Célébrer une messe à Saint Edouard

Messe pour la Paix-Messe de l'Immaculée Conception - ouverture de l'année de la Miséricorde

Mardi 8 décembre 2015

Messe pour la paix,

Fête de l’Immaculée Conception

Ouverture de l’année de la miséricorde

 

Célébrer une messe à Saint Edouard

 

Merci d’être venus célébrer cette messe pour la paix dans cette église. Le monde en a tellement besoin ! Le monde et nos familles, notre Eglise, nous-mêmes. Il y a tellement de conflits. Tellement de personnes et de peuples abîmés par toutes les formes de violence. Ce soir, nous célébrons la paix. Pas n’importe quelle paix : la paix que le Christ nous donne. La paix que Marie, l’Immaculée Conception, portait dans sa chair, dans son cœur. Aujourd’hui, nous inaugurons aussi le jubilé de la Miséricorde. Le pape François a souhaité que, durant toute l’année, nous redécouvrions la images images  miséricorde divine, la bonté, la patience de Dieu pour chacun. Tout est lié : la paix du Christ, la tendresse maternelle de la Vierge Marie, et l’amour infini du Père. Ce soir, nous recevons ces dons du Ciel pour mieux habiter et servir notre terre.

 

Mais avant de redécouvrir la force et la beauté de chacun de ces trois cadeaux, laissez-moi redire un mot quant à notre présence dans cette église ce soir. Nous aimons le quartier Saint-Edouard, autant que tous autres les quartiers de Lens. Nous aimons la population qui habite ici. C’est pour dire notre amour à cette population que nous sommes tous venus célébrer la messe dans cette jolie église. Quand on aime quelqu’un, on ne l’abandonne pas. On l’accompagne. Le quartier Saint-Edouard est en grande transformation. Des centaines de maisons sont en rénovation. Le centre social, juste à côté, propose une multitude d’activités (ateliers de couture ou de cuisine, soutien scolaire, sorties, spectacles…). Il y a de la vie dans ce quartier. C’est vrai, la plupart des personnes sont confrontées à la pauvreté, à la question du chômage, à la solitude. Ces difficultés engendrent des peurs. Ce soir, nous venons célébrer la messe dans cette cité pour dire à chacun que la paix, la tendresse et l’amour de Dieu sont offerts à tous et que ces cadeaux sauvent le monde.

 

Mais nous n’avons pas le droit de le dire qu’avec des mots. Il nous faut poser des actes. Certains le font depuis longtemps. Si nous aimons, nous devons le signifier. Un des moyens pour montrer notre affection, notre amour, est la maison du presbytère. Longtemps habitée par des religieuses, puis par un couple chrétien généreux, cette maison doit rester la preuve de l’amour de l’Eglise pour ce quartier. La maison sera encore le signe que nous aimons. Remarquez que les mots « maison » et « aimons » possèdent les mêmes lettres.

 

Quelles nouvelles propositions doit-on apporter au sein de cette maison pour que le plus grand nombre découvrent combien nous les aimons ? Il ne s’agit pas de proposer ce qui se vit déjà à côté. Il faut travailler en bonne intelligence. Peut-être pourrions-nous aider à faire connaître toutes les activités que la municipalité et les associations proposent. Etre une plate-forme d’information, permettre de bâtir des passerelles. Non pas forcément inventer de nouvelles choses, mais communiquer ce qui favorise le vivre ensemble. Cela nécessite que nous nous tenions informés, que nous soyons à l’affût des moindres propositions. Cela dit, la maison peut porter d’autres projets. Pourquoi pas accueillir des étudiants, ouvrir le jardin aux enfants, animer des ateliers de découverte de la foi et de l’Evangile… Les idées peuvent être diverses et il serait bon que l’une ou l’autre se mette en place au printemps prochain, sachant qu’aux vacances de février, nous voudrions nettoyer, décorer et réaménager la maison. Tout à l’heure, juste après cette messe, nous partagerons un repas convivial avec celles et ceux qui le veulent. Et tous alors pourront donner leur avis quant à l’avenir de la maison.

 

Ce soir, nous célébrons la paix que le Christ apporte au monde. Cette paix se partage. La maison doit être un signe de cette paix. La joie d’être ensemble, d’apprendre à se connaître. La paix que le Christ apporte commence par le désir de rencontrer l’autre. Tout au long de sa vie, Jésus est allé à la rencontre de gens différents : les malades, les exclus, mais aussi les gens des autres tribus ou peuples : les Samaritains, les étrangers de la Décapole… Il a parlé avec chacun. Il a écouté. Et puis il a proposé son message de paix : « Aime ton prochain comme toi-même. » Ce prochain peut être un membre de la famille, un voisin, un collègue. Ce prochain, c’est aussi l’ennemi. La paix qu’apporte Jésus est un message de réconciliation. Jésus n’enferme jamais la personne dans le mal qu’elle a pu faire. Il ne juge pas. Il sauve. Célébrer une messe pour la paix, c’est demander à Jésus de faire de nous des artisans de paix. Que nous agissions comme lui. Que nous ouvrions notre cœur et nos maisons pour que chacun reçoive de l’amitié, de la chaleur, du réconfort. Prier pour la paix, c’est choisir de poser des gestes prophétiques. Quand la société est tentée par le repli sur soi et tous les réflexes ancestraux de fermeture, de violence et de racisme, il nous faut redoubler d’efforts et d’actions pour annoncer qu’un autre monde est possible.

