COVID 19 : homélies et méditations
de nos prêtres et diacres
15 mars 2020
Bonjour à tous et à chacun
Nous vivons une période troublante depuis plusieurs semaines. Une situation que nous étions loin d’imaginer. Une étape vient d’être franchie avec la demande de ne plus célébrer les messes dominicales !
Qui aurait imaginé ce genre de scénario.
Je me suis posé la question il est vrai de la situation à venir s’il n’y aurait presque plus de prêtres à l’avenir ! Mais nous sommes ici dans un autre cas de figure.
Soyons unis et solidaire par la prière. Ne cèdons pas à l’angoisse. Je pense assez souvent à la joie que nous allons ressentir quand tout cela ne sera qu’un mauvais souvenirs.
Vous trouverez ci-dessous l’homélie de ce dimanche. Une manière de méditer ensemble et de nous unir.
Nous vivons un Carême particulier, avec un temps de « désert ». Nous savons que le peuple Hébreux est sortie victorieux de son épreuve.
Essayons de nous adapter au mieux aux évènements.
« Espère en le Seigneur,sois fort et prends courage;espère le Seigneur » Psaume 26,14
Homélie du dimanche 15 Mars 2020
Comme c’est curieux, pour ne pas dire « étrange » que Jésus, qui propose l’eau vive, demande à boire.
Celui dont on pense qu’il peut tout, se trouve petit, assis devant la femme qui est debout pour puiser de l’eau.
Jésus franchit l’obstacle de la non relation entre Juifs et Samaritains, par une demande, un appel :
« Donne moi à boire »
Cette parole adressée, toute humble, va entraîner tout une suite.
En ce 3° dimanche de Carême où se vit le premier Scrutin, je ne parle pas des élections municipales, mais du Scrutin célébré pour les personnes qui se préparent aux sacrements, le projecteur est mis sur ce beau Service d’Eglise qu’ est le Catéchuménat.
Très souvent, les personnes qui accompagnent les catéchumènes disent leur joie de leur rencontre.
On pourrait dire que dans cet évangile, Jésus vit un accompagnement avec cette femme de Samarie.
Par le dialogue, il va l’amener progressivement à la foi.
Elle est passé par plusieurs étapes :
- l’étonnement complet :
« Toi, un Juif, tu me demande à boire, à moi, une Samaritaine ? »
- Vient ensuite le temps du questionnement, de la réflexion, de l’ouverture à celui qui lui parle.
- Cette rencontre se termine en apothéose par la révélation :
« Je sais qu’il vient le Messie, celui qu’on appelle Christ »
Et Jésus de lui répondre :
« Je le suis, moi qui te parle »
On peut remarquer toute la pédagogie de Jésus ;
Jésus prend le temps de la rencontre, du dialogue. Il suscite l’intérêt, la réflexion avant de se révéler.
On a là toute la dimension Catéchuménale du cheminement avec la personne en recherche et découverte de la foi.
Ce qui est beau aussi, c’est qu’à la suite de cette Samaritaine, beaucoup d’habitants de la ville vont se mettre à croire.
On est plus dans le jugement ou le rejet de l’autre, mais dans l’accueil :
« Ils l’invitèrent à demeurer chez eux »
Ah oui, au regard de l’Evangile, certains s’étonneront que Jésus qui propose l’eau vive, comme je le disais en commençant cette homélie, demande à boire.
A noter que s’il est précisé que Jésus est fatigué, on ne dit pas qu’il a soif. Il vaut mieux d’ailleurs pour lui, puisque durant la conversation avec la Samaritaine, aucun des 2 n’a bu une goutte d’eau !
La femme quittera même le puit en y laissant sa cruche.
On peut faire un rapprochement avec ce que l’on a entendu le premier dimanche de Carême :
« L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu »
La Samaritaine a été , en quelques sorte, abreuvée par la rencontre et l’échange avec Jésus .
Heureuses sont elles aujourd’hui , nos 2 catéchumènes, Céline et Karine, d’avoir rencontré le Christ et d’appronfondir leur foi, de se préparer au baptême et à la communion, ainsi qu’au sacrement de Confirmation avec Raymond.
Heureux sommes nous, en cette période de grand trouble, de puiser à la source de l »eucharistie.
Puissions nous y trouver la Paix et la sérénité dont nous avons besoin.
Amen.
Malheureusement, tout ce qui est écrit dans cette homélie n’est plus d’actualité.
Bonjour à tous
Ma pensée et ma prière s’adresse particulièrment aux personnes qui se sentent isolées en cette période troublée.
En début d’après midi, en priant l’office, je tombe sur l’antienne suivante :
« Invoque -moi au jour de l’angoisse : je t’affranchirai et tu me rendras gloire »
Cela donne un peu d’espérance et de réconfort, non ?
Ce matin, en lisant le premier chapitre du message que le pape François adresse aux jeunes et à tout le peuple de Dieu, je trouve l’extrait suivant :
« En Gédéon, nous reconnaissons la sincérité des jeunes, qui n’ont pas l’habitude d’édulcorer la réalité. Quand on lui a annoncé que le Seigneur était avec lui, il a répondu : « Si Yahvé est avec nous, d’où vient tout ce qui nous arrive ? (Juges 6,13).
Mais Dieu ne s’est pas senti offensé par ce reproche et a doublé la mise pour lui : « Va avec la force qui t’anime et tu sauveras Israël » (Juges 6,14)
Je trouve que ce passage nous invite à la confiance.
Si vous le pouvez , je vous invite à regarder la chaine KTO, et « Le Jour du Seigneur » le dimanche. Peut-être captez vous RCF (Radio Chrétienne Francophone). Moi je l’ai sur 95,10 de la bande FM
Continuons d’être solidaires.
Les personnes qui se sentent isolées peuvent se faire connaître pour qu’on essaye de trouver une personne qui se soucie davantage de vous. Celles qui veulent être attentives aux personnes en fragilité sont invitées à se manifester pour qu’on puisse les mettre en lien.
Je sais que bien des personnes agissent naturellement dans ce sens, et je les remercie vivement. Mais il y a sans doute des attentes non comblées.
Bon courage à tous.
Que le Seigneur vous bénisse.
