En résumé
Mariage de Odile et Maxime à Saint Léger
Mariage de Odile et Maxime
Lens, église Saint-Léger
Samedi 18 mars 2017
En résumé
Xavier : Odile et Maxime, ce qui importe c’est que vous soyez heureux !... Voilà, c’est fini !
Albert : Certes c’est bien ce que nous souhaitons à Odile et Maxime. Et c’est sans doute ce que Dieu souhaite aussi pour eux, et pour chacun d’ailleurs.. Mais là, c’est peut-être un peu trop résumé... Tu ne voudrais pas détailler un peu plus ce souhait de bonheur ?
Xavier : Pour une fois que j’avais fait court ! Bon, eh bien tu l’auras voulu Albert... Comment dire ?... Odile et Maxime, le bonheur que nous vous souhaitons, que tous nous vous souhaitons, dépend de plusieurs éléments.
Premièrement, votre bonheur dépend de votre foi en Dieu. Le Christ est le socle. Priez-le. Tous les jours. Priez-le intensément. Priez-le pour votre couple, pour qu’ensemble, vous formiez réellement l’image de Dieu : « Homme et femme il les créa, à l’image de Dieu, il les créa. » (Gn 1, 27) C’est ce que dit le livre de la Genèse. Maxime, prie le Christ pour Odile. Odile, prie le Christ pour Maxime. Ensemble, priez-le pour votre famille. Pour les enfants que vous souhaitez. Pour vos parents, et pour tous les membres de vos familles. Priez, et communiez. Autant de fois qu’il vous est possible, recevez le Corps du Christ. Buvez à la coupe de l’Alliance entre le ciel et la terre. Lisez, relisez, méditez la Parole de Dieu. Seul, à deux, avec une cellule d’Eglise, un mouvement, un groupe... Oui d’abord et avant tout, remettez vos vies dans les mains de Dieu, celui qui vous a créés pour la joie et la vie. Pour le bonheur et la paix. Priez-le aussi par l’intercession de la Vierge Marie. Confiez-vous et confiez le monde à sa docilité.
Deuxièmement, aimez-vous. Cela paraît évident de le dire. Ce n’est pas simple à faire. Je vous dis bien de vous aimer. Pas de vous apprécier. Pas d’avoir de jolis sentiments. Aimez-vous jusqu’à l’offrande de vous-mêmes. Vous êtes devant l’autel, parce que vous devez aimer comme le Christ aime l’Eglise. Il s’offre à elle pour qu’elle vive de son Esprit. Il donne sa vie pour qu’elle soit immortelle ! Il n’y a pas de véritable amour sans sacrifice, sans oblation de soi pour l’aimé. L’amour brûle le cœur. L’amour coûte. L’amour n’est pas l’amour s’il n’est pas dépassement, lutte permanente contre les ombres intérieures de notre humanité : l’égoïsme ou orgueil. Jour après jour, aimez-vous dans la lutte contre le narcissisme et le besoin de reconnaissance. « L’amour est un feu dévorant » dit le Cantique des cantiques. Mais il ne détruit pas. Il est un buisson ardent qui interpelle et stimule, transforme et envoie celle ou celui qui s’en approche. Soyez de cette flamme ardente qui ne s’éteint jamais. « L’amour ne cherche pas son intérêt. » (1 Co 13, 5) L’amour est gratuit. Il se donne sans compter. Souvenez-vous de cette phrase de Saint Augustin : « La mesure de l’amour est d’aimer sans mesure ! »
Alors oui, et ce sera mon troisièmement... Qu’il y ait de la tendresse et des sentiments. De la douceur et des baisers. Des bouquets de roses. Beaucoup de roses ! Et aussi des moments d’intimité, des promenades et des secrets. Des confidences. Des demandes humbles, des appels au secours. Ne restez jamais enfermés dans un silence. Parlez. Parlez beaucoup. De tout. Jamais de rien. Parlez de la beauté de la nature. De votre travail. Des questions de société. De Dieu. De la musique et de votre prochaine visite au musée. Parlez de ce qui vous fait mal. De ce qui vous plaît. Soyez l’un pour l’autre des pipelettes capables de discerner l’amour ineffable dans chacun des mots échangés. Et, quel paradoxe, sachez aussi profiter du silence. Non pas des silences creux de ceux qui n’ont plus rien à échanger, mais le silence riche d’une autre présence. Le silence assourdissant de l’amour qui envahit tout, qui submerge, prend le cœur et transforme le corps en une émotion absolue. Laissez-vous saisir par le silence du regard aimant. Les yeux de la franchise. Et la beauté du regard. Soyez l’un pour l’autre, des êtres de lumière.
