Tenez-vous prêts

homélie du 1er dimanche de l'Avent -1er décembre 2013

 

1er dimanche de l’avent A

Lens, le 1er décembre 2013

Tenez-vous prêts

Dans la lecture du livre d’Isaïe que nous venons d’entendre, il y avait cette phrase : « Toutes les nations afflueront vers elle, des peuples nombreux se mettront en marche ». L’image projetée sur le mur nous montre un peuple en marche. C’est un peuple joyeux. Peut-être que les personnages du tableau sont en train de célébrer la Sainte Barbe ?! Plus sérieusement, ce dessin est le support que nous allons utiliser tout au long de temps de l’Avent, et même encore après. Nous n’avons ici qu’une partie du tableau, seulement le fond. De dimanche en dimanche, il nous sera dévoilé et nous le découvrirons entièrement le jour de l’Epiphanie. Ce jour-là, nous vous remettrons ce document (montrer le tract du Synode). Il s’agit de la présentation du Synode Provincial.

De quoi s’agit-il ? Les évêques de la province du Nord, c’est-à-dire des diocèses de Lille, Arras et Cambrai, mettent en route une grande consultation afin de réfléchir à l’avenir des paroisses. Comment faut-il les organiser ? Qui doit les animer ? Quelles missions les paroisses doivent-elles remplir ? Comment vivre une vraie proximité ? Quels liens avec les mairies, les associations ? Comment faire vivre des animations pastorales dans les clochers les plus éloignés ? Comment gérer le grand âge des assemblées ? Quelles priorités faut-il mettre en place pour les jeunes ? Comment faire avec beaucoup moins de prêtres dans les prochaines années ? Comment accompagner les nombreux catéchumènes ? Etc. Vous voyez les questions sont nombreuses. Nos évêques aussi érudits soient-ils ont besoin de l’avis de tous les chrétiens. Le jour de l’Epiphanie, vous recevrez donc ce document et vous serez invités à répondre à l’une ou l’autre question. Vous le ferez individuellement ou en groupe. Durant les deux prochaines années, les réponses seront lues, étudiées. En 2015, l’assemblée synodale, composée de 200 membres des trois diocèses, votera les orientations pour que nos paroisses vivent le mieux possible leurs missions pastorales. Nous aurons le temps d’y revenir tout au long des prochaines semaines. Simplement, vous comprenez bien qu’il y a beaucoup d’enjeux et qu’il faut aussi porter ce Synode dans notre prière.

Pour illustrer le Synode, les évêques ont choisi ce tableau. Que voyons-nous sur la partie du fond ? Je vous laisse le regarder. On y voit des personnages qui marchent. Ils ont l’air joyeux. On dirait qu’ils chantent ou qu’ils crient. Les couleurs sont chaudes. De l’orange dans le ciel, comme un lever de soleil, et des personnages aux vêtements multicolores : un bleu, un rouge, un vert, un blanc, et même un petit jaune… Les personnes sont différentes mais elles sont unies par la joie. Une main tendue vers le ciel dit l’extase de toute la foule. A côté, une phrase nous invite à une attitude : « Tenez-vous prêts ! ».

Tenez-vous donc prêts à répondre aux questions des évêques. Commencez à y réfléchir. Discutez-en avec vos familles, vos amis, vos proches. Plus la consultation rejoindra des gens différents, plus le sondage sera intéressant. Alors oui, dès maintenant, faites en sorte qu’il y ait des messieurs bleus, des mesdames blanches, des enfants rouges, des couples de jeunes mariés verts, des personnes malades ou isolées marron, des gens de tous âges et de toutes conditions. Demandez autour de vous ce que doivent devenir nos paroisses. Oui, préparez-vous à répondre. Tenez-vous prêts pour que les avis du plus grand nombre soient entendus !

Mais ce « Tenez-vous prêts » n’est pas qu’une exhortation pour l’avenir de nos communautés. « Tenez-vous prêts » maintenant car un événement se prépare. Un évènement bien plus essentiel. Un événement dont nul ne peut mesurer l’importance. Tenez-vous prêts car Dieu vient visiter la terre ! Le Tout-Autre vient partager la condition humaine. Il vient prendre visage, se faire l’un de nous. Tellement semblable que nous pourrions ne pas le reconnaître. Dieu va venir sous les traits d’un enfant, d’un pauvre, d’un exilé. Dieu va se faire Rom ou Sub-Saharien. Dieu va se faire dernier parmi nous, sans maison, sans rien. « Tenez-vous prêts » parce que vous pourriez être trompés par des discours qui empêchent l’accueil de Dieu.

