Abbé Paul Brisbout - biographie

Communiquée par la Mission de France

L'abbé Brisbout lors de la Fëte de la Paroisse en juin 2010 Lors de la Fête de la Paroisse en juin 2010  
L'abbé Brisbout lors de la Fëte de la Paroisse en juin 2010
L'abbé Brisbout lors de la Fëte de la Paroisse en juin 2010
Paul est né il y a juste 85 ans à Blaringhem, dans le Nord.

Ses parents étaient de petits cultivateurs. A l’occasion de l’année sacerdotale récente, il écrivait dans le journal de sa paroisse : « C’est au collège d’Aire-sur-la-Lys, en seconde, grâce à une équipe de la JEC et à son aumônier, que j’ai vécu une expérience très forte : la découverte de Jésus, vécue dans une cellule d’Eglise jeune où se vivait une amitié très forte. L’aumônier, un jour, m’a demandé : « As-tu pensé à être prêtre ? »

 

Je n’y avais pas pensé, mais l’idée a fait son chemin et c’était dans le prolongement de ce que j’avais découvert en équipe JEC. Je suis rentré au séminaire et j’ai été ordonné prêtre le 2 juillet 1950. J’ai été nommé professeur au collège Ste Marie où j’avais été élève. Pour garder son autorité, la consigne était : ‘pas de familiarité avec les élèves, garder ses distances, les vouvoyer’ ; ça m’apparaissait d’autant plus dur que j’aurais bien voulu jouer au foot avec eux. Mais le look jeune prêtre (j’avais 25 ans) m’attirait beaucoup de jeunes et j’étais leur confident, leur confesseur. Des collègues professeurs chevronnés m’ont ouvert à d’autres disciplines : sciences naturelles, littérature, poésie, art, théâtre. Je continuais ainsi ma formation de jeune professeur.

 

Pendant 13 ans, tout en étant professeur, j’étais aumônier de la JAC (le futur MRJC) et je m’y épanouissais. Aussi, après ces 13 ans, j’ai demandé à être à plein temps dans l’Action catholique rurale. La grande innovation était de voir des jeunes prendre en mains leur vie de loisirs et de travail, de rendre l’Eglise plus vivante, par la messe en français et des chants renouvelés. Mais on pressentait des changements plus profonds. Mai 68 allait passer par là. Après Vatican II, l’Action catholique honorait cette dimension : Dieu, on ne le trouve pas seulement à l’Eglise, mais aussi en s’investissant dans la vie où se joue l’activité humaine. Le chrétien ne s’évade pas du monde, mais au nom de l’Evangile s’y enfonce comme le levain dans la pâte. Quant à moi, en 1969, pour ne pas être déconnecté de cette vie, quand j’ai été nommé curé de Campagne-les-Hesdin, j’ai repris un travail à mi-temps comme animateur des salariés agricoles sur le département, avec l’ASVPA (Association de salariés de l’agriculture pour la vulgarisation du progrès agricole). »


Paul sera syndiqué à la CFDT et participera à la commission nationale pour les animateurs de l’ASAVPA. André Mannechez, un de ses frères d’équipe, précise : « Son travail à l’ASAVPA était très important pour lui ; c’est grâce à elle que la Mutualité sociale agricole (MSA) a permis par exemple à une dizaine de femmes de salariés agricoles de passer le permis de conduire. »


C’est aussi en 1969 que se créent les équipes associées à la Mission de France dans le diocèse. Paul s’y engage avec trois prêtres amis, qui avaient tous trois le prénom d’Edouard, ainsi que des religieuses. Dans les années 80, il sera rejoint par André Mannechez, Josette Lemoine, Henri Hendriks et Liliane Donneger. Josette témoigne : « A Campagne, son presbytère était ouvert jour et nuit. Il accueillait souvent des personnes en difficulté, dont parfois des jeunes sortis de prison. Il savait nous faire prier comme nous faire aimer les choses de la nature ou entrainer les gens un peu moroses.