Albert, tu l’auras voulu, je continue... Il y a un quatrièmement. C’est le pardon et la confiance. C’est la liberté et la fidélité. C’est l’humilité et le service. Il n’y a pas de bonheur sans la mise en œuvre de l’enseignement du Christ. Dans l’Evangile que vous avez choisi, on a entendu combien il pouvait être difficile de grandir et porter du fruit. Ce ne sont pas les difficultés qui manquent pour entraver la croissance. Soyez une bonne terre pour « porter du fruit à raison de trente, soixante, cent pour un ! » (Mc 4, 20) Oui, soyez généreux, fructueux. Que votre couple produise de la vie. Les enfants en seront le signe. Vous leur donnerez le juste nécessaire dans l’ordre matériel. Par contre vous leur donnerez un surplus d’amour. Vous les comblerez de spiritualité et les gâterez du sens de l’altérité. Vous les éduquerez pour qu’ils deviennent des artisans de paix, des consolateurs, des artistes de la joie, les frères d’une humanité sans frontière. Les fruits seront aussi vos œuvres en dehors de la maison. Vos engagements dans la société et dans l’Eglise. Surtout dans la société, et surtout auprès des plus démunis. Sans condescendance. Avec une infinie humilité, vous vous ferez pauvres de cœur pour accueillir et servir, et vous laisser servir en vous laissant accueillir par les hommes et les femmes tellement blessés par la vie, celles et ceux qui n’ont jamais été aimés. Vous les aimerez. Sinon vous ne serez jamais heureux de ce bonheur que l’Eglise souhaite à chacun de ses enfants.
Voici mon cinquièmement. Vous serez joyeux. Vous rirez. Des blagues, des astuces. Des petites misères. Du caractère de l’autre. Vous rirez avec les amis. En jouant avec les enfants. Vous redécouvrirez la joie de l’enfance. « Le Royaume de cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. » (Mc 10, 14) Il ne s’agit pas de vous infantiliser. Vous devez être solides et matures au milieu d’un monde qui a besoin d’hommes et de femmes enracinés dans des valeurs et non dans des certitudes. Mais, tout en étant adultes, vous agirez sans vous prendre au sérieux. Vous rirez de vous-mêmes, de vos étourderies, de vos limites. De votre santé. De vos pauvretés. Vous aurez la joie de Saint François lorsqu’il rit sous la pluie et le vent glacé. Vous rirez et votre rire déplacera les montagnes, les pires fatigues. Vous n’aurez peur de rien, parce que votre force sera votre humour partagé. Et vous rencontrer sera une source apaisante pour chacun.
Je vous souhaite le bonheur. Ce n’est pas une phrase en l’air, dite à la va vite. Un souhait de circonstance. Personne n’en a rien à faire des vœux pieux. Je vous souhaite, nous vous souhaitons, le bonheur. C’est-à-dire que l’on veut que vous fassiez de votre vie à deux, quelque chose de beau, de grand. Que vous marquiez votre passage dans l’histoire des hommes en accomplissant une œuvre aussi humble que rayonnante. Non au bonheur de pacotilles ! Oui à la vie et à l’engagement. Oui à la créativité. Oui comme le oui de ce jour. De tous les jours. Oui confiant et ouvert à l’inconnu. Oui à Dieu. Oui au bonheur de se laisser porter par la Providence.
Albert : Hum, hum... On va peut-être quand même s’arrêter là, parce que l’heure tourne et puis... il y a encore autre chose.
Xavier : Dommage, j’ai encore tellement de choses à dire. Mais tu as raison, Albert, il est temps de passer à l’essentiel et d’entendre le oui joyeux du bonheur. Albert, tu veux bien résumer avec moi tout ce long souhait et dire ensemble…
Albert et Xavier : En résumé, ce qui nous importe c’est que vous soyez heureux !
Amen.
Abbé Xavier