Oui, « Tenez-vous prêts », « Tenons-nous prêts » pour que Noël que nous allons fêter ne soit pas un parjure ! Comment tolérer la course aux gadgets quand on sait que la banque alimentaire n’a plus assez de subventions pour aider les associations caritatives ? Noël n’est pas la fête du luxe et de la sur-méga-poly-consommation. Noël, que ça plaise ou non, est la fête des humbles. « Tenons-nous prêts » pour la fêter humblement. Réfléchissons à nos comportements. Noël, la venue de Dieu parmi nous, c’est la qualité d’un sourire et d’une poignée de main plutôt qu’un propos déplacé, voire raciste, lors d’un repas autour de la dinde et de l’énorme bûche au chocolat. « Tenons-nous prêts » pour le dire car il y a des violences qui montent et qu’il faut freiner. « Tenez-vous prêts » à oser des paroles qui vont à contre-courant des idéologies méchantes. « Tenez-vous prêts » à assumer votre rôle de disciples du Christ dans ce monde moderne et beau mais trop souvent avide de pouvoir. Soyez prêts à perdre l’estime de l’un ou l’autre proche, ou de vos responsables parce que vous aurez dit que vous croyez en Dieu visible dans le visage des pauvres. Parce que vous aurez pris parti pour celui dont on se moque. Oui « Tenez-vous prêts » parce qu’il y a un combat d’amour à livrer. Paul écrit aux Romains : « C’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la lumière. » L’heure approche où il faudra prendre position pour les faibles. Pour le Dieu de la crèche. Le Dieu nu, fragile, grelottant.

Oui, il faut réfléchir à l’avenir de nos paroisses. Oui il faut fêter Noël… Bien sûr qu’il faut faire la fête autour de l’évènement de Noël. Mais dans les deux cas, il faut remettre le Christ au centre. De qui voulons-nous témoigner ? Quel est le message ? Il ne servirait à rien d’avoir des églises pleines à craquer le soir ou à minuit le 24 décembre si d’ici là nous n’avons pas pris le chemin de la conversion. Ce chemin est un chemin joyeux. Il se prend en Eglise, en peuple. Nous avançons au rythme des frères et sœurs les plus fatigués, les plus oubliés. A quoi bon aller à la crèche si nous sommes seuls, empêtrés par nos soi-disant richesses ?

Mes amis, beaucoup parmi vous sont investis dans des services de solidarité, dans des associations. Les anciens mineurs, c’est bien connu, ont un sens aigu de la solidarité. Vous savez le bonheur que vous recevez en accompagnant les plus fragiles. Vous expérimentez vos propres faiblesses, vos manques de patience. Vous savez vos limites. Mais vous découvrez la force de la fraternité, la beauté et le poids des paroles toutes simples, les « merci », les « pardon », les « On va y arriver !». Mes amis, dites au monde ce que vous voyez et entendez lorsque des hommes et des femmes aidés deviennent des aidants. Hurlez au monde le cri de la Bonne Nouvelle du Salut. Témoignez que le sens de la vie, c’est l’amitié, la fraternité, la proximité. Trop souvent le bien que vous faites n’est pas assez connu. Cessez d’être timides par peur d’être orgueilleux. Dites ce que vous voyez et ce que vous faites de bien. C’est le moment de révéler au monde combien des hommes et des femmes agissent pour le bien. Sans chercher à être le centre des propos et des considérations, donnez envie d’être courageux. Osez montrer combien l’amour bouleverse tout. Qu’il n’y a de morosité ambiante que lorsque l’on ne croit plus aux capacités des hommes. Jouez votre rôle d’électrochoc pour le monde, réveillez-le. Usez de vos savoir-faire, de vos savoir-être pour transformer le quotidien des malades et des oubliés. Demandez-leur un service. Regardez-les avec les yeux de l’amour et non de la pitié. Aimez. Aimez. Osez aimer envers et contre tout !

« Tenez-vous prêts », « Tenons-nous prêts » mes amis. Dieu approche à pas discrets. Il est là tout près. «Tenons-nous prêts » pour le tout près !

Abbé Xavier

 

Article publié par Chantal Erouart - • Publié • 2882 visites