Une mission qui fait vivre

Canal Jeunes - Eglise d'Arras n°11

 Après plusieurs années passées auprès des ados et des jeunes dans le cadre d’une mission en Église, Jacqueline et Marie-Pascale tirent leur révérence. Elles continueront, l’une et l’autre, de servir l’annonce de la Bonne Nouvelle… mais autrement ! Rencontre …
 
- Jacqueline, qu’est-ce qui t’a poussée à répondre « oui » ? Comment imaginais-tu la mission ?
aumonerie des jeunes de Liévin En 2001, mes enfants devenus plus autonomes, je me rapproche de la paroisse et je découvre différents visages d’Église, à travers la catéchèse, le MEJ, l’hospitalité… Notre paroisse, très vivante, propose diverses activités auxquelles je participe avec plaisir. J’éprouve alors le besoin de me consacrer un peu plus à cette Église qui m’offre tant de belles rencontres et de moments heureux…
Tisser des liens entre les uns et les autres, aider des jeunes à découvrir l’Évangile, marcher avec eux et leurs familles sur un chemin de foi, c’était pour moi une formidable aventure, un beau cadeau…
 
- Concrètement, qu’est-ce qui m’a porté ?
Notre Église est loin d’être parfaite, certes, mais j’y ai trouvé beaucoup de joie et d’amitié, de générosité… J’y ai trouvé des gens passionnés, engagés, c’est sûrement le lieu de mes plus belles rencontres !
 
- Qu’est-ce qui a été plus difficile à vivre, à porter, à mettre en œuvre ?
Proposer, inviter, mettre en route un projet, tenir dans la durée… il faut dépenser beaucoup d’énergie et on est peu nombreux sur un secteur donné… il faut beaucoup de disponibilité, de patience… (Les jeunes ont mille occupations et ne répondent qu’au dernier moment -pas toujours facile pour s’organiser)
 
- Qu’est-ce que j’ai vu grandir chez les jeunes et dans l’Église tout au long de ces années ? Qu’est-ce qui est porteur d’espérance ?
Les propositions qui concernent la solidarité, le partage… trouvent toujours beaucoup d’échos auprès des jeunes ; il y a aussi chez eux une vraie quête de sens…
Voir les jeunes qui ont fait partie des groupes d’aumônerie, des équipes MEJ ou scoutes… s’engager ensuite auprès de plus jeunes, répondre à des propositions paroissiales, prendre des responsabilités, voir que des adultes se (re)mettent à cheminer vers un sacrement et qu’ils y trouvent du bonheur, c’est un beau signe d’espérance.
 
- Qu’est-ce qui a grandi en moi ?
Les différentes formations, et aussi les nombreux contacts avec des personnes très différentes m’ont beaucoup apporté sur un plan personnel.
La lecture plus régulière de la Parole de Dieu, les moments de partage et de relecture, les réflexions en équipe ont permis à ma foi de s’approfondir.
 
- Un message, un appel à adresser à l’église, aux jeunes, aux acteurs pastoraux ?
« Que chaque enfant porte sa pierre… »
Cette Église que nous voulons belle et fraternelle, c’est chacun de nous qui la construisons… par la qualité de nos relations, par tous ces liens patiemment tissés… Il y a beaucoup de joie à participer à cette construction.
 
- Et maintenant, tu vas faire quoi ?
Eh bien, continuer… autrement bien sûr, mais ma mission de baptisée ne s’arrête pas là ; il y a tant à faire au sein de nos paroisses, auprès des personnes seules, dans les associations… je m’engagerai un peu plus auprès de la CVX (communauté de vie chrétienne) et aussi, puisque j’ai le bonheur d’avoir des petits-enfants, je veux rester une mamie disponible !
 
 
Et toi Marie-Pascale, quels sentiments à l’issue de ce temps de mission ?
Cela m’évoque une question : « Qu’as-tu fait de ton baptême ? »
Née dans une famille catholique pratiquante, baptisée à l'âge de 12 jours, 1ère communion à 7 ans, confirmée à 11, catéchèse, aumônerie, engagée dans le mouvement Scouts de France depuis mon jeune âge, mariée à l'Église, parcours normal pour « tout bon chrétien » de ma génération !
 
Au baptême de mon second enfant, on m'a demandé d'accompagner mes enfants dans leur éveil à la Foi. De rencontres en rencontres, des personnes me font confiance, des portes s’ouvrent. Arrivée en 1998 dans le Pas de Calais, j'ai continué à accompagner mes enfants sur leur chemin spirituel, comme catéchiste. Rien de particulier jusqu'à ce jour, où suivant un bilan de compétences pour retourner à la « vie active » on me fait comprendre qu'en tant que mère au foyer, bénévole, je ne sers à rien, je ne suis rien.
 
Des portent s’ouvrent à nouveau, des personnes me tendent la main, me font confiance. Après avoir suivi l'ADF, j'ai pris le temps de réfléchir à l'appel qui m'avait été lancé (un an) ! Il m'a semblé alors comme une évidence de relever ce défi : m'engager davantage en Église ! Donner du temps à l'autre, rencontrer, partager avec des jeunes, m'ont aidé à être moi-même, à approfondir ma Foi.
 
A l'aumônerie de Béthune, j’ai trouvé écoute, accueil, confiance. J'ai aimé pouvoir redonner ce que j’ai reçu auprès des jeunes que j'ai côtoyés pendant 10 ans, 4 ans comme animatrice collégiens bénévole, puis 6 ans comme ALP. Pas tous les jours très simple, mais les richesses des rencontres, les marches, camps, pèlerinages, la lecture d'Évangile, les relectures, les fous-rires, la complicité avec certains m'ont aidé à vivre cette mission pleinement.
 
Quelle joie de voir revenir des jeunes pour donner des nouvelles, se confier à nouveau, dire simplement où ils en sont..., cheminer vers la confirmation, et puis s'engager à leur tour auprès des plus jeunes.
 
Une phrase de Jean-Paul II m'a aidé tout particulièrement à vivre cette mission « N'ayez pas peur ». Ne pas avoir peur d'aller au devant de l'autre, de pousser des portes, de laisser sa place à de plus jeunes. L'Église doit faire place aux jeunes, c'est eux l'avenir de l'Église... »
 
Propos recueillis par Sébastien Vereecken.