Accompagner la fin de vie

Conférence du Père Bruno Cazin

Enjeux et questions proposé à la maison des Tourelles à Condette

 

Accompagner la fin de vie : vers quels chemins d’humanité sommes-nous appelés ?

Présentation

P. Bruno CAZIN, hématologue au CHRU de Lille et Vicaire Général du diocèse de Lille.

Les questions sur la fin de vie sont d’actualité en France depuis une quarantaine d’années et ce sont des questions qui font polémique  essentiellement  à cause de 2 phénomènes :

  • La médiatisation à outrance de cas douloureux (par exemple pour Vincent Humbert,  Vincent Lambert…) instrumentalisés à des fins idéologiques, avec la pression de certains lobbies
  • La Législation française. La France a décidé de délibérer sur cette question à plusieurs reprises, à la différence d’autres pays comme la Belgique par exemple. La dernière révision  est la loi Claeys - Léonetti qui n’autorise pas l’euthanasie mais confirme le droit de limiter ou d’arrêter les traitements à visée  curative  et de prescrire une sédation profonde qui peut être durable et aller jusqu’à la mort.

Bruno Cazin souligne  le courage de nos hommes politiques qui ont été à l’écoute des associations, des professionnels, plus nombreux que les militants pro-euthanasie.

 

Les soins palliatifs permettent d’apporter tous les soins pour apaiser les souffrances des personnes en fin de vie quand il n’y a plus d’espoir de guérir. Nous ne sommes plus dans le soin curatif mais dans les soins de confort. A ce moment de la vie, le mot juste est vraiment celui d’accompagnement par la présence de compagnons de route : les proches, le personnel soignant, les bénévoles d’associations confessionnelles ou pas. L’essentiel se joue dans la relation. Je me mets au rythme de celui que j’accompagne sans vouloir faire du bien à tout prix, sans forcer le rythme de l’autre, gratuitement. Cette posture rejoint ce que l’on peut attendre de chacun en cette année de la miséricorde :   délicatesse, douceur, tendresse, bonté.

Le malade en fin de vie est en quête de tout cela pour faire face à la violence inouïe de la mort. Tous ces gestes nous disent aussi quelque chose de la bonté de Dieu, de l’amour qui est plus fort que la mort et finalement nous disent la  résurrection.

Mais, dans le contexte de la société d’aujourd’hui, la fin de vie pose question. L’homme doit être performant, utile, autonome, libre de ses choix, de son corps, maîtriser sa vie, une vie qui doit tendre vers un bonheur maximal.

Que fait-on avec une telle représentation de l’homme quand il souffre, que son corps est malade et proche de la mort ; qu’est-ce qu’une vie utile et une vie inutile … où s’arrête-t-on ?

 

 

 

Comment conjuguer cette vision actuelle avec la vision chrétienne de la Vie qui est Don reçu de Dieu ?

C’est dans ce contexte culturel, marqué par la perte de l’influence du religieux, que se pose la question difficile d’accepter notre finitude, notre vulnérabilité. L’idée d’un demain meilleur qu’aujourd’hui s’oppose à un « profiter au maximum du temps présent ». Dans ce contexte quand la mort approche, on préfère en finir au plus vite ; comment trouver du sens à la mort quand on pense qu’elle est le point final ? Nous croyons à la vie éternelle et l’espérance d’une vie avec Dieu permet le passage.

 

 Mme Christiane DUMETZ, responsable diocésaine des Aumôneries hospitalières, a expliqué et illustré avec des exemples concrets ce que permet l’accompagnement en fin de vie.

Il permet d’emprunter  des chemins d’humanité ; derrière chaque personne il y a un chemin de vie et la posture de l’accompagnateur est primordiale pour le comprendre. Il n’y a pas de recette toute faite, mais des attitudes, une présence bienveillante, une écoute des attentes, des silences habités… L’accompagnement permet de faire tout ce qu’il reste à faire quand il n’y a plus rien à faire.

Elle nous signale l’importance d’un travail en équipe pour reprendre toutes ces questions fondamentales posées par la fin de vie, pour se soutenir, se dynamiser et prier ensemble.

 

Mme Colette-Madeleine CASIER, psychothérapeute est accompagnatrice d’équipes de soignants et de bénévoles en soins palliatifs. Elle est intervenue pour nous dire combien il et important que des équipes soient formées, accompagnées et soutenues pour pouvoir elles-mêmes accompagner d’autres personnes. Cela permet de clarifier l’attitude à adopter lors de la prise en charge de cette part d’humanité, de nous éclairer dans la relation qui s’établit et dans l’appréhension de notre propre mort.

Peut-être serait il souhaitable de nous soigner de la peur de la mort afin d’être vivant jusqu’à la dernière seconde !

« Si nous ne sommes pas vivants au moment de notre mort, nous ne le serons jamais » Maurice Zundel.

Article publié par Michèle Leclercq • Publié • 2792 visites