Au sujet de la mère, c’est un peu plus concis, il est vrai, mais on retrouve le fait de la glorifier. De plus, il y a cette phrase qu’il me plaît de relire : « celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère ». Comment l’interpréter ? Celui qui fait ce qui plaît au Seigneur ne peut que donner satisfaction à sa mère. Celui qui est bon fait du bien à sa mère. Une maman disait de son jeune fils qui venait de faire une belle prestation en musique devant des milliers de personnes lors d’une émission télévisée il y a quelques jours : « Ma plus grande fierté c’est la beauté de son cœur ». Au-delà de ses talents musicaux, c’est le désir de son fils de donner du bonheur, de « rendre les gens heureux» qui l’émerveille. Une mère sera toujours heureuse de voir la capacité de son enfant à aimer les autres.
Ce que l’apôtre Paul disait des liens familiaux ne vous aura pas échappé. « Les hommes, aimez votre femme, les enfants, obéissez à vos parents, les parents, n’exaspérez pas vos enfants. » Les relations au sein d’une famille sont primordiales. Qu’il est beau de voir l’amour dans une famille. Quel dommage, quel désastre parfois lorsqu’il y a des divisions, des exclusions.
Voyons maintenant cette Sainte Famille avec Marie et Joseph et leur enfant Jésus. Rembrandt Harmensz van Rijn (1606-1669) : Fuite en Égypte (1625)
Quand on voit cette photo, on est loin de la famille installée au salon au coin d’un feu. Ils sont dehors, dans la nuit. Non, ils ne partent pas en vacances, ils sont en fuite. Le premier songe qu’avait eu Joseph était un appel à la confiance : « Ne crains pas». Le second songe est tout autre, c’est un véritable message d’alerte : « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et fuis en Égypte ». Cet exil est obligatoire : leur bébé, Jésus, est menacé de mort par le roi Hérode ! Comment ne pas faire le rapprochement aujourd’hui avec les exilés qui fuient leur pays pour sauver leur vie? C’est souvent aussi dans la nuit qu’ils tentent leur chance.
À travers Joseph, on peut reconnaître chaque migrant en exil.
On ne distingue pas son visage, ni sa couleur de peau. Il peut être chaque migrant, chaque exilé. On entend parfois des absurdités à leur sujet. L’un des premiers droits pour toute personne serait que chacun ait cette possibilité de vivre dans le pays qui l’a vu naître.
Marie, Joseph et l’enfant Jésus n’apparaissent pas dans leur plus beau jour, ils n’ont pas de visage rayonnant bien qu’ils soient éclairés d’une lumière.
Joseph, tournant la tête vers Marie et l’enfant, semble vouloir les réconforter, les rassurer. Voilà ce qui les rend beaux et saints.
Le seul œil ouvert que l’on voit est celui du cheval. Son regard nous invite à voir la situation de la Sainte Famille dans sa fuite en Égypte.
Puisse cette peinture nous rendre sensible à la situation des exilés. Essayons, au niveau de l’humanité, de former une sainte famille où règne l’entraide, la justice et l’amour.
Amen