Kerkmisse

Homélie Abbé Xavier du dimanche 4 mai à Saint Edouard

 

Lens, église Saint-Edouard,

Dimanche 4 mai 2014, Kermesse paroissiale

 

Kerkmisse

 

Au fur et à mesure de la messe, vous l’avez compris, on va découvrir des phrases de l’Evangile d’aujourd’hui. Déjà il est écrit : « Ils faisaient route vers un village appelé Emmaüs », « Jésus lui-même s’approcha », « Comme votre cœur est lent à croire », « Il leur expliqua, dans toute l’Ecriture ». Et puis, il va y avoir, au fur et à mesure de la messe, des différents moments de la messe, comme ça des phrases qui vont apparaître, et vous verrez, à la fin, on aura l’ensemble du texte d’Evangile, tout au moins les grandes lignes. Parce que le texte d’aujourd’hui est construit comme une liturgie, comme une messe. Un chemin à faire avec Jésus jusqu’à l’autel. Avec lui donner sa vie, se laisser transformer, et puis repartir après.

 

Les langues étrangères, ce n’est pas vraiment mon truc. Pourtant ce matin, j’ai eu la curiosité d’aller chercher l’origine d’un mot, de ce que nous fêtons aujourd’hui : la kermesse. Peut-être que certains d’entre vous connaissent son origine… Internet, c’est quand même pratique, il suffit de cliquer et on a la réponse. Kermesse, je vous le dis si jamais vous ne le saviez pas, cela vient du néerlandais « Kerkmisse ». « Kerk », signifie Eglise ». En allemand on retrouve la même racine « Kirche », c’est proche. Et « Misse », c’est facile, c’est « messe ». Donc « Kerkmisse », ça veut dire messe d’Eglise. J’ai au moins appris ça ce matin ! Il me semblait bien que cela avait un rapport mais je ne me souvenais plus. Mais on n’est pas là pour étaler notre peu de science…

 

Simplement, c’est intéressant de comprendre l’origine de ce mot qui invite à la fête. Et du coup, je me suis dit : tiens, quand on organise la kermesse, comme c’est le cas aujourd’hui, on fait la fête. Car, c’est vrai, aujourd’hui, et surtout dans le Nord, quand c’est la kermesse, on s’amuse. Il y a un grand repas, des stands, des jeux, de la musique, de la danse… Et même quelquefois (et c’est le cas aujourd’hui) des bénédictions de motards ! Tout à l’heure, ils seront nombreux. Il y en a même quelques-uns dans l’assemblée ici. Bref, c’est joyeux, on fait la fête ! Mais dans ce cas là, c’est l’origine qui est la fête : voilà que cette joie prend sa source dans la « Kerkmisse », la « messe d’Eglise » ! Cela veut donc dire que c’est la messe elle-même qui est joyeuse, qui est une fête. Alors, on peut peut-être se poser la question : d’où ça vient la messe ? Là aussi, comprendre l’origine. Et pourquoi c’est si joyeux. En quoi cela se veut être une fête où on chante, où il y a de la musique, où on frappe dans les mains quelquefois.

 

Cela tombe bien car aujourd’hui justement, il nous est donné de comprendre d’où vient la messe. Le texte de l’Evangile vient nous raconter l’origine de la messe. Cela vient d’un événement qui s’est déroulé la veille de la mort de Jésus et que deux hommes ont mieux compris près d’un petit village appelé Emmaüs. Ils avaient été rejoints par un étranger sur le chemin. C’était Jésus mais ils ne le savaient pas. Le texte nous dit : « Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître ». Une chose m’étonne. Pendant qu’ils marchaient avec l’étranger, ils n’avaient pas reconnu Jésus. C’est quand même bizarre. En général, quand on marche avec quelqu’un qu’on connaît, on le reconnaît au son de sa voix, à sa manière de marcher, à son humour, à un élément de son corps, la forme de son visage, sa coupe de cheveux, la couleur de ses yeux… Bref, un truc corporel. Et là non ! Pourtant, ils avaient marché près de deux heures ensemble et ils ne l’avaient pas reconnu.

 

C’est plus tard qu’ils l’ont reconnu, au moment de la fraction du pain. Quand ils sont arrivés à l’auberge, à table, cet étranger a pris le pain, il l’a béni, il l’a rompu, et il leur a donné. Avec quatre gestes, celui qui était avec eux pendant deux heures, d’un seul coup, se dévoile, se fait reconnaître puis disparaît ! L’étranger avec qui ils avaient marché pendant presque deux heures, n’était autre que Jésus lui-même. Jésus ressuscité ! Peut-on vraiment imaginer le choc, la surprise et finalement la joie qu’ils ont éprouvée à ce moment-là ? Leur ami qui était mort, perdu à jamais était là, devant eux, bien présent. Est-ce que l’on se rend vraiment compte ? Là les deux hommes, Cléophas et son ami, ont ouvert grand les yeux : ce n’est pas possible, c’est lui, c’est Jésus ! Ce n’était pas possible, il était mort. Et voilà que celui qui était mort est là…

 

Est-ce qu’il peut y avoir une plus grande joie que celle-là ? Celui qui nous avait quitté, qui nous manque, d’un seul coup se révèle présent. Certainement que plusieurs d’entre nous, et d’ailleurs aujourd’hui nous disons la messe pour deux personnes particulièrement, font l’expérience d’avoir perdu quelqu’un de proche. Et c’est une grande peine. Mais grâce à ce geste que le prêtre fait à l’autel, en prenant le pain et en prononçant les prières de Jésus, grâce à ce geste, on comprend que la vie est plus forte. Que la mort, on pourrait dire, n’existe plus. Que tous ceux qu’on aime, et Jésus en premier, sont présents. Ils sont là, ils se donnent à voir, à reconnaître. Ils sont là. Vous allez me dire : on ne les voit pas avec nos yeux. Et encore… Quand on voit le pain consacré, on voit Jésus avec nos yeux. Mais aussi, on le voit, et on les voit, avec notre cœur. Dans le texte on a entendu que les deux hommes disaient : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures ? ». Eh bien oui, quand d’un seul coup on comprend que l’autre est là et qu’il nous aime, et qu’il sera toujours là, c’est une immense joie. Notre cœur est tout brûlant. Une immense joie qu’on ne peut que clamer partout. D’ailleurs à tel point que les deux hommes vont repartir en courant. Ils ont fait deux heures de marche mais ils vont repartir le plus vite possible pour prévenir les autres. « Il est vivant ! »

 

Alors la messe, ce que l’on fait ici, ensemble, c’est notre joie, c’est notre fête. Et la kermesse, la messe d’Eglise, c’est de dire que notre joie, bien sûr c’est d’être ensemble, mais d’être ensemble grâce à Jésus qui permet que nos vies deviennent des vies éternelles. Mes amis, joyeuse « Kerkmisse » !

 

Abbé Xavier

Article publié par Chantal Erouart - • Publié • 2159 visites