A Calais. Conférence sur l'euthanasie
Par le père Bruno Cazin.
Organisée par l'Association Oecuménique du Littoral,
Conférence donnée sur l’euthanasie par le Père Bruno Cazin, Docteur en médecine, Vice-Président et Vice-Recteur de l’Université catholique de Lille
Maison du Doyenné à Calais
Pour le Père Bruno Cazin, l’euthanasie est une affaire classée depuis la loi Léonetti. Pourtant, les médias ne cessent de relancer le débat, lorsque surgit le moindre cas soulevant l’émotion des foules. Deux associations s’opposent : l’Alliance Vitale qui défend le droit à la vie et l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
Mais, qu’entend-on vraiment par « euthanasie » ? Est-ce « l’euthanasie active », qui est le geste délibéré de donner la mort par injection létale de digitaline ou de médicaments anesthésiques à forte dose, avec le consentement ou non de la personne impliquée, ou « l’euthanasie passive » qui consiste en l’arrêt des soins ou de toute thérapeutique, entraînant la mort naturelle ? Est-ce une réponse à une demande faite par un malade ou bien par son entourage laissant parler le coeur davantage que la raison ? Est-ce une initiative des soignants ou encore un souhait de la société désirant économiser les deniers publics, car les soins de fin de vie sont onéreux ?
La demande qui vient du malade peut sembler la plus légitime. C’est toujours l’expression d’une souffrance qu’il faut entendre et accueillir. Si la douleur est physique, en général il y a moyen de la calmer par un traitement de la douleur. Pour les souffrances d’angoisse ou de dépression, le soutien psychologique, des médicaments et une présence peuvent apaiser. Dans tous les cas, l’accompagnement, la qualité de la relation sont essentiels pour ramener la sérénité chez le malade et ses proches.
Il importe aussi de propager l’idée qu’un mourant, çà n’existe pas. Ou bien on est vivant, ou bien on est mort. Il s’agit donc de vivre jusqu’à la fin de sa vie et d’être reconnu comme vivant par ses proches jusqu’au bout. Ainsi, plutôt que de parler de mourir dans la dignité, il convient de vivre dans la dignité jusqu’à la fin de sa vie.
Il faut alors revoir la notion de dignité : Est-ce être autonome ? Ne rien devoir à personne et se suffire à soi-même ou bien être l’homme selon la bible, l’individu en relation, où tout se joue dans la confiance, le respect et la sollicitude : Ma dignité, c’est le regard de l’autre sur moi.
La loi Léonetti donne des repères. Elle interdit de donner la mort mais autorise la limitation des soins quand ceux-ci sont disproportionnés et sans espoirs ou résultats positifs escomptés.
L’Eglise catholique reconnaît cette règle éthique de proportionnalité. Toute décision doit être collégiale, en équipe et non pas prise par un seul. On peut également calmer les souffrances grâce à des médicaments antalgiques qui finissent par entraîner la mort mais sans intention de la donner. Pie XII avait déjà souligné ce critère d’intentionnalité. Ainsi la loi a-t-elle réconcilié le coeur et la raison.
Ajoutons enfin qu’il serait paradoxal d’avoir aboli la peine de mort et d’autoriser un soignant à la donner. On ne peut pas vivre en société si on permet de donner la mort à autrui.
Geneviève Verhaeghe