Recevoir le corps de Jésus

Homélie de la fête de l'Ascension du 29 mai - 1ères eucharisties à Saint Auguste

 

Recevoir le corps de Jésus

 

Les enfants, je sais bien que c’est votre fête aujourd’hui, mais est-ce que cela vous dérange si je commence par dire un mot à vos parents et à vos catéchistes ?... Non ? J’en étais sûr. Merci.

 

Chers parents, vous avez de beaux et bons enfants. Vous avez le droit d’être fiers d’eux. Ils sont généreux aujourd’hui, parce que vous leur avez donné le sens des autres, le sens du partage. J’imagine bien qu’ils ne sont pas toujours aussi sages que vous le souhaiteriez. Mais, et j’ai en mémoire la célébration du pardon et les aveux des enfants, ils savent reconnaître leurs torts et demander pardon. Malgré leur jeune âge, ils font déjà preuve d’une jolie maturité spirituelle. Merci, chers parents, d’éduquer vos enfants dans la foi de l’Evangile. Merci de prier avec eux. Vous leur donnez, avec votre amour, les meilleures ressources pour affronter la vie et devenir des hommes et des femmes bons et honnêtes.

 

Quant à vous, amis catéchistes, j’aimerais dire ceci… Que serait l’Eglise sans votre engagement ? Vous n’aimez pas que l’on braque les projecteurs sur vous, parce que le service que vous vivez se veut discret. Simplement, merci pour votre fidélité. Il est vrai, et vous le dites, que vous éprouvez du bonheur à accomplir votre mission. Vous recevez beaucoup des enfants. Vous dites souvent recevoir plus que vous ne donnez. Comme vous donnez beaucoup, vous devez être incroyablement comblés !

 

Voilà qui nous mène à l’Eucharistie ! Recevoir et donner. Et cette fois je m’adresse à vous les enfants. Pour la première fois, vous allez recevoir le Corps de Jésus. Vous avez pris le temps de vous y préparer, notamment lors du temps fort à Avion. C’était encore un beau moment. D’ailleurs, il y a en a eu beaucoup de beaux moments, ici ou pour vous trois, à Grenoble : le pèlerinage à Lisieux l’année dernière, la messe rando, les rencontres avec les personnes âgées,… et toutes les rencontres du mardi ou du mercredi…

 

Vous allez recevoir le Corps de Jésus… Autrement dit : recevoir le cœur de Jésus. Et ainsi pouvoir aimer comme il aime. Aimer jusqu’au pardon. Aimer les amis, et les ennemis. Ne pas se venger, mais choisir la douceur et la réconciliation. Recevoir le cœur de Jésus nous oblige à donner le meilleur de nous-mêmes pour chacun. Non par devoir parce que l’on serait puni si on ne le faisait pas. L’obligation ici n’est pas un devoir, mais une conséquence. On ne peut pas faire autrement ! Quand on reçoit le cœur de Jésus en vérité, on ne peut que vouloir laisser battre ce cœur en nous. Alors notre propre cœur se dilate, il devient tout brûlant. Nous devenons des hommes et des femmes de charité. Doucement, l’amour que nous avons pour les autres devient plus pur, plus sincère, plus conciliant aussi. Nous recevons le cœur de Jésus, et nous le donnons au monde qui nous entoure. Mais ce n’est peut-être pas nous qui le donnons… C’est Jésus qui se donne lui-même à travers nous. Nous le recevons, pour qu’il se donne à d’autres encore. Dans l’Evangile, on vient de lire : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Nous ne ferons des disciples que dans la mesure où le Christ demeurera en nous, que dans la mesure où nous communierons à son Corps.

 