Abbé Jean-Marie RAUWEL
Tél : 06 79 83 11 34
N’hésitez pas à transférer ce message, ou en donner une copie aux personnes qui n’ont pas internet !
Dimanche 29 mars
Avant de lire la « petite homélie » de ce 5°dimanche de Carême, je vous invite à regarder l’évangile du jour, dans Prions en Eglise ou votre missel, ou sur internet.
A défaut, vous pouvez voir dans une bible si vous en avez une, la référence suivante :
Evangile de St Jean, chapitre 11, verset 1 à 45
Dans le côté « spectaculaire » , on atteint ici l’un des sommets !
Ce n’est pas la seule fois où Jésus redonne la vie (cf le fils de la veuve de Naïm, Luc 7, 11-16), mais ce qui est unique, c’est cette « sortie du tombeau » !
Au delà de cet aspect exceptionnel, c’est la foi, « le croire » que l’on trouve tout au long de l’Evangile ;
Ca commence par une parole un peu déconcertante que Jésus adresse à ses disciples, en leur disant qu’il se réjouissait de n’avoir pas été là quand Lazare est décédé, « pour que vous croyiez » (verset 15)
Nous avons un premier acte de foi formidable, avec Marthe qui , malgré la douleur qu’elle ressent suite à la mort de son frère Lazare, dit à Jésus : « Maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera » (v 22)
Elle ajoute aussi : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour » (v24)
Dans les 2 expressions de Jésus, « Celui qui croit en moi » et « quiconque vit et croit en moi » (v25-26) il y a cette exhortation à mettre notre foi, notre confiance en Lui, non pas d’une manière superficielle, approximative, mais bien réellement, de manière assurée.
Des gens qui croient, on en croise beaucoup finalement.
Mais derrière le « Je suis croyant » qu’un grand nombre dit assez facilement, qu’est-ce que ça signifie ?
Il y a une part d’identité chez certains, un lien avec la tradition, ou une manière de dire que l’on n'est pas « sans religion ».
Mais à l’image de la parabole de la maison construite sur du sable, qui s’est effondrée quand les vents ont soufflé, notre « je suis croyant » risque fort de ne pas « tenir le coup » s’il ne s’enracine pas dans la Parole de Dieu, dans notre relation avec le Seigneur, dans les sacrements .
Comment continuer à dire « Je crois » quand les difficultés, voir les épreuves, viennent nous heurter ?
Nous trouvons un bel exemple de persévérance dans le personnage biblique de Job.
Si l’on dit parfois que c’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît les vrais amis, je serais tenté de penser que c’est dans les périodes où la vie ne nous fait pas de cadeau que l’on voit si on arrive à maintenir ce « je crois » ,comme Marthe dans l’Evangile.
« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » Ce que Jésus dit à Marhe, nous pouvons l’entendre chacun pour nous même.
Quelle est cette « Gloire de Dieu » ?
Dans cet Evangile, c’est la mort vaincue . Le « mort » Lazare, sort du tombeau, il est « délié ».
Nous pouvons voir aujourd’hui un aspect de la gloire de Dieu dans les actes de bravoure, de générosité, que nous vivons en cette période troublée. Mais nous la verrons pleinement, lorsque nous contemplerons le Seigneur , dans la Paix de son Amour.
Cette route du Carême nous conduit à la fête de Pâques , à la gloire de Dieu.
Nous ne pourrons sans doute pas vivre cette grande fête comme il se doit, mais l’essentiel est de nous conforter dans notre foi en la Résurrection de Jésus, en la Vie Éternelle qu’il nous offre.
Heureux sommes nous si nous pouvons affirmer, maintenant encore : Je crois !
Abbé Jean-Marie RAUWEL
4 avril 2020
Bonjours chers amis et paroissiens
J’ai été tenté d’écrire une liste de prénoms, mais j’y ai renoncé. Ce serait assez fastidieux, et inévitablement, il manquerait toujours des personnes! Sachez cependant que j’ai une multitude de visages qui me traversent l’esprit et se logent dans mon cœur et ma prière.
Bien sûr, que vous soyez parents, en famille, en télé-travail, sur le terrain, seules ou isolées, que vous soyez enfants, jeunes, adultes ou âgées, dans une maison avec jardin ou en appartement, que vous soyez en bonne santé ou en traitement vous vivez cette situation de confinement différemment.
Il est certain que les parents qui ont le travail scolaire des enfants à gérer, plus leur propre boulot, l’ennui n’a pas de place.
Je sais que pour un certain nombre, « ça va bien ». C’est aussi mon cas, puisque je profite des temps libres pour m’avancer dans mon retard ! Il me faut encore du temps libre !!! Pour quelques uns, la solitude , le manque de relation, pèsent.
Quelque soit notre situation, essayons de « nous rendre utile » afin de trouver un certain bonheur.Chacun peut trouver ce qui lui convient, tant les possibilités sont multiples :
- Courrier, téléphone, messagerie, couture, plat, prière, etc …………….
Penser aussi , pour ceux qui ne sont pas submergés, à des choses qui peuvent vous détendre :
- Dessin, écriture, lecture, radio, télé, mot croisés ou fléchés, sudoku pour ceux qui aiment se « prendre la tête », internet, petite balade rapide avec attestation et grande modération, sport ou mouvements de gymnastique.
Il y aussi des choses qu’on aime pas trop mais qui nous soulagent quand même quand elles sont faites :
- ménage, rangement, travaux, peinture.
Je sais que plusieurs d’entre vous s’unissent au temps de prière et de messe que nous vous proposons, Vincent et moi.
A la veille de la semaine Sainte, que nous allons vivre tous pour la première fois d’une manière vraiment originale et déroutante il est vrai, je vous invite à la vivre au mieux, à l’aide des médias et d’internet.
La messe des Rameaux que nous allons célébrer Vincent et moi ne sera pas retransmise. Vous êtes invités à vous brancher sur les « grands médias».
Veuillez m’excuser de ne pas vous transmettre d’homélie pour ce dimanche, vous serez largement compensés par celle que vous écouterez par la télé ou internet.Je vous invite également, à écouter et méditer le message quotidien de notre évêque durant cette semaine Sainte.Vous allez peut-être l’entendre au cours des messes de la maison nicodème !
