Le collège d'Aire fête ses 400 ans
Bref historique du collège
Le collège Sainte-Marie a fêté ses 400 ans
Un établissement scolaire qui fête ses 400 ans est une rareté. Même le plus vieil établissement de Paris, Henri IV, a moins de 250 ans. C'est avec fierté que le collège Sainte-Marie d'Aire-sur-la-Lys a célébré ses quatre siècles d'existence.
Une longue histoire
Tout a commencé au début du XVIIe siècle, quand les échevins d'Aire veulent pour leur cité un collège digne de ce nom. À cette époque, il existe des congrégations pour éduquer le clergé ou instruire le peuple. L'une d'entre elles, la compagnie de Jésus, va jouer un rôle considérable.
Éducateurs, les jésuites dirigent déjà avec succès les collèges d'Arras, d'Hesdin, de Béthune et de Saint-Omer. Ils sont invités à prendre la direction du collège d'Aire. Un accord est passé entre les responsables de la ville et les jésuites.
Une installation provisoire est faite dans un hospice, appelé Hôpital Sainte-Brigitte, situé dans la rue de Sain-Omer. Les cours commencent au carnaval de l'année 1614 avec trois classes.
Dès 1623, le collège reçoit 300 élèves répartis en 5 classes. L'enseignement est absolument gratuit. Une seule chose reste à la charge des élèves : l'éclairage. Dès le début de l'hiver, préfet et professeurs fixent le nombre de chandelles que chacun doit apporter. Les pauvres sont exempts de cette contribution.
Les jésuites entreprennent la construction d'un nouveau bâtiment entre l'hospice et la collégiale. Le nouveau collège est terminé en 1639. Dès cette date, les jésuites s'occupent de la construction de l'église Saint-Jacques, aujourd'hui appelée chapelle Saint-Jacques. Elle est commencée en 1682 et terminée en 1688. Elle fait partie intégrante du collège. Le 2 août 1761, une déclaration royale ordonne la fermeture des maisons de la Compagnie de Jésus. La ville d'Aire ne se résigne pas à voir disparaître son collège. Chaque année, à l'assemblée des États d'Artois, la question du rassemblement des collèges supprimés est posée. Après une longue campagne de protestation à Versailles et à Arras, par un édit de juin 1777, le roi Louis XVI permet la réouverture du collège d'Aire. Le collège est confié aux pères de la Doctrine Chrétienne.
La rentrée a lieu le mercredi 8 juillet 1778. Les heures et la durée des classes, les jours de congés comme celui des prix sont fixés par la municipalité. Mais le collège d'Aire ne retrouve pas son ancienne prospérité. Le nombre d'élèves va toujours en diminuant jusqu'à la Révolution, période pendant laquelle le collège a triste figure. En octobre 1789, le personnel est réduit au père supérieur et à cinq laïcs. Ces derniers s'intéressent de plus en plus aux idées nouvelles et font partie de la société des Amis de la Constitution créée à Aire. En 1792, les Pères doctrinaux s'en vont et le collège devenu national ferme ses portes en 1793.
En 1801, Napoléon rétablit avec le pape la paix religieuse. Le catholicisme est reconnu comme religion de la majorité des Français. Dès lors, l'administration municipale s'efforce d'obtenir la réouverture du collège. Celui-ci fonctionne tant bien que mal jusqu'en 1851, date à laquelle le conseil municipal juge qu'il est de l'intérêt de la ville de le confier aux prêtres de Saint-Bertin. Le 29 octobre, les élèves se pressent pour le jour de la rentrée. À cette occasion, une statue de la Vierge est placée dans le mur du vieux collège qui prend alors le nom de Institution Sainte-Marie.
Le 11 août 1870, le collège est abandonné par les prêtres de Saint-Bertin. La ville s'adresse alors à l'évêque d'Arras pour obtenir un collège ecclésiastique diocésain, ce qu'il est resté depuis.
