Lève-toi, prends l'enfant et sa mère

Homélie du dimanche de la Sainte Famille - 29 décembre 2014

 

Lens, le 29 décembre 2013

Fête de la Sainte Famille

 

Sainte Famille

Reprenons une fois encore le tableau du Synode (diapo 1). Ce n’est pas que je manque de confiance en vous, mais il paraît qu’en communication, il faut redire plusieurs fois les choses pour que l’on retienne un message. Donc je me permets de répéter qu’il s’agit du tableau que les évêques des trois diocèses du Nord ont fait réaliser à l’occasion du Synode provincial. Pendant deux ans, une large consultation est lancée auprès des fidèles pour réfléchir à l’avenir des paroisses. La semaine prochaine, à l’occasion de l’Epiphanie, vous recevrez le questionnaire, et, s’il vous plaît, vous prendrez le temps d’y répondre seul, ou mieux, avec d’autres personnes. Pourquoi pas les membres de vos familles, vos amis, les personnes que vous côtoyez dans vos associations ou services d’Eglise ? Vraiment, votre participation est essentielle. Mais on vous le redira la semaine prochaine, parce qu’il paraît qu’en communication…

Cette fois, nous nous arrêtons sur les trois personnages centraux du tableau (diapo 2). Une femme portant un enfant est suivie par un homme tout joyeux. Appelons-les Marie, Joseph et l’enfant Jésus. La Sainte Famille est présente au cœur de notre tableau. Mais ne trouvez-vous pas qu’il y a une certaine ressemblance entre cette famille et… celle-ci (diapo 3), ou celle-là (diapo 4), ou encore toutes celles-ci (diapos 5 à 13). Il manque des photos mais vous avez là un bel échantillon des mariages célébrés au cours de l’année dans la paroisse Saint François d’Assise. Je crois qu’il y a une jolie ressemblance entre la famille de Jésus et tous ces nouveaux foyers. Quand je dis « nouveaux foyers », celui de Marie-Thérèse et Marcel (diapo 14) l’est encore après 67 ans de mariage ! C’est magnifique ! Quel beau témoignage ! (Applaudissements)

La première ressemblance entre tous ces couples et celui du tableau (diapo15), c’est la joie. Joseph est fou de joie. Il danse en agitant les mains en l’air. L’ange avait annoncé à Joseph qu’il devrait veiller sur le Fils de Dieu. Il sera responsable de la sécurité de l’enfant et de sa mère. Il devra prendre des décisions comme quitter le pays et partir en Egypte. Il lui faudra rester attentif à la famille, donner une éducation, apprendre un métier à l’enfant de Marie qu’il aimera comme son propre fils. Joseph est comblé, comme vous les papas ou les futurs papas ! Comme vous les époux ! Par le mariage, vous vous êtes engagés à chérir et protéger votre femme et vos enfants. Et par le mystère du sacrement, vous avez reçu la force d’accomplir cette mission fidèlement et toujours. La joie est aussi celle des épouses et mamans. Sur le tableau, on voit Marie porter l’enfant sur son sein. Elle l’embrasse et le nourrit. Le lait maternel est bien plus qu’une nourriture pour le corps. Le lait maternel, c’est aussi la tendresse, les baisers, les câlins. On comprend la joie des mamans, ou des futures mamans, qui se laissent attendrir par les sourires des enfants. C’est beau (12 clics sur la diapo 15).

Il y a la joie, mais aussi la confiance. Sur le tableau, nous voyons les deux personnages en train de marcher, d’avancer. Ils partent ensemble dans une direction et leurs visages montrent qu’ils n’ont pas peur. Comme pour tous les couples, au moment de prendre la route, ils ne savent pas ce que l’avenir leur réservera. Mais ils savent qu’ils peuvent compter sur leur amour mutuel. Chers couples mariés, vous leur ressemblez parce que vous misez sur l’avenir. Vous vivrez toujours ensemble… Pendant 67 ans, et même plus ! (13ème clic sur la diapo 15)

J’aimerais vous montrer cette photo de mariés (diapo 16). Coralie et Cédric se sont mariés il y a 5 ans. Ils ont un petit garçon, Baptiste, qui, comme tous les enfants du monde, est adorable ! Regardez comme cette photo est belle. Esthétiquement, elle est très réussie. Et puis, elle est originale. Comme tous les autres, ces deux mariés montrent aussi leur très grande joie. Les bras levés, on dirait qu’ils dansent. On dirait qu’ils valsent. Leurs sourires sont immenses. C’est vraiment une très jolie photo.