 

Un jour, en rentrant d’une rencontre Mission de France à Paris, il déclare : ‘On nous a dit d’aller dans le monde, eh bien allons-y,entrons dans ce café !’ Il était simple et droit. Pour moi c’était un saint. » André Mannechez confirme : « Paul était toujours là pour la défense des plus petits. Dans les années 80, il y a eu des licenciements dans une papeterie. Un comité de chômeurs s’est constitué, Paul l’a soutenu et nous sommes montés tous les deux à Paris avec des chômeurs pour une manifestation ». Liliane Donneger participera avec lui et André à la création d’une association intermédiaire ‘Relais-emploi-solidarité’ sur le Ternois. Liliane témoigne : « Pour mon mari et moi, Paul a été l’aiguillon qui nous a poussé à nous engager dans la commune et dans la paroisse. »


En 1988, Paul rejoint Frévent (62) et tout de suite il travaille à la création d’une nouvelle équipe associée à la Mission de France, où se retrouveront Jan Was, Dominique Dourlens, Jacky Cabuzel, Pierre et M-Thérèse Fouchez, Marie-Nelly Lombard. Cette équipe accueillera l’un ou l’autre des prêtres diocésains arrivé dans ces paroisses au gré des nominations, des religieuses ou des laïcs en responsabilité. Très rapidement aussi Paul quittera le presbytère pour aller habiter en quartier ouvrier.
Paul a toujours participé activement aux rencontres régionales de la Mission de France. Il trouvait son soutien spirituel à la Mission de France et dans le mouvement de spiritualité GEM (Cor Unum).

Pour l’assemblée générale de la Mission de France en 1997, Paul écrit la profession de foi qui suit et qu’il intitule : Mystère pascal et sacrement du frère.
 

  • « Expérience première d’une amitié de quelqu’un de Vivant, rencontré dans une équipe JEC à 17 ans avec l’Evangile lu ensemble et seul, dans une liturgie appropriée, dans une action pour changer l’école.
     
  • Expérience de décapage et de solitude au séminaire, mais soutenu par l’amitié de ceux qui sont partis avec moi. Expérience de la fragilité de ce lien au Christ, chaviré par un amour de femme, mes points d’ancrage balayés … J’ai touché le fond, souhaité la mort. Il a fallu deux ou trois ans pour remonter.
     
  • Expérience qu’il y a quelqu’un au fond du trou, retrouvé après avoir prié, crié ‘creuse, creuse en moi quelque chose’. Je ne dis plus : ‘Je crois en la Résurrection’, mais : ‘Je crois qu’Il m’a ressuscité avec Lui.
     
  • Expérience de n’avoir pu m’en sortir que grâce aux autres : J’ai parlé, toujours parlé, comme conseiller spirituel, en équipe, comme pour exorciser la souffrance, appeler la lumière. Je crois au sacrement du frère. 
     
  • Cette expérience à travers laquelle je suis passé me donne foi en cette présence du Christ en tout homme dans son mystère de Mort et Résurrection. Toute réalité humaine, en respectant la vérité de ce qu’elle est, son épaisseur, sa finalité, est traversée par la puissance de la Résurrection. A chaque fois qu’agit le mystère de l’Incarnation (les limites, les étroitesses, la vieillesse, les emmerdements), le mystère de la Résurrection vient s’accoler … La mort étant le dernier emmerdement, mais traversé déjà de Résurrection. »

 

Atteint d’un cancer depuis plusieurs années, Paul alternait les chimiothérapies. Il n’avait pas pu venir à Pontigny en juin pour fêter ses 60 ans d’ordination. Il y a quelques jours, Danièle Courtois et Catherine Thierry le visitent à l’hôpital de Doullens : « Il parle avec difficulté, puis peu à peu avec beaucoup d’efforts, il communique avec une grande lucidité : ‘Avez-vous des nouvelles des copains ?’ Il remercie pour une carte reçue et enchaine sur des souvenirs communs. »
 

Paul décède vendredi dernier au soir paisiblement. Dominique Dourlens témoigne : « J’appréciais son analyse des événements à la lumière des Ecritures, il faisait ainsi souvent une synthèse très riche lors de nos rencontres MDF. Son amour de la nature est à souligner, il faisait partie du Groupe Naturaliste du Ternois qui effectue régulièrement des randonnées dans la région. Il était émerveillé devant la moindre fleur, c'était pour lui le signe de la présence de Dieu dans notre monde. Pour illustrer l'Evangile il prenait une branche de freezia en indiquant que les fleurs ouvertes correspondaient aux chrétiens dont la foi était éveillée alors que les fleurs en boutons c'étaient les autres et qu'il y avait donc encore beaucoup d'espoir, de choses à attendre d'eux. »

L'Equipe épiscopale pour la Mission de France