Nourrir d'amour

Homélie du 24 mai 2014 - 1ère eucharistie école Sainte Thérèse

Lens, samedi 24 mai 2014

1ère eucharistie de l’école Sainte Thérèse

 

 

Nourrir d’amour !

 

      Mes amis, qu’est-ce qui vous a nourri aujourd’hui ? Je ne vous demande pas  ce que vous avez mangé ce midi… Je ne vous parle des aliments qui sont nécessaires à la croissance de l’organisme humain, au bien-être du corps. Encore que… Mais j’y reviendrai plus tard. Je vous repose ma question en la précisant davantage : Qu’est-ce qui a nourri votre esprit, votre intelligence, votre cœur aujourd’hui ? Je vous le demande à vous les enfants et à chacun. Prenons quelques instants pour y réfléchir… Qu’est-ce qui m’a nourri aujourd’hui, dans mon intelligence, mon âme, mon cœur.

 

Peut-être un cours de solfège qui vous a mieux fait entrer dans le mystère de la musique. Avec les croches, les silences, les dièses ou les bémols, vous avez mieux saisi les milliards de combinaisons réalisables. Et donc l’insondable champ des possibles pour écrire de nouvelles mélodies. Peut-être des exercices de mathématiques que vous avez faits tout à l’heure avec papa ou quelqu’un d’autre, et qui vous aident à mieux comprendre la logique du monde, son organisation, le pourquoi des choses… Ou peut-être le cadeau que vous avez acheté pour la fête des mères, ce cadeau qui vous met en joie déjà maintenant. La surprise. Vous savez que vous allez faire plaisir à votre maman, à votre épouse, en lui offrant ce dessin, ce parfum, ce foulard, ce petit quelque chose dont elle rêve depuis bien longtemps. La joie d’offrir, la joie de la surprise fait grandir votre cœur…

 

Mes amis, il y a certainement beaucoup d’autres choses qui ont nourri votre esprit, votre être aujourd’hui. Le service que vous avez rendu, le regard que quelqu’un a posé sur vous, la poignée de main d’un ami, le câlin de votre enfant, le pardon que vous n’attendiez plus, le sourire de mamie, le souvenir furtif de la parole d’un proche disparu, le merci que vous avez reçu de la part de cet inconnu à qui vous ouvriez la porte du magasin… Tant et tant de petites choses. Tant et tant de petits miracles quotidiens… Aujourd’hui.

 

Vous venez ce soir à l’église avec ce bouquet d’événements. Vous venez jusqu’à l’autel pour offrir (ou plutôt pour rendre) à Dieu tout ce qui enrichit votre vie, tout ce qui vous nourrit physiquement, intellectuellement et spirituellement. C’est comme si vous veniez déposer des plats de nourriture sur la grande table qui est là, sauf qu’il ne s’agit pas de légumes ou de viande… Les plats que vous amenez sont des mets bien plus raffinés, ce sont des rencontres, des gestes, des paroles qui font grandir l’humanité. Ce sont toutes les attitudes qui élèvent l’âme de ceux qui les donnent et de ceux qui les reçoivent.

 

Pour signifier cela, Jésus a eu une idée géniale ! Il a justement pris les symboles de la nourriture : le pain et le vin. Deux aliments tout simples que l’on retrouve dans toutes les cultures, et dans toutes les époques. Deux aliments universels. Le pain c’est aussi la nourriture des plus pauvres. Quand on n’a rien à manger, on grignote le reste d’un croûton de pain. Et voilà que Jésus dit à propos de ce pain : « Ceci est son corps »… Dans ce morceau de pain, il y a toutes nos nourritures spirituelles, nos rencontres, nos joies, nos peines, nos passions, nos projets… Tout, toute notre vie. Tout est là parce que Jésus prend sur lui la vie de ceux qui se confient à lui. Jésus s’est approprié tout ce que nous lui avons offert, et il en a fait son corps.

 

Il en a fait son corps ! Rappelons-nous ce que faisait le corps de Jésus, il y a deux mille ans. Quand Jésus marchait à travers la Palestine, il rencontrait des personnes malades et il les soignait. Il rencontrait des personnes dont la réputation n’était pas des plus jolies et il leur pardonnait. Avec son corps, il allait à la rencontre des gens et il leur apportait une bonne nouvelle. Il leur faisait confiance. Grâce à son corps, il pouvait dire des paroles de paix, imposer les mains, pour soulager, pour rassurer. Avec son corps, il écoutait et aussi il relevait les gens… Tout ce que faisait Jésus avec son corps, c’était de l’AMOUR. Que ça ! De l’amour. Tout son corps montrait l’amour absolu. D’ailleurs dans l’Evangile, il y a ce petit passage, une phrase très belle : « Il les aima jusqu’à l’extrême ». Jésus aima ses amis jusqu’à l’extrême. Et l’extrême, c’est la croix. Jusque là. Il a tout donné. Tout son corps, toute sa personne, pour aimer tout le monde, et même mes ennemis.

