4ème conférence de carême

Conférence animée par Père Bruno CAZIN,« Dieu m’a donné rendez-vous à l’hôpital »,

photo photo  Quatrième conférence de Carême, dans le cadre de l’année de la Miséricorde : le 06/03/2016

 

« Dieu m’a donné rendez-vous à l’hôpital », conférence animée par Père Bruno CAZIN, docteur en médecine et vicaire général du diocèse de Lille

 

Bruno Cazin, depuis peu vicaire général du diocèse de Lille, relate  son expérience de l'accompagnement de nombreux malades atteints de leucémies rencontrés dans son exercice professionnel médical pendant plus de trente ans.

Bruno Cazin a grandi à quelques centaines de mètres de l’Hôpital Marguerite de Flandre. Il a  eu la vocation de la prêtrise d’un seul coup, à l’adolescence mais son papa  voulait qu’il  fasse médecine… et il lui a obéi. Ensuite, il est devenu prêtre, et a demandé à pouvoir poursuivre ses activités de médecin. Depuis, Bruno Cazin a fait beaucoup de chemin : 30 années au CHRU de Lille en tant que spécialiste en hématologie clinique (maladies du sang), et depuis quelques semaines Vicaire Général du diocèse de Lille.

Très impliqué dans la recherche clinique et dans le développement de nouveaux médicaments, il a entretenu des liens très forts avec les patients confrontés à de graves questions existentielles. La maladie accule à l’essentiel.

 

Bruno Cazin explique, que quand on est médecin, on perçoit bien combien la personne est unique, unifiée. Le rapport au corps c’est le rapport à la vie et à la vie en relation avec les autres. Et le lien avec le Corps Eucharistique, c’est que la Charité du Christ nous construit et construit le corps du Christ en ce monde. Dans le soin, dans le rapport à l’autre, il est aussi question de Charité manifestée et de la construction de la personne. C’est une construction intérieure, même quand et comme le dit Saint Paul « le corps extérieur va vers la ruine ».

Dieu nous attend à l’hôpital, dans cette périphérie là. L’hôpital est un lieu de souffrance et de soin ; et la souffrance et le soin vont de paire ! L’hôpital est un lieu de souffrance où la vie est en cause, et où la mort semble imposer sa loi ; mais en même temps la compétence des soignants, leur proximité, l’écoute des familles, les bénévoles, tout cela met de la tendresse, de la bonté dans ce lieu de souffrance. Donc l’expérience négative de la souffrance vient se rapprocher de l’expérience positive du soin. Et le patient est regardé avec respect et dignité Et cela permet de faire grandir les personnes malades, alors qu’on s’attendrait à les voir diminuer. Paradoxalement, les lieux de souffrance sont aussi des lieux de découverte de bonté au travers des soins et de l’interdépendance qu’ils entrainent.

Ce paradoxe  est une expérience un peu Pascale ; c’est l’expérience de passer de la mort à la vie, de ne pas laisser la souffrance s’imposer, la mort s’imposer mais de témoigner très concrètement de la victoire de la vie sur la mort, de l’Amour sur la violence. La maladie nous dépouille pour nous faire renaitre. Le soin, l’attention à l’autre, la tendresse attestent de la Résurrection là où la violence de la maladie et de la menace de la mort obscurcissent l’horizon.  La vérité du Christ Sauveur se dévoile dans l’épaisseur de ce qui est vécu, bien au-delà des appartenances confessionnelles.

La Charité qui est un enjeu de la Miséricorde, c’est de faire découvrir que la vie est donnée, est un cadeau, que la vie est dans l’échange d’amour, de don, dans l’action de grâce. C’est le mouvement d’un Dieu qui nous aime. La vie n’est pas un bien que nous possédons, mais quelque chose que nous recevons et donnons. Nous pouvons goûter de l’éternité par la Miséricorde, la bonté, la gratuité, par le fait de donner et recevoir. A l’hôpital, nous pouvons toucher l’unique mystère du Christ, nous suivons le Christ dans son dépouillement total qui s’en remet à son Père.

 

Bruno Cazin considère que  l’hôpital est un ‘haut-lieu spirituel’ malgré les nombreuses contraintes et la place grandissante de la technique. Ainsi l’hôpital devient un formidable lieu d’apprentissage de l’Evangile, et où la Miséricorde se manifeste. Dieu se révèle dans la pauvreté des personnes malades, de même qu’il se manifeste dans la Miséricorde et la bonté déployée dans les actes de soin. Dans l’une et l’autre, nous découvrons le visage du Christ.