Il y a de l'ivraie dans ton champ

mettre sa vie en paraboles

En guise d’homélie pour le XVIème dimanche ordinaire

 

La foule attend que Dieu manifeste sa puissance sur le monde. Le Royaume de Dieu, dit Jésus, au contraire demande du temps.  Peu à peu la création mûrit, le Royaume se réalise. Pour inviter à la patience Jésus dans ses paraboles évoque des attitudes de bon sens qui condamnent notre désir de juger le monde aujourd’hui.

 

 

Il y a de l’ivraie dans ton champ de blé. Attend pour l’enlever car tu pourrais en même temps arracher ce qui es bon. Prend patience. Tu feras le tri plus tard !

 

Il y a des mauvais élèves dans ta classe. Attend avant de les mettre à porte et de les envoyer sur une voie de garage. Prends patience. On a vu si souvent des cancres devenir des génies.

 

Tes enfants fréquentent vraiment n’importe qui. Apprend leur la prudence. Mais si tu les enfermes dans un monde trop protégé, ils ne résisteront pas quand ils rencontreront le monde tel qu’il est.

 

Il y a trop d’étrangers dans ton quartier. Ne réclame pas trop vite des mesures d’expulsion. Il y a peut être parmi eux le médecin de tes vieux jours ou ton futur beau fils

 

Il y a trop de pauvres autour de toi et tu  veux déménager pour un quartier plus chic. Méfies toi. Tu souffriras là bas de compter pour le plus pauvre aux yeux de tes voisins.

 

Tu veux fermer les frontières du pays pour défendre le pain de tes enfants. Attention ! En évitant une bouche inutile, tu vas perdre deux bras disponibles pour la moisson.

 

On te propose un placement merveilleux à un taux d’intérêt mirifique. Sois prudent. Tu ne viendras pas pleurer si demain ta fortune s’est envolée.

 

Sans pitié, tu réclames la mort du criminel. Le dédale de la justice t’impatiente et sa prudence t’exaspère. Je ne te souhaite pas de retrouver ton propre fils dans le box des accusés.

 

Tu as la dent dure et le jugement péremptoire. Tu te vantes de connaître les hommes. Tu sais ceux dont on ne peut rien attendre. Tu sais donc ce que Dieu lui même ne sait pas : ce que chacun fera des grâces qu’Il donne.

 

La foi de tes voisins est pleine de superstitions et tu les méprises. Pour rien au monde tu voudrais marcher à leur côté dans leurs dévotions populaires. Attend de souffrir pour savoir si ta foi si pure te suffira toujours.

 

A chaque fois que tu te confesses, tu reprends la liste des mêmes péchés. Ils reviennent à peine chassés. Tu ne réussiras jamais à ne pas faire le mal. Apprend plutôt chaque jour à faire le bien. Fais confiance à la Patience de Dieu.

 

Tu réclames de Dieu qu’il se hâte à répondre à ta prière. Tu voudrais qu’Il se montre avec évidence aujourd’hui. Es-tu si pressé d’arriver au bout du chemin ? Je croyais que tu aimais vivre.

 

La Bible nous raconte que Dieu lui-même s’était impatienté devant une humanité si décevante. Il avait tout effacé par le déluge. Il a promis qu’il ne le ferait plus. Regarde sa patience. Il a attendu des millénaires pour envoyer son Fils et il attend des siècles pour que nous entendions sa Parole.

 

Parce que tu te crois parfait, tu voudrais que le jugement ait lieu aujourd’hui. Non, ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut séparer les bons et les mauvais. Si tu as conscience de ton péché tu seras heureux d’accueillir à travers le temps qui t‘est donné la Patience du Dieu miséricordieux.

 

Jacques NOYER

Article publié par Michèle Leclercq • Publié • 2184 visites