Hommage de Mgr Noyer
au Père Jacques Hamel
Au Père Jacques HAMEL
Vieux frère Jacques, j’imagine la paix de ce moment : matin d’un jour d’été, l’église lumineuse, quelques présences familières et silencieuses, les rites si souvent visités. Ce matin, fête d’Anne et Joachin ! Tu viens de dire, une fois de plus, « voici mon corps, voici mon sang ! » Tu as fondé ce moment de paix sur le sacrifice du Christ, la tragédie de la Croix, le meurtre rituel d’où sort la Paix. Deux jours avant, tu avais entendu, pour la Saint Jacques, la question : « Jacques, es-tu prêt à boire la coupe que je vais boire ? » Tout à coup le sang est là, coulant sur l’autel. Est-ce ton sang ? Est-ce le sang du Christ ? As-tu crié ? As-tu prié ? ton sang rejoignait le sang de tant d’innocents tués. Le sang d’Abel mis à mort par son frère. Le sang qui criait vers le ciel, le sang qui appelle la vengeance, le sang qui excite les requins, le sang qui abreuvent nos sillons
, non c’était le sang sorii du cœur débordant d’amour du Crucifié. Le tout jeune frère qui t’égorge, sans le savoir, est venu ce matin offrir le sacrifice de la messe dont tu es, avec Jésus, le prêtre et la victime. Allez, la messe est dite ! le silence est retombé sur la petite église. Que dis-tu, jeune assassin, toi aussi entré dans la paix de Dieu ? Ce geste t’a vidé de toute la haine qui faisait exploser ton cœur. As-tu croisé le regard de Jacques dans l’ultime moment ? Ton propre sang s’est mêlé au sang du Christ. Je vous entends maintenant, Jacques et toi, redire ,d’une même voix, les mots de Jésus : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie
Mgr Jacques Noyer