Dimanche du bon Pasteur

Homélie de Mgr Noyer

 

Personne ne peut ignorer aujourd’hui la grave crise de vocations qui touche l’Eglise de France. Les prêtres disparaissent doucement de l’horizon quotidien. Des églises se ferment. Des couvents se vident. Cette crise touche pratiquement tous les pays d’Europe même si dans le monde des Eglises continuent à assurer aux statistiques romaines un bilan positif.

 

Par ailleurs l’opinion publique nourrit trop souvent une méfiance à l’égard de l’Eglise. Les scandales qui agitent l’actualité jettent un soupçon humiliant sur chaque prêtre et sur le Vatican. A l’intérieur même de l’Eglise les relations entre prêtres et laÏcs ne sont pas toujours très pacifiés. Le discours de l’Eglise sur la sexualité et le mariage est ressenti comme maladroit et archaïque ce qui contribue à la rendre inaudible particulièrement chez les jeunes générations. Depuis des années la pastorale des vocations, malgré des initiatives audacieuses, ne parvient pas à redresser la courbe descendante des ordinations sacerdotales.

 

Paradoxalement jamais les Papes n’ont bénéficié dans nos pays comme ailleurs dans le monde d’une aussi grande popularité. Le Pape François, tout particulièrement, a trouvé un accueil populaire exceptionnel. Parce que l’Evangile illumine son sourire et anime ses propos il rejoint les cœurs les plus fermés. Il est à lui seul la preuve que notre monde n’est pas totalement acquis à l’indifférence égoïste et au repli sur soi. Il oblige les politiques et les financiers à retrouver leur cœur.

 

Jésus n’avait pas d’autres méthodes : il passait en faisant le bien et donnait envie de le suivre. Il ne parlait pas de vocations comme des grâces accordées aux bonnes familles bien pieuses. Il ne promettait pas la honte à qui hésitait à se mettre en route. Aujourd’hui comme hier, à chaque fois qu’un esprit de bonté, de miséricorde et d’engagement s’exprime quelque part des générosités se lèvent. Quand la voix du Bon Pasteur peut être reconnu chez quelqu’un le troupeau se rassemble et se met en marche.

 

Et des vocations nouvelles se dessinent. L’Eglise reprend figure. On ne la reconnaît pas toujours dans ses rites nouveaux. Déjà au temps de Pâques les apôtres avaient du mal à retrouver le Jésus qu’ils connaissaient dans les signes de sa nouvelle présence de Ressuscité. Vos propres enfants inventent des chemins nouveaux et il vous faut du temps pour y reconnaître la foi qui vous était familière. Il n’y a pas toujours une croix sur les chemins qu’ils empruntent. Vous aviez craint le pire et vous finissez par les admirer.

 

Ces considérations ne peuvent rassurer à bon compte les gestionnaires de notre Eglise. Elles ne nous promettent pas forcément un organigramme confortable et un denier de l’Eglise sécurisé. Est fini le temps où l’Eglise se renouvelait par l’inertie de satradition séculaire. Si elle se remet en route comme le Pape François le fait en retrouvant toutes les plaies de notre humanité pour y verser un peu d’amour alors des hommes et des femmes de tout âge et de toute origine se mettront en marche. Ils seront l’Eglise, non parce qu’ils y seront rentrés mais parce que l’Eglise aura choisi de les rejoindre au grand air de l’Espérance.

Article publié par Michèle Leclercq • Publié • 1703 visites