J’aimerais aussi vous en dire sa profondeur théologique… Regardez, on dirait que Cédric est comme le Christ en croix. Et Coralie est venue épouser cette croix. Mes amis, lorsque nous avons célébré votre mariage, nous avons dit cette prière : « Dieu, tu as sanctifié les noces par un si grand mystère que tu en as fait le sacrement de l’alliance du Christ et de l’Eglise… » L’Epouse du Christ, c’est l’Eglise, la communauté des croyants. Jésus se donne pleinement à cette Eglise. Il donne tout son amour, comme un époux se donne à son épouse. Rappelez-vous : « Je me donne à toi… ». La photo que vous voyez ici dit combien le Christ, l’Epoux, se donne joyeusement et totalement à celle qu’il aime de tout son cœur, de tout son corps et de tout son esprit. La chemise ouverte du marié ressemble à la tunique arrachée de Jésus crucifié. Le Christ n’a rien gardé. Il s’est dépouillé. Sur la croix, il est nu. Il n’y a rien de honteux. L’acte d’amour vécu dans la vérité est don de soi, absolue dépossession. Les mariés, lorsqu’ils se donnent l’un à l’autre, ne cherchent pas à posséder l’autre. Ils se font pauvres, accueillants à l’autre. L’amour n’est pas emprise, mais soumission, ce qui est bien différent de la servitude.

Lorsque Saint Paul écrit : « Femmes soyez soumises à vos maris », il ne les exhorte pas à devenir inférieures. Tout de suite l’apôtre ajoute : « Et vous les maris, aimez vos femmes. » C’est-à-dire : « Respectez-là ! Considérez-là comme votre égale. » Autrement dit, chers époux, soyez soumis l’un et l’autre aux désirs, aux projets, aux choix de l’autre. Servez l’autre humblement dans les moindres gestes du quotidien. N’oubliez pas le café du matin, le bouquet de fleurs du dimanche, le cadeau sans raison, la prière pour l’autre le temps du repassage, le « Je t’aime » écrit sur les post-it du frigo… Que votre cœur soit toujours tourné vers le Christ ou l’Eglise que vous côtoyez à travers votre conjoint. L’Eglise peut aussi vous proposer des mouvements tels que les Equipes Notre Dame pour soutenir votre couple et votre famille.

Chers époux, écoutez-vous. Ecoutez-vous en profondeur. Et dans les moments de désaccord, pardonnez-vous. Cessez de vous demander si c’est à votre tour de faire le premier pas. Depuis quand l’amour compte ses bonnes œuvres ! Lorsque l’amour devient comptable, il n’est plus l’amour ! Croyez-vous que le Christ compte nos fautes avant de nous pardonner ? Par le sacrement que vous avez reçu, vous êtes, ensemble, une icône du Christ époux de l’Eglise. Vous êtes les témoins d’un Dieu qui aime l’homme au point de lui donner sa vie.

Oui, « Homme et femme il les créa. A sa ressemblance, Il les créa. » Regardez encore cette magnifique photo. Elle a été prise dans un lieu splendide, sur la plage. On y voit le ciel, la terre, la mer, et la lumière du soleil. Tous les éléments. L’homme et la femme dominent. Ils sont, ensemble, le sommet de la création de Dieu. Différents l’un de l’autre, ils ne cherchent pas la fusion mais l’équilibre. Ensemble, ils rappellent que le Créateur est trois fois saint. Les trois personnes de la Trinité s’aiment d’un amour intense et de cette circulation d’amour jaillit la création.

