Pour un anniversaire

Eglise Saint-Léger - Homélie du 2ème dimanche de Carême

 

Pour un anniversaire

 

 

transf%20logo%202 transf%20logo%202  Mes amis, je vous avertis tout de suite, ce ne sera pas une homélie ordinaire. J’ai copié Paul Eluard et l’ai intitulée : « Pour un anniversaire ». Je pense qu’elle vous surprendra autant qu’elle m’a surpris alors que je l’écrivais au plein milieu de cette nuit. Peut-être était-ce une illumination au milieu des ténèbres ? Espérons.

 

Je commence par vous inviter à un double rendez-vous.

 

Le vendredi 9 mars, à partir de 16 heures, les prêtres du doyenné vous proposent une veillée de réconciliation. Elle se déroulera dans cette église et vous pourrez, si vous le souhaitez, recevoir le sacrement de la miséricorde divine. L’animation sera simple : les textes et les chants aideront chacun à faire un chemin de pardon. Vous recevrez cette invitation à la sortie de l’église.

 

Le lendemain soir, le 10 mars, c’est moi qui vous invite. Ce jour-là, je rentrerai dans ma 50ème année. Et oui ! Cela ne se fait pas, mais je vais vous demander de me faire un cadeau. Je vous avais prévenus que cette homélie ne serait pas ordinaire ! Oui, je vous demande un cadeau. Un seul cadeau. Je ne vous demande ni carte, ni SMS, ni mot. Surtout pas d’argent. Pas même un gâteau. De toute façon, c’est Carême ! Je vous invite à venir prier et adorer, entre 20 heures et minuit, dans l’oratoire de la Maison Nicodème. Et si vous ne pouvez pas venir jusque-là, de consacrer, depuis chez vous, quelques instants à la prière. RIEN d’autre. C’est clair.

 

Et voilà les trois intentions de prière que je voudrais que vous portiez ce jour-là.

 

D’abord, puisque ce sera le jour de mémoire de ma naissance, très égoïstement, et bien humblement, je vous demanderai de prier pour moi. Pour que je renaisse. Pour que je naisse autrement. Pour que je reçoive une grâce particulière. Pour que, comme Nicodème, je naisse une seconde fois. Que je sois avec vous un homme de paix, qui envisage les gens comme des personnes. Que je sois fidèle au Christ et présent aux pauvres. Que je sois atteint par l’Evangile. Brûlé par la lumière de la Résurrection. Que je fasse avec vous l’expérience d’une transfiguration. Que je me convertisse. Pour que l’amour m’envahisse. Je voudrais terminer mon premier demi-siècle de vie par une année remplie de joie et de paix.

 

Pardon d’avoir commencé par cette intention. Vous voyez, j’ai besoin que l’on prie pour moi, tellement je suis vaniteux.

 

La deuxième intention de prière est pour les vocations. Notre monde et notre Eglise ont besoin de prêtres. Nous avons besoin de religieux et de religieuses, d’hommes et de femmes qui consacrent la totalité de leur vie à la prière. Nous avons besoin de lumière. Le monde est beau. Je le crois de toutes mes forces. Beau, parce que créé par Dieu et embelli par l’activité humaine. Mais le Diviseur, le Satan, s’emploie à détruire, à casser, à mettre les ténèbres. Et il sait y faire ! Tous, nous avons le devoir de lutter contre le Tentateur qui, insidieusement, nous persuade que nous avons raison. Il se sert toujours de nos meilleures aspirations. Il est futé, il est malin. Tous nous devons prier. Plus que jamais. Mais il nous faut aussi des guides, des « professionnels » de la louange. Des êtres entièrement donnés à la Parole. Des donneurs de sacrements. Non pas des magiciens réparateurs, mais des sanctificateurs de vie. Il nous faut des êtres de lumière qui empêchent les ténèbres de se répandre, de noircir les cœurs, le moral, les esprits. Il nous faut des êtres de feu pour lutter contre les dépressions. Des fous amoureux de Dieu pour encourager et soutenir les couples à tenir dans la fidélité, pour aider les travailleurs à retrouver le sens de l’entreprise. Pour que tout homme soit toujours respecté et aimé. En tout lieu. En toute situation.

 

Oui, je vous invite à prier, le 10 mars, pour que Satan recule, tombe de son piédestal. Qu’il prenne une nouvelle déculottée. Il croit, cet orgueilleux, qu’il peut encore vaincre l’Eglise et le monde. Il n’admet pas qu’il a perdu par la mort et la résurrection de Jésus. Le Diable ne sait pas, ne veut pas reconnaître, la puissance de la prière. Nous allons la lui montrer. Les oreilles de ceux que Dieu ne cesse pas d’appeler vont soudainement se déboucher. Dans une nuée mystérieuse, comme pour Pierre, Jacques et Jean, une voix viendra leur demander de dresser leur tente dans le cœur de Dieu.

 

Le 10 mars, le lendemain d’une soirée de réconciliation vécue communautairement, je vous invite à prier pour une troisième intention : la paix !

 

Oui, je sais, on en parle beaucoup depuis le début de l’année, en vue du rassemblement d’avril « Faites la paix ». Je vous invite à venir prier pour elle... On n’en peut plus de la guerre en Syrie. On n’en peut plus de nous en accommoder, de ne même plus ressentir d’émotion tellement nous sommes habitués à entendre aux informations que des enfants, des civils, des soldats, des hommes et des femmes sont tués. On n’en peut plus des bombes et des sauvageries. De même, on n’en peut plus d’entendre qu’un jeune homme entre dans une école et fusille ses anciens camarades de classe. Que l’unique réponse proposée pour lutter contre un tel fléau soit d’armer les professeurs, alors qu’il faudrait éduquer les cœurs en vivant la charité. Il est temps de rééduquer les cœurs à la paix. On n’en peut plus des conflits dans la région des grands lacs d’Afrique. Bien sûr, on en parle moins. Il faut dire qu’il y a moins d’argent ! Pourtant combien de ravages et d’injustices ?

 

Il est temps que la justice et la paix adviennent, partout. Là-bas, et ici aussi. Dans nos familles. Dans nos communautés. Tellement de broutilles, de divisions, d’incompréhensions. Ah, il rit le Malin lorsque nos SMS ou nos regards ou nos attitudes de repli sur soi ne font que dégrader les relations. Seule la prière devant le Prince de la paix peut rétablir la vérité et les situations. Seule la prière puissante de demande en pitié peut réveiller les cœurs. Seule l’imploration du Dieu Amour peut nous sauver.

 

Le 10 mars, je nous invite à venir prier pour la paix. La paix dans le monde et la paix avec nos mondes.

 

Mes amis, je ne sais si cette homélie nous fait comprendre le mystère de la transfiguration. Cette nuit, je me suis laissé guider par un élan du cœur. J’espère ne pas vous tromper. J’espère servir la Parole. Vous l’aurez compris : je me fiche éperdument de mon anniversaire. Je crois que chaque jour est un jour de naissance. Que chacun d’entre nous, nous avons tout ce qu’il faut dans nos cœurs pour changer le monde. Je ne me sers de la tradition de fêter les années que dans le but de nous interpeller. Je vous demande le cadeau de la prière.

 

Jour après jour, je prie Dieu qu’il nous transfigure et nous mène à la paix.

 

Abbé Xavier