C’est sûr que l’on peut être chamboulés, perdus, désorientés de vivre notre Semaine Sainte comme on ne l’aurait jamais imaginé, mais nous serons plus unis encore par la prière et les médias.
Je pense à un proverbe de nos frères du désert :
« Eloignez les tentes, vous rapprocherez les cœurs »
Je pense que nous pouvons entendre cela pour nous aujourd’hui.
Quelques soient les difficultés plus ou moins importantes que vous éprouvez, je vous souhaite encore de persévérer dans votre courage et votre foi.
Au plaisir de se revoir, dans quelques temps.
Patience !!!!!!
Abbé Jean-Marie
Samedi 4 avril 2020
12 avril 2020
Homélie du dimanche de Pâques 12/04/2020
Jean 20,1-9 ; Ac 10,34 a- 37-43 ; Col 3,1-4
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau »
C’est par cette « fausse nouvelle » que commence la révélation Pascale. On ne peut pas en vouloir à Marie-Madeleine de ne pas être plus « perspicace ». Elle est encore sous le choc et l’émotion d’avoir vu Jésus souffrir et mourir sur la croix. C’est encore les ténèbres quand elle se rend au tombeau. Elle n’ose peut-être pas approcher .
Elle court avertir Simon-Pierre, et l’autre disciple que Jésus aimait. Eux aussi se mettent alors à courir.
S’ils avaient eu à remplir une attestation de déplacement, qu’elle case aurait-il dû cocher ? J’ai regardé. Il n’y en a pas une qui semble correspondre ! A la rigueur, le fait de courir pourrait peut-être justifier une activité physique ?
Quelles arguments auraient -ils pu trouver ?
L’enlèvement d’un corps ? Violation d’une tombe ? Enquête suite à une dénonciation ?
En tous les cas, ils ont bien fait de courir au tombeau. Tous les deux ont vu les linges posés à plat. L’évangéliste Jean est le seul à raconter cette épisode, et le détail des linges « posés à plat ».
Aux yeux des enquêteur , ce serait un bon indice que le corps n’a pas été enlevé. Les ravisseurs n’auraient pas pris la peine du rangement.
Mais alors, que s’est-il passé ? Cette question, une multitude de personnes se la posent.
« Que s’est-il passé « ?
Les 2 disciples sont entrés dans le tombeau. On dit de l’un d’eux : « Il vit, et il crut ».
Ca y est , ça a fait tilt !
Pourtant, il n’a pas vu grand-chose, sinon que Jésus n’était plus là, dans la tombe ouverte. Mais ça y est, il semble que le disciple ait compris, qu’il ait pris conscience que Jésus n’était plus mort ! Le verset suivant nous l’indique : « Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts »
Voilà, la bonne , l’excellente , la prodigieuse nouvelle nous est révélée :« Jésus est ressuscité d’entre les morts ! »
Même en temps de confinement, dans l’ambiance pesante de l’isolement, cette bonne nouvelle doit nous réjouir, nous ravir. Bien que nous n’aurions jamais imaginé vivre un jour cette merveilleuse fête de Pâques dans une certaine « austérité », dans une solitude plus ou moins grande, cette joie de la résurrection doit se traduire par un certain soulagement, une grâce qui nous habite.
Comme l’apôtre Pierre qui était retourné chez un centurion de l’armée romaine pour lui dire que celui qui avait été suspendu au bois du supplice, « Dieu l’a ressuscité le 3°jour », puissions nous témoigner de notre joie, même de chez soi. Cette victoire de Jésus, son triomphe sur la mort, sa résurrection est la plus grande fête chrétienne.
Mais j’ai une nouvelle tout aussi extraordinaire à vous annoncer, tout aussi merveilleuse ! Vous voulez que je vous la dise ?
« Vous êtes ressuscités avec le Christ »
C’est l’apôtre Paul qui l’annonce : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut »
Oui, la résurrection de Jésus, même si elle remonte à plus de 2000 ans, nous concerne tous.
« Vous êtes passés par la mort » ajoute St Paul.
Le jour de notre baptême, nous sommes plongés dans la mort-résurrection de Jésus. Nous sommes promis à la Vie Divine, à la suite du Christ ressuscité.
« Pensez aux réalités d’en haut, non à celle de la terre »
Nous sommes bien sûr marqués par cette période de pandémie, soucieux des malades et de tous ceux qui sont à leur service d’une manière ou d’une autre. Mais ce temps d’isolement est aussi un moment favorable, beaucoup prennent le temps de la prière, la méditation, la lecture.
Oui, nombreux sommes-nous à être tournés vers les « réalités d’en haut », par la relation avec le Seigneur, même si nous sommes empêchés encore de communier au Corps du Christ.
Puisse la fête de Pâques apporter un souffle de vie à notre existence meurtrie. Disons, à la suite du psalmiste : « Je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur ».
Chers amis, savourons ce temps Pascal où nous entendrons dans la liturgie le message de vie.
Amen
Abbé Jean-Marie RAUWEL
Homélie du 2° dimanche de Pâques (19 avril) Jean 20, 19-31 ; 1 P 1 ,3-9
Nous voici le 2° dimanche de Pâques, que nous passons malheureusement encore dans la frustration de ne pas pouvoir nous rassembler.
Ce dimanche, rappelons nous, le pape St Jean-Paul 2 l’a institué celui de « la Divine Miséricorde ». Pourquoi a t-il eu cette idée ? N’y avait-il pas d’autres thèmes à valoriser, comme celui de la joie ou de la vie par exemple ? Mais non, finalement, le pape a été bien inspiré (c’est normal, il était pape !) pour le dimanche de la Miséricorde.
L’apôtre Pierre, dans la 2° lecture, nous donne un excellent éclairage : « Dans sa grande miséricorde, Dieu nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne connaîtra ni destruction, ni souillure, ni flétrissure »
A la suite de la résurrection du Fils, qui s’est offert pour nos péchés, Dieu nous donne en héritage, le salut qui nous est réservé dans les cieux. Pour nous aider à comprendre, rappelons nous ce message formidable de l’apôtre Paul, entendu le dimanche de Pâques : « Vous êtes ressuscités avec le Christ » ; Voilà donc la grande miséricorde : l’annonce de notre vie, de notre salut.