Recevoir le corps du Christ, c’est aussi recevoir ses yeux et son regard. Comme Jésus, savoir s’émerveiller des œuvres de Dieu. Avec Jésus pouvoir dire : « Je te loue Père d’avoir révélé cela aux plus petits… ». Jésus regarde le monde et les gens et il discerne la présence de son Père dans les attitudes des plus humbles. Jésus pose un regard d’Espérance sur les personnes. Quand nous recevons le Corps de Jésus, nous sommes entraînés dans ce mouvement de contemplation. Ceux qui nous entourent deviennent beaux. Avant, nous pouvions juger tels ou tels, et les trouver médiocres… Mais avec le regard de Jésus, nous sommes soudainement éblouis par le sourire des gens, par la beauté des individus, par la face cachée des personnalités. Avec les yeux de Jésus, nous voyons plus en profondeur, plus en vérité. En tout homme se cachent des trésors de bonté, des talents inouïs. Parfois, certaines personnes ne se trouvent pas belles. Elles ont une mauvaise estime d’elles-mêmes, un manque de confiance en elles. Et nous, grâce au Corps de Jésus que nous avons reçu en communion, grâce aux yeux et au regard de Jésus, nous pouvons leur dire combien elles se trompent. Parce que Jésus ne voit pas d’abord le péché, l’erreur ou la faute… Jésus voit d’abord l’autre comme un frère, un ami, un proche, un enfant aimé de son Père, le créateur, le donneur de vie. L’autre est un don sacré de Dieu, une perle de vie, un joyau sur la couronne du Roi de l’univers.

 

Dans la même logique, recevoir le corps du Christ, c’est recevoir les oreilles et la capacité d’écoute de Jésus. Avec lui, entendre les joies des amis. Et se réjouir des grands comme des petits évènements heureux. Vibrer d’émotion lorsque l’on annonce les nouvelles. Pleurer de joie, ou de peine. Etre proche, tellement proche que l’on ressent l’allégresse ou la douleur de l’autre, des autres. Entendre les cris de nos voisins autant que ceux des hommes et des femmes les plus lointains. Etre meurtri lorsque l’autre, le frère, l’étranger est abimé dans sa chair, dans sa dignité d’homme. Notre évêque a écrit ceci à propos des migrants dont on vient de détruire le camp à Calais : « Le scandale n’est pas fondamentalement dans la démolition de ces camps improvisés, mais dans les raisons de leur apparition. Jusqu’à quand se poursuivra sur nos rivages un déni d’humanité qu’une sournoise indifférence s’efforce de cacher ? Il n’y a pas des migrants dont l’errance gêne et dérange. Chacun d’entre eux a un visage, porte une histoire, crie une souffrance, fuit une détresse, redoute une persécution. Aucun être humain ne se coupe de son pays, de sa famille, de sa culture, de sa dignité sans y être poussé par d’impérieux motifs. D’autres êtres humains peuvent-ils à leur égard demeurer sourds et aveugles ? ». Quand on communie, on entend le monde comme Dieu le souhaite et on se met à le construire selon son projet. On veut construire une immense fraternité.

 

Mes amis, vous comprenez que l’on pourrait poursuivre en disant que lorsque l’on reçoit le corps de Jésus, on reçoit aussi sa bouche pour parler au monde et dénoncer les injustices, ou pour chanter les merveilles que réalisent un grand nombre de saints aujourd’hui. Recevoir ses mains pour transformer le monde. Pour apaiser, guérir, caresser, servir, rassurer. On reçoit le corps de Jésus et Jésus se donne à travers nos actions. Et plus on le reçoit, plus il se donne.

 

Chers enfants, vous avez une vie entière devant vous. Communiez le plus souvent possible afin que, par vous, Jésus soit offert au monde. Vous portez la belle responsabilité de l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aujourd’hui auprès de vos amis, et demain dans tous vos lieux de vie. Seul Jésus que vous recevez en communion peut assumer, en vous et par vous, cette mission magnifique. Avec Lui et par Lui, vous élèverez le monde jusqu’à Dieu. Aujourd’hui, nous fêtons l’Ascension. Jésus monte vers le Ciel, vers son Père. Avec toutes celles et tous ceux qui communient à son Corps, il entraîne la terre vers le ciel, les hommes vers Dieu.

 

Pour conclure, je pense à une chanson que vous connaissez. C’est un chant du KT. Dans de nombreuses familles, on le chante aussi avant le repas du dimanche, en bénédicité. Vous pourriez le chanter tout à l’heure avant de commencer le repas. Déjà, je vous invite à reprendre ce chant avec moi, et pourquoi pas à le gestuer : « Bénis Seigneur les fruits de la terre, la vie de tes enfants, le pain de l’amitié. (bis)

 

Ouvre mes yeux sur le monde, mon cœur pour mieux l’aimer, mes mains pour le servir. (bis). Bénis… »

Abbé Xavier

Article publié par Chantal Erouart - • Publié • 2561 visites