Au début du XXème siècle, l'entrée du collège s'effectue toujours par la rue de Saint-Omer. L'ouverture de la place Siant-Pierre est réservée à la caserne de cavalerie construite par Vauban. La vie du collège est rythmée par des musiques militaires : réveils en fanfare, sonnerie de clairons des dragons revenant de manoeuvre... Le jardin est un immense potager qui sert et servira longtemps à nourrir les très nombreux pensionnaires.
Le 2 octobre 1904, la République laïque ferme le collège. Il est matériellement impossible à l'abbé Caron de prévenir les parents. Le jour de la rentrée, les élèves débarquent normalement. Parmi eux, il y a Georges Bernanos qui arrive de Fressin par le train alors que ses parents sont repartis à Paris. Ne sachant où aller, Il est accueilli chez le maire, M. Delbende. Dans son « Journal d'un curé de Campagne », Bernanos lui rend hommage en appelant son docteur "Delbende". Le 20 octobre, les cours sont transférés au Carmel.
En 1905, le collège est loué à la Société civile immobilière et d'enseignement d'Aire-sur-la-Lys. Le transfert entre le carmel et le collège commence 26 octobre. En 1922, la Société achète le collège mis aux enchères par la ville. En 1924, elle achète la caserne de cavalerie. Elle est bombardée en 1940.
Après la reconstruction, l'entrée du collège se fait par la place Saint-Pierre. Depuis, il ne cesse de s'agrandir. La dernière grande acquisition est le garage BMW Cornuelle qui est maintenant la salle de sport de l'établissement.
Quatre jours de célébrations
Le mercredi 7 mai 2014, l'ensemble des élèves du collège s'est rassemblé dans la cour pour une matinée d'action de grâce. Mgr Jaeger, qui présidait la célébration, s'est appuyé sur l'Évangile du jour pour souligner les vertus d'un établissement bâti sur le roc. Les élèves ont été émus par le témoignage d'une maman dont le fils, Maxime, est décédé alors qu'il était élève à Sainte-Marie. Parmi les témoignages, il y avait celui de Pierre-Marie pour qui le collège n'est pas étranger à sa vocation. Maintenant, il est prêtre, et ses anciens professeurs sont devenus ses amis. A la fin de la célébration, les élèves se sont pris par la main et ont ceinturé le centre ville par une grande farandole. La matinée s'est terminée par le lâcher de 400 ballons bleus.
Le jeudi soir, c'était la première d'un grand spectacle qui a demandé plusieurs années de travail: « Raconte-moi le collège Sainte-Marie ». Bernard Cattez, professeur retraité, à confié l'histoire du collège au metteur en scène Bruno Masquelein. (Le texte a largement inspiré l'historique ci-dessus.) Le spectacle commençait dans la cour du collège. Un prologue a permis d'admirer la vieille façade du collège des jésuites artistiquement éclairée. Les spectateurs ont ensuite remonté le couloir du temps jusque la collégiale : une centaine de figurants, souvent des professeurs, une torche à la main, avaient revêtu des costumes du XXème siècle au XVIIème siècle. Dans la collégiale, le spectacle était grandiose. Plus de quatre cents figurants et comédiens dont trois cents élèves, une scène qui occupait toute l'allée centrale, un écran géant sous les voûtes de la nef, un éclairage somptueux... Bruno Masquelein a mélangé l'humour et l'émotion. Malgré les deux heures passées sur des chaises d'église, les spectateurs n'ont pas vu le temps p asser. Il y a eu deux autres représentations, le vendredi et le samedi. Malgré cela, de nombreux imprudents n'ont pas réussi a obtenir de billet d'entrée.
Voilà une célébration qui termine en beauté la carrière de Stéphane Tillie. Ancien élève du collège Sainte-Marie, il occupe la place de directeur adjoint puis de directeur depuis 1978.
Jean Capelain