Donner aux enfants l’envie de découvrir le monde !
Au collège Paul Verlaine de Béthune
Témoignage d'Emmanuelle
Je m’appelle Emmanuelle, j’enseigne l’histoire, la géographie et l’EMC (enseignement moral et civique) au collège Verlaine depuis de nombreuses années.
Mes élèves ont entre 10 et 15 ans. À cette étape de leur vie, leurs parents et nous, les professeurs, les voyons beaucoup changer : ils consolident leurs fondements, ils se définissent, ils progressent, ils grandissent, ils gagnent en compétences, ils s’engagent dans la vie du collège et parfois au-delà. Certains sont ambassadeurs des autres pour incarner la lutte contre toute forme de harcèlement. D'autres arbitrent avec justesse les matchs de foot ou transmettent leur passion aux plus jeunes en ateliers.
Laura qui ne parle jamais parvient, à force de travail et d'encouragements, à exposer en 5 minutes le métier qu'elle admire.
Samson qui arrive de l'Érythrée déborde de joie et de fierté quand il expose aux autres des connaissances apprises dans un petit atlas illustré.
Des 6ème qui manquent de confiance animent seuls des temps de jeux qu'ils ont créés, sur les valeurs humanistes, auprès d'enfants de cm2.
Des 5èmes à peine lecteurs vont conter des histoires en maternelle devant leurs anciennes maîtresses d'école.
Des collégiens qui présentent au maire leurs idées pour réhabiliter une friche du quartier et favoriser le lien social et intergénérationnel.
Et toujours, le plaisir des découvertes qui explose :
PeintureL'entrain de Zoé à explorer avec le numérique la grotte Chauvet, l'incrédulité de Léo quand il découvre qu'il y a des mégalithes tout près de chez lui, l'émotion de Margaux qui comprend grâce à l'école ce que ses arrières grands parents ont vécu de terrible dans leur jeunesse.
C’est très satisfaisant de savoir qu’on les accompagne et qu’on leur donne, à notre mesure, des clefs, une aide pour avancer.
J’aime être au cœur de ce quartier du Mont Liébaut, à Béthune : il est vivant, il a une courte histoire mais elle est riche ; ses acteurs témoignent de leur solidarité, de leur engagement envers la communauté d’habitants d’une façon qui force l’optimisme :
A notre échelle, on peut contribuer à créer un petit monde où on s’entraide et où on se respecte. Alors oui, ce n’est pas vrai tout le temps et partout, ce n’est pas facile : mais les petits signes et les grandes actions sont là pour rappeler de ne pas capituler devant la morosité et le chacun pour soi.
On peut lir sur place avec les copains
J’ai voulu enseigner pour donner envie aux enfants de découvrir le monde.
Ma petite part dans leur instruction et leur éducation : qu’ils sachent de quoi est capable l’humanité. Je souhaite qu’ils quittent le collège avec le regard ouvert et qu’ils puissent s’intéresser à des choses nouvelles, élargir leurs champs d’intérêt. Alors, leur vie sera riche et ils pourront faire leur part.
Avec toute la communauté éducative, nous ne manquons pas d’énergie et d’idées : ça pétille !
Nous regrettons de manquer de temps et de moyens pour pouvoir tout faire et accorder une vraie attention, constante, à chaque élève.
Certains ont tant besoin de soutien, d’aide. La diversité des enfants est une source inépuisable d’étonnement, d’émerveillement même, mais elle présente aussi des défis aux professionnels dont je suis. Nos ambitions sont grandes, nos frustrations tout autant. Encore hier, je disais à une collègue, dépitée de ne pas pouvoir faire plus pour certains élèves :
« Ce que tu as semé est là quand même ».
Les enfants grandissent, le temps fait son œuvre, les générations passent, d’anciens élèves deviennent parents de mes nouveaux 6èmes : j’enseigne, j’accompagne, je continue avec une foi en mes missions toujours renouvelée. J’aime aussi que mes anciens élèves soient heureux de me retrouver ! L’humanité grandit encore et encore : je suis heureuse de constater qu’à notre niveau on continue d’agir pour des lendemains meilleurs.
Emmanuelle HAMEZ
Extrait du mensuel Espérance (il n'est jamais trop tard pour s'abonner)