Soyons veilleurs
Homélie 1er décembre , premier dimanche de l'Avent
Lors du départ d’une course, tous les concurrents sont aux aguets du signal de départ, prêts à foncer, à mettre la gomme ! On imagine mal de voir sur la ligne de départ un sportif en train de se rouler une cigarette, de se tailler la barbe ou refaire son maquillage. Il manquerait alors le départ et raterait sa course.
En ce premier dimanche de l’Avent, nous sommes invités à nous mettre sur la ligne de départ, à nous tenir prêt à accueillir l’événement de la venue de Jésus. Il ne s’agit pas de se lancer tête baissée dans les rayons au volant d’un caddie mais de s’apprêter au mieux, à laisser place à celui qui vient.
C’est le temps de l’attente. Quoi ? Le temps de l’attente ! Mais on n’a pas le temps d’attendre ! Nous savons tous, même si nous en sommes surpris parfois, à quel point le temps passe vite, trop vite. Mais pourquoi passe-t-il si vite ? Peut-être tout simplement parce que nous ne savons pas nous arrêter, nous poser. Nous sommes trop souvent dans l’immédiateté, pris par le tourbillon de la vie.
L’existence est à vivre, à savourer, elle n’est pas à subir comme une frénésie.
Nous avons quatre semaines devant nous pour « prendre le temps » et non se laisser emporter par lui. Ce temps de l’Avent est l’occasion pour tous de trouver un sens à sa vie.
« Pourquoi je vis, pourquoi je meurs, pourquoi je ris, pourquoi je pleure ? » se demandait le « terrien en détresse » de Balavoine.
Le « pourquoi » peut s’écrire aussi en deux mots : pour quoi. Je vis pour quoi ? pour qui ?
Jésus dans l’évangile faisait remarquer qu’avant le déluge « on mangeait, on buvait, on prenait femme et mari », dénonçant par là une certaine insouciance, un manque d’attention : « les gens ne se sont doutés de rien ». Ce même reproche est fait parfois pour dénoncer le manque de vigilance pour protéger la planète. Face à un certain « laisser aller » sur de graves sujets impactant la famille et la société, certains continuent de se douter de rien.
Il est temps de retrouver du sens, de veiller au devenir de l’humanité. L’insouciance se situe aussi dans le manque de transmission de la foi chrétienne, d’où le constat de plus en plus fréquent d’une grande méconnaissance même de choses qui nous paraissent élémentaires.
Se tenir prêt suppose un désir, une attente, une espérance. Voilà ce qu’il nous faut retrouver et creuser.
Alors, d’accord pour se mettre sur la ligne de départ ? 4, 3, 2, 1, Veillez !
Abbé Jean-Marie