Jeunes et politique (2/3)

Canal Jeunes

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Amélie et Charles sont étudiants à science po. Ils participent à la vie de notre diocèse comme membres de l’aumônerie des étudiants ou à l’occasion de temps forts divers. A quelques semaines du premier tour des présidentielles et à l’heure où chacun des candidats expose son programme, tous deux ont accepté de répondre à nos questions.

 
- En tant que jeune, qu'attends-tu de la politique? Te sens-tu concerné ?
 
Amélie : Je me sens très concernée par la politique. La politique, par définition, c’est la gestion de la cité… J’attends donc qu’en politique, des décisions soient prises pour que la France, les régions, les communautés de communes, les villes, fonctionnent bien.
J’attends de la politique qu’elle prenne en compte les intérêts des gens : les jeunes, les ménages, les personnes âgées, retraitées, les personnes en grande précarité,…. Prendre en compte, non pas de manière détournée, mais  dans une réelle consultation. J’attends de cette politique qu’elle soit capable de faire des allers-retours entre la « base » et les « sommets », entre les décideurs et les citoyens.
 
Charles : Les jeunes ont une place primordiale en politique, tout particulièrement quand les décisions affectent leur avenir. Les débats autour du financement des retraites ou de l’empreinte écologique de l’activité humaine touchent nécessairement ma génération. C’est pourquoi je me sens pleinement concerné par la politique, et j’attends d’elle qu’elle prenne des décisions pérennes.
 
- Fais-tu plutôt confiance ou pas aux élus, qu'ils soient élus locaux ou nationaux ? Pourquoi ?
 
C : Il faut commencer par dépasser le préjugé du « tous pourris ». Il existe certainement chez les hommes politiques des personnes défaillantes. Toutefois, leur proportion est-elle supérieure à celle du reste de la société ? Il s’agit de choisir démocratiquement au mieux ces personnes, afin qu’elles servent l’intérêt général. La proposition que je soumettrais au peuple français si d’aventure j’étais élu serait la généralisation du mandat non renouvelable. Ainsi l’élu serait libéré de toute tentation de politique électoraliste et pourrait se consacrer pleinement, « gratuitement », à cet intérêt général.
 
A : Je fais en général confiance aux élus, parce qu’ils ont une responsabilité très forte, et on leur suppose une compétence. Certains sont particulièrement attentifs à leur mission, d’autres, par le cumul des mandats par exemple, y portent moins d’attention. Ce que je souhaite, c’est qu’en général nos élus restent conscients qu’ils représentent des citoyens, avec leurs problèmes, leurs interrogations… et qu’il faut rester proche d’eux pour être fidèle au mandat qu’ils ont reçu.
 
- Comment vis-tu, comment envisage-tu le fait de voter : est-ce un devoir, un droit, une fierté, une obligation, une chance .... Etc. Pourquoi ?
 

C : « Voter est un droit, c’est aussi un devoir ». Je pense que cette philosophie est la plus compatible avec notre état de chrétien : en votant, on manifeste un certain altruisme, un intérêt pour la communauté et l’environnement dans lesquels on vit. Voter apparaît alors comme un devoir moral, comme nous le redit Benoît XVI dans l'encyclique de Benoît XVI : CARITAS IN VERITATE qui en appelle à une « une attention et une participation plus large [descitoyens] à la res publica ».

 

 

A : Pour moi voter, c’est un devoir, un droit, une fierté, une obligation et une chance !
Un devoir et une obligation parce qu’il est inscrit dans la loi qu’à sa majorité, chaque jeune peut voter aux élections. Être citoyen français donne des droits et des devoirs : le vote est un devoir, à mon sens… … cependant, j’en fais aussi un droit et une fierté. On parle de « droit de vote » de manière naturelle, mais il faut s’interroger sur ce que cela signifie vraiment. Voter c’est une fierté : je trouve important qu’on  reconnaisse particulièrement aux jeunes une capacité à choisir qui on souhaite voir à la tête d’un pays ! Surtout, voter est une chance, celle de nous exprimer, de formuler un point de vue. Parfois il est difficile de se situer, mais le vote est un formidable moyen d’expression… et la réflexion en amont de ce vote est primordiale. Voter, cela amène chacun à réfléchir sur les valeurs qu’il souhaite défendre !
 
Chaque vote compte, et j’invite vraiment les jeunes  et tous ceux qui lisent cet article à aller voter. Même le vote blanc est une forme de vote, il montre que vous n’approuvez aucune candidature, mais il FAUT aller voter, c’est important !
 
- Qu'attends-tu du prochain président de la République ?
 
A : Le prochain président prendra ses fonctions dans un monde difficile. Il y aura de lourdes décisions à prendre pour sortir la France de la crise économique et du chômage. J’attends de lui qu’il soit un homme capable de dire les choses de manière très claire, en oubliant les « petites phrases » et les jolies tournures. Nous avons besoin de comprendre que les problèmes de la France ne pourront être résolus sans une participation de tous les citoyens.  J’attends qu’il prenne des décisions justes, et qu’il ait à cœur d’aider le pays, en passant outre les querelles personnelles sans grande importance pour la majorité d’entre nous.
 
C : J’attends qu’il permette à l’Europe de sortir de la crise économique et financière, mais également institutionnelle, qu’elle a traversé ces dernières années.
 
- A ton avis, qu'est-ce que les chrétiens ont à apporter à la politique ?
 
C : Les chrétiens sont des personnes dont la foi anime souvent un désir de participer à l’amélioration de la Cité. Aussi avons-nous la possibilité – en nous engageant, en défendant nos idées/valeurs et en réalisant nos projets – de rappeler à la politique sa raison d’être : la recherche du bien commun.
 
A : Je suis présidente de l’aumônerie catholique des étudiants de Sciences Po. Avant les élections, nous proposons plusieurs soirées pour réfléchir à la place des chrétiens dans la politique. Le premier rôle des chrétiens est de proposer un débat équitable, juste, respectueux et constructif. Je crois que nous ne sommes pas les seuls garants d’une « bonne » politique, et beaucoup de gens en politique font de belles choses sans être chrétiens.
Il y a une très belle image que je retire de la Bible : le Christ serviteur qui nous demande d’être les serviteurs les uns des autres. C’est une image que j’aime particulièrement, et qui me touche … Si je devais retenir une chose que les chrétiens peuvent apporter à la politique, c’est cette dimension du service, en toute humilité, dans le respect de chacun, dans un souci de vérité.