Les chefs d'établissement catholique du Ternois souhaitaient organiser dans leur école un temps pastoral « autrement ». Se rendant compte qu'ils avaient la même préoccupation, ils ont mis sur pied un temps fort unique, les dix école confondues. Le choix d'Amettes semblait très naturel.
La première intuition était de proposer la sortie aux plus grands. Mais les catéchistes souhaitaient une démarche dans la durée. Une proposition aux CM2 aurait concerné des élèves qui seront ailleurs l'année suivante. Les CM1 ont dans leur parcours d'année la préparation de la première eucharistie. Finalement, le choix de proposer l'animation aux CE2 semblait logique. L'expérience d'un pélerinage nourrira certainement leur démarche vers la première eucharistie de l'année suivante, en CM1.
« Marcher, respirer, parler… C'est bon pour la santé. Mais c'est bon aussi parce que ça permet d'être ensemble ». Loane, élève de CE2 venait de faire l'expérience de sa première marche, de son premier pèlerinage. Elle venait de passer une journée à Amettes avec cent soixante-cinq élèves de CM2 des dix écoles catholiques du secteur du Ternois.
Le chemin intérieur
Les autocars ont déposé les écoliers à l'entrée d'Amettes. Ils venaient de Saint-Pol, Frévent, Humière, Fruges, Pas-en-Artois, Auxi-le-Château, Avesne-le-Comte, Hesdin, Saulty et Pernes. Ils ont été rejoints par les élèves de l'école Saint-Benoît d'Amettes. Ensemble, ils ont marché jusque l'abri du pèlerin. Marguerite Leclercq, responsable de l'animation pastorale de l'enseignement catholique du premier degré, a mesuré l'importance d'une telle démarche : « Ils se sont rendu compte qu'en marchant, ils ont fait aussi un chemin intérieur. Ça leur a permis de vivre un temps pastoral original, de rencontrer des enfants du même âge qui viennent de lieux différents… »
Chaque école avait confectionné une lettre de l'alphabet. Les lettres ont été appelées une à une pour que les écoles se présentent. Au final, on pouvait lire : Benoit Labre. Pour compléter la démarche commune, chaque école avait reçu une pièce de puzzle. Une fois le puzzle assemblé, il reproduisait un vitrail de l'église qui représente saint Benoît sur les chemins.
Après ce moment de présentation, les enfants sont partis dans Amettes à la découverte de saint Benoît et ont participé à des ateliers ou à des jeux. Ils ont ensuite eu la surprise d'entendre le témoignage d'un pèlerin de Compostelle. La majorité des enfants ne s'imaginaient pas qu'au XXIe siècle, des passionnés pouvaient encore parcourir des milliers de kilomètres à pied. « J'étais professeur d'éducation physique à Saint-Joseph d'Arras, a expliqué Aimé Top, le pèlerin.. Au moment de ma retraite, j'ai souhaité dire merci pour 36 années de bonheur à enseigner. Un simple cierge dans une église ne suffisait pas. Une simple neuvaine non plus. Après avoir vu un documentaire sur les chemins de Compostelle, je me suis décidé à partir. C'était une façon d'unir une démarche de foi et une démarche sportive. Que l'on soit croyant ou pas, sur le chemin, on médite. Le fait de méditer, c'est penser aux autres et c'est penser à soi-même. Pendant les deux mois de mon voyage, j'ai appris à relativiser les choses ».
Le recteur du Lieu, le père Fabian Lenglet a conclu la journée en donnant le sens d'un pélerinage : « En marchant, vous avez prié, vous avez entendu les oiseaux chanter et Jésus est venu dans votre coeur. Maintenant, quand vous entendrez les oiseaux chanter, vous saurez que Jésus est avec vous, toujours, sur votre chemin ».
Jean Capelain