Remarquons aussi que la première mission que Jésus ressuscité donne à ses disciples, après leur avoir donné l’Esprit Saint, est liée à la miséricorde : « A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus » Disant cela, Jésus les invite à poursuivre sa mission, à savoir, de faire preuve d’amour et de miséricorde. On perçoit mieux du coup, que la résurrection de Jésus est à mettre en lien effectivement, avec la miséricorde.
Le pape François, dans son exhortation « Christus Vivit » adressée aux jeunes et à tout le peuple de Dieu, dit des belles choses sur la Miséricorde. Je ne résiste pas à vous les partager : Le pape nous interroge : « Ai-je appris à pleurer quand je vois un enfant qui a faim, un enfant abandonné, un enfant abusé ? Ou bien mes pleurs sont-ils les pleurs capricieux de celui qui pleure parce qu’il voudrait avoir quelques choses de plus ? La miséricorde et la compassion se manifestent aussi par des pleurs » (N° 76) J’ajouterai alors : Comment ne pas être touché par la détresse des soignants lorsqu’ils étaient « à bout » dans leur mission ? Comment ne pas être atteint quand on est confronté réellement, à la détresse des migrants ? Comment ne pas être marqué par la situation des sans abris qui demande de l’aide ?
Beaucoup d’autres situations nous interpellent sans doute.
Il ne vous aura sans doute pas échappé dans ce passage d’évangile, cette précision revenant à 2 reprises que « alors que les portes étaient verrouillées » Jésus vient, il est « au milieu d’eux » Cela témoigne bien un côté « non physique » de Jésus. Il a la faculté de se montrer quand et où il veut. Pourtant, dans ce même texte, il montre la marque des clous et son côté blessé. Jésus est bien là un être corporel ! Dans plusieurs passages d’évangile, après sa résurrection, Jésus est à la fois charnel et spirituel . Cela nous éclaire peut- être sur notre « devenir », lorsque nous « hériterons » de la Vie Eternelle ?
J’en viens quand même sur la notion de joie : « Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur » On le comprend fort bien évidemment. C’est la première fois qu’ils voient Jésus vivant, depuis sa mort sur la croix !!! En ce temps Pascal, même plus de 2000 ans plus tard, cette joie des disciples doit rayonner sur nos visages, même s’il est vrai, les circonstances ne nous y aident pas toujours. Mais quand même, cette résurrection dépasse tout ! Elle est aussi le gage de notre propre résurrection. C’est notre meilleure « assurance vie ! » En prenant conscience de cela, nous pouvons relativiser beaucoup de choses.
Mesurons notre chance de croire. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu »
Nous avons le privilège de lire ou d’entendre les témoignages que nous fournissent les Ecritures. Quel cadeau !
Soyons contagieux de notre foi, ne la gardons pas pour soi, partageons la d’une manière ou d’une autre. C’est à chacun de nous que s’adresse cette parole de Jésus : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie »
Quelle belle mission avons-nous de témoigner de l’annonce de la résurrection, et de la miséricorde Divine !
Amen
Abbé Jean-Marie RAUWEL
Homélie du 3° dimanche de Pâques 26 avril 2020
Luc 24,13-35 ; Actes des Apôtres 2,14.22b-33 ; Première lettre de Pierre 1,17-21
Mais que font-ils ces 2 disciples, sur ce chemin loin de Jérusalem ? Pourquoi sont-ils tristes ?
Quand la question leur est posée : « De quoi discutez-vous en marchant ? » ils vident leur sac, ils racontent l’essentiel de ce qui s’est passé : l’arrestation de Jésus, sa condamnation, sa crucifixion. C’est vrai que ces évènements tragiques ont plus que bouleversé ses disciples. De plus, certains s’étaient fait une fausse idée de Jésus, pensant « qu’il allait délivrer Israël » Mais Jésus n’a pas mis fin à l’occupation du pays par les romains. Alors, maintenant qu’il est mort !
Pourtant, ces mêmes disciples reconnaissent des choses curieuses, étranges : Des femmes de leur connaissance les ont même remplis de stupeur quand elles n’ont pas vu le corps de Jésus au tombeau. En plus, des anges leur ont dit qu’il était vivant. Sur place, les compagnons ont constaté le tombeau vide, comme les femmes l’avaient dit, mais lui Jésus, ils ne l’ont pas vu.
Mais enfin, qu’est-ce qu’il leur faut !? « Esprit sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire » C’est vrai ! : Jésus n’est plus dans le tombeau, des anges ont annoncé qu’il est vivant, et eux, ont quitté Jérusalem, et sont tout tristes !!!!
Que faut-il à nos contemporains , à notre monde aujourd’hui ? Nous avons le privilège de pouvoir disposer de la bible, du message des apôtres perpétué depuis des siècles par l’Église, nous avons connaissances de bien des martyrs qui ont sacrifié leur vie pour leur foi. Pourtant, trop de monde est dans l’indifférence et l’ignorance. Que d’esprits sans intelligence, que de cœurs lents à croire !
Il nous est sans doute arrivé, au sein de notre famille peut-être, dans nos relations, lors de rencontres, d’essayer de convaincre telle ou telle personne de la réalité de Jésus , de sa victoire sur la mort. On n’obtient pas forcément l’intérêt , ni même parfois la curiosité de la personne. Que faut-il ?
C’est par nos vies, que l’on doit témoigner. Notre vie devrait être une « bible ouverte », nos journées, des pages d’Evangile. Evidemment , c’est un véritable défi, une interpellation continuelle. Nous avons rencontré des personnes qui ont été témoins, qui ont été et sont encore un signe pour nous. Nous sommes nous-même, un signe pour d’autres. Nos engagements, nos prières, notre témoignage touchent des personnes, même si nous ne nous en rendons pas compte forcément dans l’immédiat.
J’évoque souvent , pour interpeller , ce qui nous est rapporté dans le livre des Actes des Apôtres. L’apôtre Pierre apostrophe les juifs et habitants de Jérusalem : « sachez bien ceci, prêtez l’oreille à mes paroles » Et là, il n’y va pas par 4 chemins : « Jésus le Nazaréen, ………….vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité » dit-il à 2 reprises. Rappelons-nous, ce même personnage , Pierre, qui ,par peur, avait renié Jésus. « Je ne connais pas cet homme » répétait-il ?
