86 personnes des doyennés de Calais, Boulogne et Boulonnais rural se retrouvées aux Tourelles à Condette ce jeudi 24 avril 2008
Journée sympathique et conviviale, des personnes heureuses de se rencontrer, de faire connaissance !
« Sans vous, l’Eglise ne serait pas ce qu’elle est »
Thème de la journée proposée et animée par L’abbé Jean-Pierre Brunel, l’abbé Denis Larzet et Evelyne Gabruch. Avec comme intervenant Stéphane Leleu. Ce temps était aux personnes de l’ombre, c’est à dire les personnes qui rendent de menus services au sein de l’Eglise. Une journée pour leur dire « merci »
3 témoignages .
Thérèse Bertin : j’habite un village de 400 habitants et je suis un peu le bureau de renseignement de l’Eglise pour les baptêmes, les funérailles, accueil des nouveaux arrivants dans le village, etc…au service de Jésus Christ, ce que je fais c’est « tout simple ».
Jeanine Hagneré : Accueil dans l’Eglise, ménage de l’église, visite des familles en deuil, coordination avec l’EAP…
Jean Cresson : Accueillir chacun dans sa diversité, être en lien avec les prêtres. Importance d’être à l’écoute, de repérer les personnes, d’appeler…
Intervention de Stéphane Leleu
« Vous êtes des Hommes et des Femmes nouveaux. Que votre regard sur la réalité soit donc un regard illuminé par la foi. Vous êtes appelés à témoigner du Christ aux cotés de tous les frères chrétiens dans tous les lieux où vous vous retrouvez et vivez, vous êtes appelés à collaborer ». Telle est la phrase qui était mentionnée sur l’invitation. C’est en reprenant chacune des expressions de cette phrase que je vais tenter de répondre à la demande qui m’a été faite.
« Vous êtes des Hommes et des Femmes nouveaux ». Le premier verbe employé est le verbe « être » et non pas « avoir ». On aurait pu imaginer que l’invitation commence par : vous avez entre 40 et 60 ans ; vous avez « X » années d’expériences ; … Non ce qui est écris, c’est « vous êtes des Hommes et des Femmes nouveaux ». On ne décline pas votre identité par le verbe « avoir » mais par celui d’ « être ». Etre quelqu’un, quelqu’un d’unique, c’est le défi de la vie qui revient à chacun d’entre nous. Ceux qui vous ont convié aujourd’hui ne vous reconnaissent pas pour ce que vous avez mais pour ce que vous êtes. Ce n’est pas qu’un jeu de mots. C’est essentiel. Vous avez été appelé à venir aujourd’hui comme dans votre engagement par votre être, votre prénom, comme Dieu le fait, dans les récits bibliques.
Les petits services font avancer toute l’Eglise. Il n’est pas question d’un savoir. Dans tous les cas, cette nouveauté est essentielle pour notre Eglise. Soyez en remerciés. Elle re-dynamise l’ancien.
« Que votre regard sur la réalité soit donc un regard de foi » : qu’est ce que cela veut dire, pour nous, aujourd’hui, dans le contexte qui est le notre. Le monde dans lequel nous vivons est extraordinairement complexe. Jamais l’Homme n’a été aussi puissant. Et pourtant. Il en mesure aussi les limites. Penser aux questions éthiques, aux problèmes de notre modèle de développement. Nous savons bien que si tous les habitants de la planète accédaient au même confort de vie, les ressources de la terre n’y suffiraient pas. Il faut parfois bien du courage aux hommes et aux femmes de notre temps pour dire « oui » à la vraie vie (non pas celle de l’avoir, mais celle de l’être). Comme il est doux de se laisser entraîner par notre société de consommation. Notre rapport aux temps a complètement changé. Nous vivons dans l’instant. Le passé est si vite dépassé. Penser donc au progrès technologique. En fait, comme le dirait Jean Claude Guillebaut, un essayiste connu, le monde n’a plus le temps d’être penser. Que dire de la place du religieux dans notre société, souvent cantonné à la sphère privée. Reconnaissons donc, qu’il faut bien du courage pour dire « oui » à la vie dans les moments heureux comme dans les plus difficiles et malheureux. Jamais, l’Homme n’a été aussi responsable de son devenir et de celui de toute l’humanité d’aujourd’hui et de demain. Comme papa de trois petites filles, cette idée m’obsède et j’ai parfois peur de ne pouvoir rendre à mes enfants une terre de vie aussi belle que celle qui m’a été confié par mes parents.
Porter un regard de foi, c’est être confiant et optimiste, c’est regarder ce monde avec amour, y voir le signe de l’Esprit de Dieu, c’est croire qu’après notre mort, Dieu continue de nous engendrer à sa vie, c’est un parti pris d’Espérance.
