le Vendredi 06 juin 2008


Vendredi matin, rendez-vous à 8 h. devant la délégation du Secours Catholique à Arras. Nous sommes une équipe de 10 jeunes, issus des quatre coins du Pas de Calais, qui à un moment ou à un autre, ont été sensibilisés à la problématique des « migrants de Calais », comme on les nomme.

 

Le véhicule démarre, on profite du trajet pour essayer de se connaître les uns les autres, bien que les premiers contacts restent timides.

 

On arrive à Calais. Avant de se rendre au local, nous longeons le terrain où se trouve la « cabina » : le local de la mairie où sont distribués par les bénévoles les repas. C’est un point de ralliement des migrants. Le silence se fait dans la voiture, place aux premières observations, aux premières interrogations, et aux premières réactions.

 

A l’arrivée au local du Secours Catholique, nous nous organisons pour la répartition des tâches. Il y a la présence aux douches, l’accueil, les navettes entre le local et le terrain avec le camion, et la présence sur le terrain pour discuter avec ces hommes et ces femmes qui viennent de loin, et vivent dans des conditions inhumaines. Cette mise au point effectuée, tout s’enchaîne à un rythme soutenu et, souvent, le sentiment qu’on se laisse déborder nous envahit. 350 à 400 réfugiés, 4 cabines de douches : les tensions sont inévitables ! ça se bouscule sur le terrain, ça négocie pour monter dans le camion sans avoir de ticket, ça tambourine à la porte du local parce qu’ils font le trajet à pied, ultime tentative pour accéder aux douches.

A nouveau, la frustration et le débordement nous menacent, on se sent impuissant.

 

Heureusement, de nombreux moments « privilégiés » ponctuent la journée, le plus souvent au moment de l’accueil : nous discutons autour d’un thé bien chaud et de quelques gâteaux. Nous découvrons des hommes qui ont quitté l’enfer de la guerre, de la misère et du terrorisme pour accéder à cette « terre promise » qu’est l’Angleterre. Nous sommes touchés du témoignage de jeunes de notre âge, et même bien plus jeunes. L’anglais nous fait défaut mais l’émotion est là. Nous sommes fort impressionnés par la chaleur qu’ils dégagent et la bonne humeur qu’ils nous transmettent.

 

Parfois, ils nous forcent à nous asseoir : « You tired - sit and take tea ! » (Tu es fatigué, assieds-toi et prends un thé !) . Ils s’inquiètent pour nous, ne veulent pas qu’on se fatigue trop. C’est le monde à l’envers.

L’un d’entre eux s’avance vers moi, un papier à la main et me demande de lui expliquer ce qu’il signifie : c’est un avis de reconduite à la frontière, il doit se présenter au tribunal de Lille sous quarante huit heures. J’essaie autant que possible de lui faire comprendre ce qu’on attend de lui, la barrière de la langue se fait ressentir, et moi-même, je ne maîtrise pas tout le jargon utilisé dans le document.

 

Les collègues sont là, ils ont entendu notre échange, et la révolte prend le dessus : Pourquoi cet acharnement ? Pourquoi ce manque d’humanisme ? Pourquoi?

 

La journée s’achève, il est 19 h 30. Nous repartons, avec toutes ces questions sans réponses, et avec l’envie d’en faire plus. Nous avons en tête plein de visages, de regards et de sourires.

 

Nous ne les oublierons pas, ces regards, teintés d’un mélange insolite de tristesse, de fatigue et d’espoir. Nous en parlerons autour de nous.

 

« Laisse le monde te changer, et tu changeras le monde ». A bon entendeur…

 

Arzika Azzouz

 

 

Appel de la délégation du Seours Catholique:
devenir acteur de solidarité à Calais
 

 
 
Du mardi 01 juillet au dimanche 31 août
Local du Secours Catholique

Tout au long de l'été, le Secours Catholique invite les jeunes à devenir acteur de solidarité auprès des Migrants de Calais.
La Délégation cherche des jeunes (ou moins jeunes) souhaitant vivre la rencontre avec les Migrants de Calais.
Il s'agit d'assurer les repas 2 fois par semaine et le service des douches tous les jours sauf le we.
Une bonne façon d'envisager un temps de vacances différent.
Nous avons besoin de toi pour permettre l'accueil des Migrants même pendant l'été.
Une bonne occasion de vivre un engagement et un service peu banal. Un bon moyen aussi de vivre autrement ses vacances, avec d'autres jeunes.
Tu peux choisir le nombre de jours pendant lesquels tu souhaites t'engager.
Tu peux loger sur place et la Délégation peut prendre en charge tes frais de déplacement.