Comment alors expliquer un tel retournement, une telle audace, un tel courage si ce n’est l’assurance et la conviction de cette résurrection. Pierre ne raconte pas une histoire, il témoigne de ce qu’il a vécu : « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité; nous tous, nous en sommes témoins »
J’aime à dire que cette transformation radicale de Pierre est un signe par excellence, de la véracité de la résurrection de Jésus. Comment pourrait-on expliquer ce volte-face, ce retournement de Pierre, si ce n’est par son assurance, sa certitude de la résurrection de Jésus? Comment peut-on alors encore douter ?
Les 2 disciples d’Emmaüs semble réconfortés par l’interprétation des Ecritures, mais ils n’en sont pas encore à reconnaître Jésus qui les avait rejoint sur la route. Ils l’ont quand même trouvé sympa et intéressant et l’invitent à rester avec eux pour la nuit. A table, Jésus prenant le pain, « prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna ». C’est alors que « leurs yeux s’ouvrirent »
Quand Jésus s’était approché d’eux , ils ne le reconnaissaient pas. Quand ils le reconnaissent, il disparaît à leur regard ! C’est un peu comme lors de l’Annonciation. Quand la Vierge Marie a compris le message de l’Ange et qu’elle s’abandonne à la volonté du Seigneur, « l’ange la quitta». Ici, quand les yeux des disciples se sont ouverts, qu’ils ont reconnu Jésus, celui-ci disparaît. Il est évident que cet évangile nous ouvre au mystère eucharistique, celui de la « Présence » de Jésus, dans le pain consacré. Même s’il disparaît à nos yeux, si on ne le voit pas de physiquement, il est réellement présent. « Ceci est mon corps ». On ne le voit pas mais on peut croire en sa présence. On peut ne pas le reconnaître, comme beaucoup aujourd’hui, mais cela n’empêche pas sa proximité. Alors pour vous chrétiens qui participez habituellement à l’eucharistie dominicale, votre frustration, le manque que vous éprouvez de ne pouvoir communier au Corps du Christ par le sacrement, est un véritable acte de foi de votre part.
Vous communiez spirituellement à la Présence de Jésus, même si vous ne pouvez pas encore recevoir le « Corps du Christ » dans l’hostie consacrée. Mais le Christ, sachez-le, est avec vous. L’apôtre Pierre peut vous dire à chacun : « Vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu » Votre acte de foi n’en est que plus beau. Merci de cette offrande que vous faites à Dieu.
Amen
Abbé Jean-Marie RAUWEL
Dimanche 3 mai 2020
Bonjour chers amis de la paroisse.
Voilà encore un dimanche qui ne ressemblera pas aux dimanches habituels, avec la messe que nous vivons ensemble.
Le temps est encore à la prudence et à la protection. Nous sommes bien obligés de l'accepter, dans l'intérêt général. Essayons cependant d'y voir les côtés positifs, et tout ce que cela nous permet.
Le manque et la frustration que nous ressentons à ne pas nous rencontrer, à prier physiquement ensemble, n'en rendra que plus merveilleux encore, le temps où l'on pourra se côtoyer, parler, se retrouver. Continuons de veiller les uns sur les autres, de nous soutenir d'une manière ou d'une autre.
Il y a encore aujourd'hui, beaucoup d'incertitude et de questions sur quand et comment reprendre les différentes activités.On les reprendra en douceur, progressivement. On tâchera de ne pas retomber trop vite dans un tourbillon d'activités.
Pour ce 4° dimanche de Pâques, je vous envoie l'homélie de l'abbé Vincent BLIN, en vous souhaitant une bonne méditation.
Bon courage à tous
En union de pensée et de prière.
Amitiés
Abbé Jean-Marie
Dimanche 03 mai 2020 – 4ème dimanche de Pâques (prière pour les vocations)
Lectures de la messe
Lecture des Actes des Apôtres (Ac 2, 14a.36-41)
Psaume 22 (Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)
Lecture de la première lettre de Saint-Pierre (1 P 2, 20b-25)
Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean (Jn 10, 1-10) Homélie
Vous souvenez-vous de notre premier dimanche confiné ? C’était le 22 mars, 4e dimanche de Carême. L’évangile du jour était exactement ce qui précède le passage que nous entendons aujourd’hui : le récit de la guérison de l’aveugle né (chapitre 9 de St-Jean). Il est bon de nous le rappeler, pour remettre les paroles que Jésus adresse aux Pharisiens dans leur contexte.
Dans le Temple, à la fin du chapitre 8, Jésus a dévoilé son origine divine. Certains veulent alors le lapider, et Jésus doit se dérober et sortir du Temple. C’est à ce moment-là, peut-être en passant la porte, qu’il voit cet homme aveugle de naissance, sans doute en train de mendier. Il illustre certainement cette situation d’emprisonnement que Jésus veut changer : en effet, il ne peut de lui-même ni entrer, ni sortir, ni aller, ni venir… Jésus, qui se présente comme la lumière du monde, non seulement le guérit, mais il en fait un croyant et un témoin, ce que les pharisiens n’accepteront pas : ils le jettent dehors, signifiant son expulsion de leur assemblée. Jésus conclut en expliquant qu’il est venu pour « que ceux qui ne voyaient pas voient, et que ceux qui voyaient deviennent aveugles ». D’où la question des pharisiens qui assistent à la scène : « Serionsnous des aveugles nous-aussi ? ». C’est avec le discours d’aujourd’hui, et ces images du berger et de la porte que Jésus leur répond, après avoir précisé : « vous dites "nous voyons" : votre péché demeure » (Jn9,39-41).