 

Et voilà que le pain qui sera amené tout à l’heure va devenir le corps de Jésus, aujourd’hui. Tout ce qui a nourri notre vie, tout ce qui fait notre vie, devient le corps de Jésus-Christ. Est-ce que nous nous rendons réellement compte de ce qui se passe ici ce soir, et à chaque fois qu’est célébrée une messe ? Avons-nous idée des conséquences de cette idée folle de Jésus ? Mes amis, lorsque nous communions, lorsque nous mangeons l’hostie consacrée, nous sommes configurés à Jésus-Christ. Cela signifie que nous sommes comme Jésus. Nous agissons comme Jésus. Nous aimons comme Jésus. Comme-union, comme-unis à Jésus. Comme Lui. Toute notre vie, le plus petit instant, le moindre geste, tout est sanctifié… Tout notre vécu prend une autre dimension, céleste. Tout est offert à Dieu qui est l’éternel amour, la source de tout amour, et tout est transformé. Si nous offrons notre vie à Jésus, et c’est ce que vous faites, pour qu’il en fasse son corps, toute notre existence devient sainte. Nous devenons meilleurs, parce que plus ancrés dans le cœur de Dieu.

 

Mais attention, ne nous faisons pas d’illusion. Une vie sainte, une vie de communion, n’est pas une vie sans défaut, sans erreur ou sans péché. Seuls Jésus et sa Mère, Marie, ont connu cette grâce de ne jamais pécher… Mais justement, en cherchant à nous unir à Jésus, en voulant lui confier notre vie, nous voyons mieux les instants où nous n’avons pas été en cohérence, où nous n’avons pas été justes, fidèles. L’Evangile que nous venons de lire à l’instant dit la même chose, mais de façon positive. Jésus dit : « Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui. ».

 

Alors mes amis, regardez avec joie le bonheur que vous apporte la fidélité. Regardez l’œuvre de l’Esprit Saint en vous dans vos fidélités. Vous êtes, par exemple, engagé dans l’école en tant que parent d’élèves et vous organisez des événements pour que vos enfants aient des matériaux adéquats à leur enseignement. Et vous êtes fidèle à votre engagement. Vous êtes engagé en Eglise et vous accompagnez des personnes dans les événements heureux ou malheureux de leur vie. Et vous êtes fidèle aux personnes. Vous êtes engagé envers votre conjoint et vous êtes attentif à ses besoins, toujours, toujours... Vous êtes, qui sait, engagé dans un club de théâtre et, loin d’avoir le plus grand rôle, vous êtes présent à chaque représentation. Dans chacune de ces fidélités, vous témoignez de la fidélité du Christ envers nous, du Christ envers son Père. Vous êtes le corps du Christ aujourd’hui !

 

En nous souvenant de tout ce qui nous a nourri aujourd’hui, ou hier ou un autre jour, en faisant mémoire du pain quotidien, nous rendons grâce à Dieu qui fait de nous, pour le monde, le corps de Jésus. A sa suite, nous engageons notre fidélité pour un plus grand service du monde, avec l’aide de l’Esprit Saint, le défenseur, celui qui nous donne la force. Il nous rend plus proches des gens qui sont en situation de pauvreté, proches des souffrants, proches des égarés. Non pas pour les juger mais pour les aimer. Nourris du pain sacré du ciel, nous ne pouvons que choisir d’aimer plus intensément, plus véritablement. Nous ne pouvons pas garder pour nous la bonne nouvelle de l’Eucharistie. Nourris par l’amour, nous voulons nourrir le monde d’amour. Nous donnerons notre vie pour le bien d’un plus grand nombre. Nous le ferons modestement, sans bruit, sans tambour… Dans la simplicité de nos chaumières, de nos écoles… oui, nous aimerons fidèlement, absolument, en vérité. Avec la grâce de Dieu qui sait passer par nos faiblesses, et avec le soutien de tous nos frères.

 

Mes amis, et vous particulièrement les enfants, vous qui êtes déjà grands dans la foi, il est temps pour nous de « nourrir d’amour » ! Ensemble, nourrissons le monde qui a faim de Dieu !

 

Abbé Xavier

Article publié par Chantal Erouart - • Publié • 2303 visites