Sacré cœur de Mamie

Eglise Saint Léger 2ème de Carême – Année B

Eglise Saint-Léger

Dimanche 1er mars 2015

2ème de Carême – Année B

Sacré cœur de Mamie

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Vendredi après-midi, je me suis rendu aux funérailles de la maman d’un ami à Isbergues. La célébration était animée par une équipe de laïcs. C’était très beau.

Dans l’église, au-dessus du chœur, il y a une statue du Sacré-Cœur. Quand je suis entré, je me suis dit : quel dommage que cette statue ne soit pas repeinte. Elle est tout abîmée. De plus, elle est exposée dans un lieu où les pierres autour sont, elles aussi, très abîmées.

 

La célébration a commencé et, avec le mot d’accueil, on a entendu quelques éléments de la vie de Céline, maman, grand-maman, arrière grand-maman. Les mots étaient beaux, étaient justes, et l’assemblée nombreuse qui était là goûtait tout ce qui était dit de cette femme. Une femme toute à fait ordinaire mais… une belle vie.

Dans l’Evangile de ce jour, on entend Jésus emmener Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne, à l’écart. On dirait qu’ils veulent ensemble prendre du recul. Sortir de l’ordinaire. Jésus, qui est-il aux yeux de ses disciples ? Un homme pauvre, faisant le bien, un nomade, quelqu’un dont les paroles relèvent les autres, un homme de confiance, tout ordinaire, un homme de Nazareth.

 

Et voilà que, soudain, sur la montagne, il est illuminé. Une blancheur que jamais personne sur terre n’a encore vue. Une immense clarté, sur ses vêtements et sur toute sa personne. C’est comme une révélation : cet homme ordinaire a en lui une source jaillissante de lumière.

 

Au fur et à mesure de la célébration de vendredi, sans doute à cause du soleil à l’extérieur, la pierre blanche qui entourait la statue du Sacré-Cœur s’est éclairée, illuminée. Oh ce n’est pas un miracle, ce n’est pas de la magie. C’est un phénomène naturel mais cela rend le lieu bien joli. Comme si, de cette statue abîmée, une lumière jaillissait. De cet ordinaire, quelque chose d’extraordinaire. La révélation d’une présence. Une révélation de beauté dans un élément bien humble. Et, au fur et à mesure de la célébration, la révélation de la beauté de la vie d’une personne, âgée, fatiguée, aimante, priante, lumineuse.

 

Aux côtés de Jésus, Moïse et Elie apparaissent. Toute la Loi, tout l’enseignement, toute l’histoire du peuple est là, à cet instant. Et Jésus est au centre. Tout est résumé en Jésus. Et puis il y a cette parole : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. » Alors, pour les disciples, c’est une compréhension nouvelle. Cet homme ordinaire, cet homme de Nazareth, Fils de Dieu, lumière infinie, inouïe !

 

Vendredi dernier, au-dessus du Sacré-Cœur, il y avait un vitrail que, jusqu’alors, je n’avais pas remarqué. Un vitrail très beau : une colombe colorée, symbole de l’Esprit Saint. Alors je me suis mis à prier l’Esprit.

Esprit Saint, illumine nos vies. Permets-nous de découvrir la lumière enfouie en nos proches. Révèle-nous leur beauté intérieure, leur lumière. Transfigure la vie de nos frères, et particulièrement celle des plus oubliés, des plus moqués, celle de ceux que l’on considère comme abîmés. Oui Seigneur, que ta lumière jaillisse et nous éblouisse.

 

A la fin de la célébration des funérailles, il y a eu ce mot des petits-enfants, et je crois beaucoup ont sorti leur mouchoir. Les larmes étaient là, non pas de tristesse, mais d’une jolie émotion, une émotion vive, celle de la vérité. La vie et l’amour se sont dits. Comme c’était beau !

Le Christ demande à ses disciples de garder le silence. C’est étonnant. Ne rien dire jusqu’à la révélation prochaine de la résurrection des morts. Et les disciples sont restés attachés à cette demande tout en se demandant : « Que signifie résurrection des morts ? »

 

La vie de Céline, la mort de Céline, c’est déjà la vie en Dieu. Mais aussi, c’est étrange, la résurrection. Il n’en est pas question qu’au moment de notre mort prochaine, assurée. La résurrection c’est aujourd’hui. Maintenant, en chaque instant, à chaque regard. La révélation de la présence des personnes qui nous entourent, qui reprennent vie grâce à un regard posé sur elles. A chaque fois que l’on regarde l’autre au plus profond, dans sa lumière, à chaque fois que l’Esprit Saint nous permet de voir combien cette personne, proche de nous, est lumineuse. Non pas abîmée mais belle.

 

L’Evangile nous révèle aussi que, peu de temps après, Pierre, Jacques et Jean, les mêmes disciples, vont être témoins d’une résurrection particulière : celle de la fille de Jaïre. C’est un autre passage de l’Evangile mais ce sont les mêmes témoins. Et ils vont entrer, fait rare, dans la chambre de la jeune fille. Autrement dit, ils entrent dans l’intimité du cœur de cette personne, de cette jeune fille. Elle était morte, tout le monde pleurait, le corps était sans vie, et eux, grâce au Christ, avec les parents, vont découvrir quelque chose de nouveau. Ils vont voir l’œuvre de Dieu : le geste de Jésus, la main tendue, la manière dont il prend la main de la jeune fille et la relève. Et ils vont comprendre la résurrection. C’est toujours, toujours, dans les espaces d’intimité.

 

Esprit Saint, Esprit dessiné sur un vitrail, Esprit lumineux qui colore la statue abîmée du Christ, mais bien plus, les corps et les cœurs, Esprit de révélation, fais-nous entrer dans l’intimité des cœurs. Fais-nous voir ta lumière posée en chacun. Illumine-nous de ta présence. Transfigure nos regards pour que nous discernions ta présence dans nos frères. Oui, avec eux, rends-nous lumineux comme toi, Christ, vivant, ressuscité.

 

« Mamie Céline, disaient les petits-enfants, Mamie Céline, tu es une lumière dans nos vies. Nous savons que tu es proche de Dieu, nous t’aimons très fort. »

 

Abbé Xavier