Dans la première parabole, celle du berger, Jésus semble expliquer qu’il y a dans le peuple deux catégories de personnes : celles qui lui appartiennent, qui l’écoutent et le suivent. C’est le cas de cet ancien aveugle guéri, et des autres disciples. Tout cela prouve qu’il n’est pas un étranger. Le signe de la guérison de l’aveugle montre qu’il est entré par la porte, et non comme un voleur. Mais il y a aussi celles qui apparemment ne lui appartiennent pas. Celles-là, Jésus ne les appelle pas par leur nom, et il ne les fait pas sortir. Cela semble être le cas de ces pharisiens qui ne reconnaissent pas en Jésus la voix de leur Dieu ! Nous sentons l’interrogation de Jésus face à la dureté du cœur, à la fermeture des esprits… Lui-même obéit face à ce mystère de l’aveuglement de certains hommes, incapables de reconnaître leur besoin d’être sauvés, ou plus exactement leur impuissance à se sauver par eux-mêmes. Jésus sait que ce sera le chemin de sa passion. Et cela le conduit à pousser plus loin sa réflexion, avec une deuxième parabole, celle de la porte des brebis.
Curieusement, la porte est opposée aux voleurs et aux brigands. La première signifie le salut, la liberté et la vie. Les seconds mènent à la mort et la perdition. Jésus est la porte, la passage offert, don d’amour. Entre le 22 mars et aujourd’hui, la nature de cette porte nous a été révélée, lors de la Semaine Sainte : la mort et la résurrection de Jésus. Quant aux voleurs, dont on peut soupçonner qu’ils sont les interlocuteurs pharisiens de Jésus, ils sont incapables d’une telle offrande, n’agissant que pour leur intérêt immédiat, terrestre.
Dans cette description de notre humanité, qui sommes-nous, mes amis ? Nous sommes parfois encore aveuglés dans notre péché, nous aussi. Mais déjà, nous sommes ces auditeurs de Saint-Pierre, dans la première lecture, qui avons été « touchés au cœur », comme l’aveugle né. Le Christ nous a appelés par notre nom, et nous voulons le suivre dans les riches pâturages de sa Parole, de son amour offert dans les sacrements, dans la joie de l’Esprit-Saint qui anime des relations fraternelles. A notre façon, nous devenons à notre tour des apôtres, témoignant et relayant la Parole du Bon pasteur. Mais ce même Pierre, dans sa première lettre dont nous avons entendu un extrait, nous invite à aller plus loin, et à accueillir la grâce de devenir nous-mêmes des « portes » offertes pour que la vie abondante du Christ passe à ceux qui nous entourent, pour leur ouvrir un chemin de liberté. Alors que nous allons bientôt sortir de notre « retraite forcée », entendons-nous cet appel à devenir nous-mêmes offrande d’amour, comme le Christ ? En ce dimanche de prière pour les vocations, osons demander à Dieu de l’entendre, personnellement !
Abbé Vincent
Dimanche 10 mai 2020
Homélie du 5° dimanche de Pâques
Jean14, 1-12
Dans les semaines à venir, il va être beaucoup question de place. Place dans les transports en commun, dans les EHPAD, dans les écoles, les centres d’hébergement, les coiffeurs, les auto-école et j’en passe.
De manière générale, chacun veut une place, voire, SA place !
Dans l’Evangile, Jésus disait à ses disciples : « Je pars vous préparer une place » Mais de quelle place s’agit-il ? Ce n’est pas très clair, il faut bien le reconnaître.
Il nous dit quand même que se sera auprès de lui.
Alors là, si c’est avec lui, pas de problème, on suit !! C’est comme 2 amoureux qui se disent l’un à l’autre : « Où tu iras, j’irai »
Peu importe le moment ou le lieu, le principal étant d’être « avec » l’être aimé.
Je pense souvent au bébé ou aux petits enfants qu’une maman ou un papa tient dans les bras. Quel que soit le lieu ou la situation (avion, bateau, mer, bord d’un précipice, hôpital), l’enfant n’a pas peur, il se sent en sécurité, blotti contre sa mère ou son père.
Sur la question de la place, Jésus nous précise : «que là où je suis, vous soyez, vous aussi »
Mais c’est où « là où je suis » ???
Jésus n’est pas « localisable ».
On ne le trouvera pas sur un point du GPS, ni à un endroit de l’espace. « Là où je suis » n’est pas à entendre comme un lieu géographique, mais comme une réalité. « Là où je suis », autrement dit, « la Vie Eternelle que je partage avec le Père », vous y soyez, vous aussi.
On peut donc voir dans cet évangile, une annonce de notre participation au mystère Pascal, à la résurrection de Jésus.
Cela peut être une réponse à ceux qui verraient la résurrection de Jésus comme une réussite « égoïste » de sa part. C’est en effet tout le contraire, puisque c’est Lui qui donne sa vie, pour nous donner part à sa résurrection, pour que nous ayons notre place avec Lui, auprès de Lui, comme il le souhaite. Pour nous obtenir une place à ses côtés, Jésus a voulu assurer la dernière, celle du serviteur.
Et nous, au fait, quelle place prenons nous dans notre vie familiale, sociétale ?
Sommes-nous de ceux qui veulent « tirer profit » ou de faire profiter ? Quelle place laissons nous aux autres ?
Nous sommes sans doute dans les 2 camps.
On peut aussi se demander : « quelle place je fais à Dieu dans ma vie » ? Quel temps, quelle écoute, je lui accorde ?
Nombreux sommes-nous à lui avoir donné un peu plus de temps en la période de confinement. Que ce soit par la prière ou le service des autres. Oserai-je dire « heureux confinement » ?
Dans le chapitre 14 de l’évangile de Jean, on a, je pense, la manière la plus explicite et la plus forte de voir la proximité, la fusion, de Jésus avec son Père.
« Celui qui m’a vu a vu le Père »
« Je suis dans le Père, et le Père est en moi »
Dans le symbole de foi de Nicée- Constantinople que nous disons moins souvent, nous affirmons que Jésus « est Dieu, né de Dieu ».
Si Jésus est l’envoyé du Père, ce dernier se joint à nous, par son Fils. Rappelons nous que l’évangéliste Mathieu, reprenant une citation du prophète Isaïe, présente Jésus comme « l’Emmanuel », Dieu avec nous.
Quand Jésus au début de l’évangile disait à ses disciples : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » il adresse une forme de demande. Non pas que Jésus éprouverait de la jalousie, mais c’est parce que « personne ne va vers le Père sans passer par moi »
« Moi, je suis le Chemin » disait-il aussi.