« Homme et femme ils furent créés » pour qu’à l’image de Dieu, ils engendrent la vie. Amis jeunes mariés, éternels jeunes mariés, portez du fruit ! Vos enfants sont évidemment les premiers signes visibles de votre amour. Mais fonder une famille, témoigner de l’amour de Dieu pour l’humanité, ne consiste pas simplement à mettre au monde des enfants. Chers couples, votre vocation est de faire grandir l’amour au sein de la société, au cœur du monde. Vous avez la lourde et magnifique charge d’éduquer vos enfants, non pour qu’on les admire, non pour qu’ils deviennent des mini-miss ou des pseudo-stars, mais pour qu’ils deviennent des hommes et des femmes droits, capables de fidélité dans leurs engagements, acteurs dans la cité, disciples du Christ en faisant tout pour lutter contre les inégalités. Chers parents, futurs parents, et chers grands-parents (car la mission n’est jamais finie), par le sacrement de mariage, vous vous êtes engagés à élever des enfants. Prenez exemple sur Marie et Joseph. « Elever », le mot est beau. Faire grandir. Non pas en tirant avec force sur les jeunes pousses que sont vos enfants, mais en arrosant quotidiennement leur vie de votre fidélité et de votre amour mutuel. En leur disant souvent combien vous les aimez. En leur faisant confiance. En les responsabilisant. Ne dites jamais à vos enfants qu’ils sont incapables. Au contraire, révélez-leur leurs nombreux talents. Dites-leur qu’ils sont beaux. Pour autant ne cédez pas à tous leurs caprices. Un adolescent a plus besoin de repères que de laxisme. Soyez justes. Et sachez leur demander pardon quand, ensemble, vous estimez avoir fait une erreur.

Il y a des enfants et des jeunes dans cette assemblée. Vous avez entendu la lettre de Saint Paul : « Enfants, respectez vos parents ! » Amis jeunes, vous avez le cœur généreux. Vous savez agir pour les autres. Mais quelques fois, vous êtes difficiles à comprendre. Je me permets de dire que la tentation peut être grande pour vous de profiter d’un moment de fatigue de l’un ou l’autre parent. Vous n’en avez pas le droit ! Vous êtes aussi responsables de l’unité familiale. Cessez les enfantillages. Quand le Christ met en valeur les enfants, c’est pour rappeler que tous nous devons accepter nos faiblesses et aussi les limites des autres. Cessez de vous croire tout-puissants ! Il y a des toutes-puissances destructrices. De fait, aimez vos parents, vos frères et sœurs. Parmi vous beaucoup vivent dans des familles recomposées. Continuez de favoriser l’unité entre tous. Aidez vos parents à reconstruire leur vie déjà trop blessée.

Mes amis, concernant la famille, j’ai beaucoup trop de choses à dire… Pourtant, il faut que je m’arrête. Juste un mot encore. Il s’adresse aux personnes seules. Certains et certaines d’entre vous connaissent le veuvage. Vous savez que l’amour reçu de votre conjoint est éternel. L’amour est plus fort que la mort. Et vous qui vivez l’état du célibat, sachez que votre vie porte du fruit. La beauté d’une vie se mesure aux choix que l’on pose. Certains d’entre vous n’ont pas fait la rencontre d’un autre à aimer particulièrement. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de choix. Au contraire, votre choix est d’aimer autrement aujourd’hui, mais tellement intensément. Merci pour les fruits d’amour que vous portez. Merci pour la famille humaine que vous construisez.

Oui, merci à tous, amis jeunes mariés, éternels jeunes mariés, parents, enfants, personnes célibataires,… Merci d’oser le projet de l’Eglise. Pour le redire autrement, parce qu’il paraît que pour communiquer il faut savoir se répéter : Merci d’oser vivre en Sainte Famille ! (diapo 17, double clic pour finir sur l’icône de la Sainte Famille)

Abbé Xavier

 

Article publié par Chantal Erouart - • Publié • 2478 visites