Comme la rappelait le concile Vatican II, c’est ce monde là que Dieu aime et pour lequel il a envoyé son fils.
Pour Philippe Bacq, jésuite belge :
la première attitude du Chrétien, c’est d’accueillir la vie, de regarder l’Esprit à l’œuvre, de renouveler notre regard.
La seconde attitude, c’est avec l’autre, d’en rechercher et d’en révéler le sens et de montrer combien cette vie est importante aux yeux de Dieu et essentielle pour l’humanité. Voilà, en quoi consiste notre mission dans et pour le monde. Ceci ne s’oppose pas à tout ce qui traditionnellement, permet à Dieu d’engendrer des Hommes à sa propre vie. Nous devenons Fils et Fille de Dieu par le Baptême, nous confirmons notre engagement. De semaine en semaine, cette vie est nourrie par l’Eucharistie…Cette pastorale ordinaire est une source féconde encore aujourd’hui. Beaucoup d’entre vous s’y investissent et c’est heureux. Mais des évolutions culturelles font que nos célébrations sont moins fréquentées. Attention à une Eglise qui s’enfermerait sur des rites, sur des pratiques, sur une organisation. Mgr Dannels disait : « le Royaume est comme un jardin où ils pousseraient trois petites pommes de terre. L’Eglise se regrouperait autour d’elles et les regarderait. Elle leur apporterait toute son attention. Mais le reste du jardin ? ». Nous contenterons nous de nourrir les chrétiens qui viennent à nos célébrations et tous les autres…. Acceptons-nous de perdre le contact avec eux, alors qu’ils sont aimés de Dieu, travailler par son esprit ? J’entends déjà des réactions : « mais nous sommes si peu nombreux et la société est si étrangère à nos questions ». Et pourtant, il est, parmi nous, des personnes qui assurent cette mission de relation, de lien, de compagnonnage, de première annonce.
Vous aussi, vous êtes appelés à témoigner du Christ aux cotés de tous les frères chrétiens dans tous les lieux où vous vous retrouvez et vivez, vous êtes appelés à collaborer. Vous avez répondu à un appel comme beaucoup d’autres avant ou après nous l’ont fait ou le feront. Ce que je veux dire par là, c’est que nous sommes d’emblée situés dans une longue Tradition chrétienne, comme reliés à d’autres hommes. Avez-vous remarqué comme ils sont nombreux les Hommes à se précipiter autour de Jésus. Il les accueille tous. Il est proche des pauvres. Il respecte les marginaux, il guérit, il restaure. Il chasse ce qui ne permet pas aux gens de devenir eux même et il les renvoie chez eux. Le Royaume est à tous ceux là. Mais il en appelle quelques-uns à sa suite. Ce seront ses disciples, les chrétiens, ceux qui ne peuvent se passer de lui, ceux qui veulent faire leur la manière d’être du Christ, de vivre, de prier et de célébrer Dieu. Le partage de la Parole de Dieu est un moyen pour faire l’expérience du Christ, pour re découvrir ce qui a pu susciter dans toute notre Tradition Chrétienne des élans de vie.
Ainsi donc, nous avons été appelés. Nous nous sommes engagés, et ce faisant, il a fallu nous ouvrir à l’inattendu, nous laisser dérouter, nous déplacer pour accueillir ce qui vient d’ailleurs, de l’autre. Quelle est cette part d’inattendu ? A quel déplacement avons nous été appelé ? Répondre à un appel, c’est faire l’expérience de quelque chose. En même temps que je vis cette responsabilité, je me forme. Vous disant cela, je ne peux m’empêcher d’évoquer le texte des évêques de France sur la catéchèse, la nouvelle catéchèse, celle qui nous concerne tous et pas uniquement les catéchistes. Dans ce texte, il est dit de nous, les chrétiens déclarés, que nous sommes des aînés dans la foi (cf. ecclésia 2007) . Nous sommes appelés à cheminer avec ceux que nous accompagnons.
Répondre à cet appel, c’est puiser dans la confiance qui nous vient des autres. Nous ne nos jugeons pas aptes à remplir la mission qui nous est proposé mais bien d’autres avant nous ( et pas des moindres) ont aussi eu ce sentiment.
Moise dit à Dieu : qui suis-je pour aller trouver Pharaon et pour faire sortir d’Egypte les fils d’Israël. Ex 3,11
Ou encore Jérémie : et je dis : Oh Seigneur mon Dieu ! Vois donc : je ne sais pas parler, je ne suis qu’un enfant. Jr 1,6
Nous sommes appelés à des responsabilités différentes : Nous sommes des êtres de désirs : désir d’aimer et de se savoir aimé ; désir de créer et de se sentir utiles ; désir de donner un sens à sa vie et de se sentir reconnu et enfin désir d’exprimer son être et de se savoir unique.