Parmi les croyants baptisés, je crains qu’un certain nombre qui croit en Dieu, en oublie de croire en Jésus. Jésus est celui qui donne, si j’ose dire, de l’humanité à Dieu. Dieu n’est pas un être « extérieur », loin de nous, de notre réalité. Il a pris notre condition humaine, il a partagé et porté nos souffrances. « Crucifié pour nous sous Ponce Pilate » dirons nous dans le Crédo.
Il est donc faux de penser que Dieu serait absent ou indifférent aux souffrances du monde. La place qu’il a prise en s’associant à notre humanité (par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme) est un réel acte d’amour pour tout homme.
C’est une manière de vivre le « où tu iras, j’irai »
Il revient à chacun de communier à sa Présence, d’être avec Lui, par Lui et en Lui.
Amen
Jean-Marie RAUWEL
Dimanche 17 mai 2020 – 6ème dimanche de Pâques
Lectures de la messe
Lecture des Actes des Apôtres (Ac 8, 5-8.14-17)
Psaume 65 (Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20)
Lecture de la première lettre de Saint Pierre (1 P 3, 15-18)
Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean (Jn 14, 15-21)
Homélie
Jusqu’à peu, nous étions encore dans la joie de Pâques, de la victoire du Christ sur la mort. Nous étions dans l’euphorie de cette Bonne Nouvelle. Cela se ressent encore dans la partie du récit des Actes des Apôtres que nous avons entendu en première lecture, qui raconte le bon accueil que les samaritains ont réservé à l’Evangile du Christ. Mais ensuite la tonalité se fait à nouveau plus grave, tandis que nous approchons de l’Ascension, du départ de Jésus et de l’envoi en mission des Apôtres : le combat qu’a vécu le Christ va devenir le nôtre ! Le vocabulaire n’est pas très agréable : il est celui d’un procès, où nous serions mis en accusation, où il s’agira de présenter notre défense, y compris dans la souffrance. Nous aurons besoin d’un avocat, l’Esprit de vérité, que le monde est incapable de connaître, de voir, et donc d’accueillir. Tout cela n’est pas si rassurant que ça !
Jésus semble nous dire qu’après avoir été mis en accusation par le monde, ce sera notre tour ! Qu’estce que ce « monde » qui nous est présenté comme si hostile ? Ne serions-nous pas tentés, comme chrétiens, comme catholiques, de nous enfermer dans une attitude de victimes en interprétant tout ce qui ne va pas dans notre sens comme un complot contre nous, une machination pour nous nuire, une nouvelle forme de persécution ? Mais une telle attitude serait-elle compatible avec ce que Jésus nous demande quand il nous dit d’aimer notre prochain, quand il pardonne à ses bourreaux qui ne savent pas ce qu’ils font, quand il nous demande d’aimer nos ennemis comme son Père qui fait pleuvoir également sur les justes et sur les injustes ? Assurément non. Et il nous faut résister à la tentation de nous enfermer dans une appartenance ecclésiale qui diviserait l’humanité entre nous, les bons, et les autres, le monde, les méchants… Faute de quoi nous dérivons peu à peu dans le ressentiment, l’agressivité, puis la violence et enfin, soit la guerre sainte, soit le dégout de nous-mêmes.
Quand Jésus envoie ses Apôtres dans le monde, c’est parce qu’il aime ce monde qu’il veut sauver. Ce monde, c’est notre univers, notre environnement. Jésus va jusqu’à présenter l’amour pour les autres comme semblable à celui que nous avons pour lui ! Le pape François, à la suite du saint dont il porte le nom, élargit à l’ensemble de la création notre compréhension de ce « commandement de l’amour », que le Seigneur nous demande d’observer.
Alors qu’est-ce que ce monde avec lequel nous sommes en procès, et pour lequel notre avocat est l’Esprit de vérité ? Le Pape François essaye souvent de le mettre en lumière, et pas d’abord à l’extérieur de l’Eglise, mais en son sein. Dans son exhortation « La joie de l’Evangile », il pousse un grand « NON à la mondanité spirituelle ! » Il s’explique : « La mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien être personnel » (EG n°93). Au n° 98 de son exhortation, il continue en disant : « La mondanité spirituelle porte certains chrétiens à être en guerre contre d’autres chrétiens qui font obstacle à leur recherche de pouvoir, de prestige, de plaisir ou de sécurité économique. »
Vous l’avez compris, le procès entre l’Esprit de vérité et l’esprit « mondain » traverse notre cœur, notre conscience, notre vie, notre foi elle-même… Il ne sépare pas l’humanité entre eux et nous, mais il nous appelle à faire l’unité en chacun de nous-mêmes, en nous décentrant de nous-mêmes, en cessant d’être obsédés par nous-mêmes, par notre réussite, notre puissance ou notre prestige. A quinze jours de la Pentecôte, redoublons d’effort dans la prière, avec l’aide de la Vierge Marie, pour que l’Esprit-Saint, celui qui nous pousse vers la mission, infuse dans nos vies l’Unique amour de Dieu capable de nous faire aimer ce monde où nous sommes envoyés.
Vincent
Jeudi 21 mai 2020 – Solennité de l’Ascension
Lectures de la messe
Lecture des Actes des Apôtres (Ac 1, 1-11)
Psaume 46 (Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9)
Lecture de la Lettre de Saint Paul, Apôtre, aux Ephésiens (Ep 1, 17-23)
Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu (Mt 28, 16-20)
Homélie
Nous fêtons aujourd’hui l’Ascension, selon la description que nous en fait Saint Luc dans le récit des Actes des Apôtres. Saint Marc parle aussi de cette disparition de Jésus au ciel. Mais Saint Jean et Saint Matthieu ignorent cet épisode. Saint Matthieu, nous venons de l’entendre, termine même son récit évangélique avec une parole de Jésus affirmant qu’il est avec nous jusqu’à la fin du monde. Alors, est-il parti ? Ou est-il toujours présent ?
Saint Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, nous propose une piste pour essayer de comprendre. Il parle de recevoir un Esprit de sagesse et d’ouvrir les « yeux de notre cœur » à sa lumière, afin de découvrir la portée réelle de ce qui s’est joué dans la Résurrection de Jésus. Jésus disparaît donc réellement aux yeux de chair, dans la matérialité de son corps. Mais il est présent aux « yeux du cœur ». Cela peut nous paraître un langage un peu abstrait, poétique… Que recouvre cette manière de parler ?