 

Nous sommes le 8 décembre. L’Eglise fête l’Immaculée Conception. L’Eglise fête Marie, la Mère du Christ et notre Mère. Regardons-là. Elle accueille la parole de l’ange et se fait docile à la volonté de Dieu. L’Evangile ne parle pas tellement d’elle. Elle est humble. Elle agit dans la discrétion. A Cana, elle s’adresse aux serviteurs de la noce pour qu’ils fassent tout ce que Jésus leur dira. Au pied de la croix, elle regarde et écoute son fils. Elle accueille Jean le disciple de Jésus et se laisse accueillir par lui, selon la parole de Jésus. Marie fait ce que Jésus lui demande. Celle qui a donné la vie au Christ ne revendique aucun pouvoir sur lui. Au contraire, elle se fait disciple de son propre fils. Cette disponibilité et cette humilité de Marie sont un cadeau pour nous. Fils et filles de l’Eglise, nous recevons la grâce, la tendresse de notre Mère. Elle nous enseigne comment nous mettre au service les uns des autres, sans chercher de reconnaissance. Elle ne donne aucune leçon. Elle ne fait pas la morale. Elle agit en silence. Elle aime. Célébrer la messe dans cette église, ce n’est pas venir apporter un message de morale, une quelconque leçon à qui que ce soit… C’est simplement poser un geste, un baiser d’amour de la part de la Mère de Dieu sur tout un quartier et sa population. C’est affirmer que Marie porte dans son cœur des hommes et des femmes qu’elle chérit de tout son cœur.

 

Nous sommes le 8 décembre et c’est à l’occasion de cette fête mariale que le Saint Père, le pape François, inaugure l’année du jubilé de la Miséricorde. A Rome la Porte du Jubilé va s’ouvrir. Tout au long de l’année, les gens franchiront cette porte et ce sera le signe de leur volonté de conversion, comme si l’on passait d’une pièce à une autre, d’un état à un autre. Pour le dire autrement, le symbole consiste à quitter la froideur du péché pour entrer dans la chaleur du cœur amoureux du Père. Cela nécessite une conversion : celle de quitter le mal et de vouloir faire le bien. Sachant aussi que la porte, c’est le Christ lui-même. « Je suis la porte des brebisSi quelqu’un entre par moi, il sera sauvé.» (Jn 10,7-9) dit Jésus. Bien sûr, tout le monde ne pourra pas aller à Rome. Mais le pape est prévoyant. Il a demandé à tous les évêques du monde de prévoir des lieux symboliques : des portes dans leur diocèse où les fidèles pourront vivre cette démarche. Nous sommes gâtés dans notre diocèse puisque, par souci de proximité, notre évêque a choisi douze endroits, douze c’est l’autre nom de cette cité Saint-Edouard, douze endroits où les fidèles pourront passer la Porte Sainte. Au cours de cette année, nous organiserons sans doute un pèlerinage pour franchir celle de la cathédrale d’Arras. Mais vous comprenez bien que la miséricorde ne se résume pas en un simple passage de porte. La miséricorde est une attitude à adopter. Quand nous lisons l’Evangile, nous découvrons que Dieu est Père. Il ne cesse pas de pardonner. Il guette le retour du fils prodigue. Quand ce fils déguenillé revient après avoir dépensé toute sa fortune dans une vie de désordre, le Père lui met un anneau au doigt, il scelle à nouveau son alliance avec lui, et il le couvre de baisers. Dieu est tendresse. Dieu est douceur. Il n’est pas d’abord un grand juge qui épierait toutes nos actions et nous punirait d’avoir fait le mal. Il fait tout pour que nous évitions de le faire, il nous enseigne par la bouche des prophètes et des saints. Mais si nous nous laissons entraîner par nos penchants mauvais, il vient nous guérir en nous montrant la fidélité de son Fils. La passion, la mort et la résurrection de Jésus sont le signe absolu de l’amour d’un Père qui sauve chacun de ses enfants. Célébrer la messe dans l’église Saint-Edouard, c’est redire à tous les paroissiens, et en particulier aux gens de ce quartier, que Dieu les regarde avec une infinie miséricorde. Il attend de chacun que nous accueillions son immense bonté. Simplement nous laisser atteindre par la puissance de son amour.

 

Chers amis, je ne sais pas comment nous allons témoigner de tout cela à celles et ceux qui ne sont pas présents dans cette église ce soir. Je ne sais pas comment nous allons leur annoncer la paix du Christ, la tendresse de la Vierge et l’amour du Père. Encore une fois, j’espère de tout cœur que la maison paroissiale en sera un moyen. Qu’allons-nous y faire ? Avec qui ? Quand ? Comment ? A ce jour, je n’ai pas de réponse. Nous allons continuer de chercher, ensemble. Mais quoi qu’il en soit, dès maintenant, toutes et tous, nous pouvons prier les uns pour les autres, et aussi oser les paroles et les gestes qui changent les relations entre les hommes. Avec la grâce de Dieu, avec la force de cette communion, humblement, petitement, mais fidèlement, nous nous engageons à tout faire pour favoriser la paix. Que Dieu nous bénisse et nous envoie son Esprit pour faire de nous les témoins de la paix, de la tendresse et de l’amour du Fils, de la Mère, et du Père… De la Sainte Famille céleste.

 

Abbé Xavier