Le gérant malhonnête

Homélie du 6.11.20 - Lc 16,1-8

 

 

          252068472 252068472    Comme le père de l'enfant prodigue, comme le maître de maison qui part en voyage ou celui qui cherche des ouvriers, l'homme riche de la parabole représente Dieu. L’homme est ce gérant du domaine auquel Dieu a confié la création.

 

            Cet Évangile nous invite alors à nous interroger sur notre rapport vis à vis de nos richesses, de nos biens. Au début du récit, le maître convoque son gérant et le renvoie car celui-ci a dilapidé ses biens. Les biens du maître ce sont des terres, des produits de l'élevage ou de l’agriculture, des barils d'huile..., les biens de Dieu ce sont les grâces, les charismes qu'il nous donne (et qui sont bien plus précieux).

 

           Ces dons, ces grâces reçus doivent être utilisés à bon escient : ni enfouis comme dans la parabole des talents, ni gaspillés comme dans cette parabole. Car nous ne sommes pas propriétaires des œuvres de la création. Par grâce de Dieu, nous en sommes les gérants, mais seulement les gérants. Mais l’Écriture nous le dit, nous aurons à rendre compte de notre gestion. « Qu'est-ce que j'apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion ».

 

          Affairé sans rien faire quand il était au service de son maître, le gérant une fois démasqué se retrouve bien dépourvu. Lui qui ne sait rien faire, que va t-il devenir ? En libérant les dettes des créanciers de son maître, il cherche des amis. Peut-être espère-t-il aussi se donner bonne conscience ? Croit-il accomplir un acte de charité ? Non car il vole son maître et il n'est pas permis de faire le mal même en vue du bien.

 

         Alors ne nous méprenons pas sur la signification des louanges du maître à l'égard de son gérant. Certes, il reconnaît la cohérence de vie, l'habileté de son gérant et en cela le maître, semblerait être magnanime. Mais en ne le reprenant pas à son service, il confirme qu'il désapprouve ces actes qui le volent.

 

       Comme le dit saint Paul dans la première lecture, ceux qui sont des ennemis « de la croix du Christ (...) vont à leur perte. » La sanction est terrible : celui qui ne pense « qu'à son ventre » sera exclu du domaine c'est-à-dire du royaume de Dieu. Oui, il nous faut sans cesse nous rappeler que nos biens matériels, intellectuels et spirituels nous sont donnés pour faire grandir le royaume de Dieu. Le problème n'est pas d'avoir une grande fortune : heureux le riche qui sait partager. Les biens sont des moyens et non une fin en soi.

 

         En cette période, alors que la liberté de consommer est plus respectée que celle du culte et que l'argent, plus immatériel que jamais, apparaît sous forme de dizaines de milliards, il est fondamental de se souvenir que nous ne sommes pas propriétaires des biens de la création qui nous a été confiée. Il nous faut user de la banque des biens terrestres avec parcimonie, en pensant au droit des générations futures, au droit des plus pauvres.

 

          Avec Thérèse de l'Enfant Jésus, jouons à la banque de l'amour, seule celle-ci est à consommer sans modération

 

Christophe, diacre