Revenons à cet instant qui marque la fin des apparitions du Christ ressuscité à ses disciples et leur envoi en mission. Que nous disent les auteurs sacrés des disciples eux-mêmes ? Saint Luc précise leur question : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Il faut vraiment s’appeler Jésus pour ne pas désespérer : après tant d’enseignements et de signes de sa part, ils en sont toujours à l’attente d’un chef politique ! Ils n’ont toujours pas saisi la portée bien plus vaste, profonde, du salut apporté par Jésus. Du côté de Saint Matthieu, ce n’est guère plus réjouissant : « Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. » Que leur faut-il donc pour qu’ils croient ? Nous n’avons pas le sentiment d’en demander tant, nous, pour croire…
Cependant, il est remarquable de contempler la patience du Seigneur devant ce qui pourrait le décourager dans le comportement de ses plus fidèles disciples. Il ne les réprimande pas. Il ne leur dit pas qu’ils sont lents à croire, qu’ils ont un esprit sans intelligence. Au contraire, il les prend tels qu’ils sont. Dans le texte des Actes des Apôtres, alors que ceux-ci demandent le rétablissement du Royaume d’Israël, il ne leur dit pas « non ». Juste que cela dépend du projet de son Père, et que lui seul en connaît les échéances. Mais il leur parle aussitôt de leur royauté, non seulement à Jérusalem, en Judée et en Samarie, mais encore jusqu’aux extrémités de la terre. Cette royauté universelle, c’est de témoigner de la souveraineté du Christ dans l’ordre du salut de tous les hommes.
Et dans l’Evangile selon Saint Matthieu, au moment de confier sa mission aux Apôtres, il ne dit pas à ceux qui ont des doutes : « C’est bon, je ne vous retiens pas, vous pouvez partir si vous n’avez pas la foi… » Non, il confie sa mission de manière indistincte à tous les présents, parce que la seule chose qui compte, c’est la promesse de sa présence. C’est elle qui permettra de vaincre les doutes le moment venu.
Autrement dit, Jésus ouvre d’autres perspectives à tous ces hommes à la courte vue. Oui, il disparaît physiquement à leurs yeux, mais pour les yeux du cœur, c’est-à-dire les yeux qui voient les choses et les événements à travers la miséricorde divine répandue sur le monde par la croix du Christ, tout devient nouveau, inédit : la vie prend un sens. Chaque existence prend consistance dans cette relation fondamentale avec Dieu. Chaque histoire, aussi abimée soit-elle, est transformée en un chemin pour la grâce.
L’Ascension, c’est bien sûr la disparition d’un Christ visible matériellement, mais parce qu’il prend la dimension de toute l’histoire de l’univers, et de tous les espaces de la création. Sa puissance de vie, de résurrection vient tout irriguer de notre monde. Que l’Esprit-saint ouvre aussi les yeux de notre cœur afin que nous puissions contempler cette royauté de Dieu en Christ, et en être suffisamment bouleversé pour en devenir nous aussi les témoins !
Vincent
Homélie du 7° dimanche de Pâques (24 mai 2020)
Ac 1,12-14, 1 Pierre 4,13-16 ; Jean 17,1b-11a
Si dans le temps du semi-confinement, vous êtes passés à côté de la fête de l’Ascension, la liturgie de ce dimanche nous en rappelle l’évènement.
Les apôtres ont vu Jésus s’en aller vers le ciel, entendions-nous dans la première lecture .
Dans l’Evangile, on perçoit bien 3 situations de Jésus.
- il est présent « en Dieu ».
C’est ainsi que Jésus parle de la gloire qu’il avait auprès de Dieu avant que le monde existe.
- il est aussi situé comme « envoyé » :
« Je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé ».
- enfin, il est celui qui « retourne » vers le Père :
« Je viens vers toi »
Ces 3 situations de Jésus soulignent le lien, la communion entre le Père et le Fils.
On entend aussi, dans cet évangile, que Jésus n’est pas venu sur terre pour faire un tour de connaissance, une ballade terrestre !
Il est envoyé pour une mission : l’oeuvre que Dieu lui a donné à faire.
Quelle est cette œuvre ?
Faire la volonté du Père. Jésus insiste là dessus.
Il attend de nous, que nous continuions son œuvre.
Ce n’est pas pour rien qu’il nous fait redire dans la prière qu’il nous a transmise :
« Que ta volonté soit faite »
Jésus a tout donné pour cela, jusqu’à se donner lui-même :
« Entre tes mains, je remets mon esprit »
« Tout est achevé » seront les derniers mots de Jésus avant sa mort, dans l’évangile de Jean.
Sans aller jusqu’au martyr, même si l’apôtre Pierre parles de « communier aux souffrances du Christ, d’insultes», continuons l’oeuvre du Père, en faisant sa volonté.
Nous pouvons pour cela compter sur la prière du Seigneur pour nous et sur le don de l’Esprit Saint.
Hier comme aujourd’hui, il y a de multiples manières de faire la volonté du Père.
On peut se dire que chaque fois que nous sommes animés par l’Amour, l’amour du Père et de nos frères, ce que nous accomplissons relève de la volonté Divine.
Nous tous, nous agissons par amour : l’amour du conjoint, des enfants, des parents, nous fait même parfois repousser certaines limites.
L’amour ne fait pas que « donner des ailes » , il nous incite à la générosité, au don de soi.
L’amour est en quelque sorte le carburant de notre vie.
Ce carburant là ne porte pas atteinte à la planète, il peut même l’embellir, en faisant de toutes les nations, un peuple de frères.
Il ne s’agit pas de « mettre un tigre dans le moteur » comme le disait une pub, mais de mettre des signes d’amour dans notre cœur.
Rappelons nous aussi ce message de l’apôtre Paul :
« S’il me manque l’amour, je ne suis rien »
Heureusement que dans les circonstances que nous connaissons, les gestes barrières et les mesures de sécurité n’ont pas empêché la solidarité de se développer, même si elle doit s’adapter sans cesse.
Allez, avec l’aide de l’Esprit Saint, à la suite de Jésus, continuons l’oeuvre du Père, en faisant sa volonté.
Amen
Jean-Marie