Sel de la terre et lumière du monde
Homélie à Sainte Barbe
Dans une société où les croyants sont minoritaires, nous pouvons, en quelque sorte, toute proportion gardée, nous considérer comme des disciples.
Ce que Jésus disait dans l’Évangile, nous pouvons donc l’entendre pour nous : « Vous êtes le sel de la terre ». Eh bien, quel honneur ! Mais ce n’est pas tout : « Vous êtes la lumière du monde ». Alors là, attention aux chevilles qui gonflent !
Mais plus qu’un honneur ou la gloriole, c’est à la responsabilité que nous sommes appelés :
« Si le sel devient fade, il ne vaut plus rien »
« Que votre lumière brille devant les hommes ».
Il ne s’agit pas d’être un héROS mais un héRAUT, c’est à dire un messager. Mais que faut-il faire pour être sel de la terre ? Que faut-il faire pour être lumière du monde ?
Le prophète Isaïe nous invitait bien avant Jésus Christ à partager son pain avec celui qui a faim, à accueillir les pauvres sans abri. Je pense à une personne seule, sans travail, en difficulté. Pourtant, cette même personne en a accueilli une autre qui était dans la rue. Devant mon admiration devant son geste, elle m’a dit : « Je sais ce que c’est, je suis passée par là ». Quelle leçon !
Le prophète Isaïe ajoutait : « Si tu donnes à celui qui a faim, si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres ».
Pour illustrer autrement ce qu’il faut faire, je parlerai d’un homme que le pape Benoit XVI a déclaré
bienheureux : Charles de Foucauld. Il a vécu la dernière partie de sa vie au milieu de musulmans en Algérie. Il a appris leur langue, il a découvert leur culture. Il voulait être un signe au milieu de cette population Touareg habitant le Sahara. Plutôt que de convaincre par des discours, il a voulu témoigner par sa vie même. Il a dit : « Je voudrais être assez bon pour qu’on dise « Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître ? » ».
Charles de Foucauld a fait beaucoup pour la population.
« En me voyant, on doit dire « Puisque cet homme est bon, sa religion doit être bonne. »
Voilà comment à sa manière, il a voulu être « lumière du monde » et « sel de la terre ».
On peut aujourd’hui encore s’inspirer de sa méthode : témoigner par notre façon d’être, d’agir, de prier, de servir. Par son respect et son amour de tous, Charles de Foucauld se voulait être un « frère universel ».
Permettez-moi d’évoquer une autre personne que beaucoup d’entre vous ont connu : l’abbé Michel Becquart.
Investi dans la Fraternité de Charles de Foucauld, Michel a aussi, par sa proximité avec les gens des cités, par ses liens avec les musulmans, été « lumière du monde ». Quand il était arrivé sur Libercourt, il avait rendu visite à des familles, dont plusieurs étaient musulmanes.
Permettez moi de dire que, même si Michel n’avait pas le « prestige du langage », sa simplicité, son authenticité, ont marqué beaucoup de gens. Après son décès, une association « Les amis de Michel »s’est créée, pour continuer ce qu’il avait commencé.
Essayons chacun de briller, non par nos absences, ni même par « le prestige de langage » comme le disait l’apôtre Paul, mais par notre écoute, notre disponibilité, notre esprit de service.
Oui, c’est ainsi que nous pouvons être « sel de la terre » et « lumière du monde ».
Amen.