Depuis Lourdes

Eglise d'Arras n°12

DSC_0249.jpg DSC_0249.jpg              Il ne m’est encore jamais arrivé de m’adresser à l’Eglise dans le diocèse d’Arras depuis Lourdes ! Je le fais bien volontiers en ce jour de la Fête du Corps et du Sang du Christ.
           
            L’Eglise dans le Pas-de-Calais entretient une belle tradition. Elle reste encore, malgré les distances et les difficultés, l’une des Eglises locales en France les plus présentes dans les pèlerinages diocésains à Lourdes. J’aime répéter que si je souhaite m’adresser de vive voix à un large échantillon représentatif de notre diocèse, je dois venir à Lourdes ! Il est, en effet, important et agréable d’animer et de partager la prière de 2300 diocésains dont 260 personnes malades ou handicapées.
 
            Les pèlerins n’ouvrent pas une parenthèse dans leur vie quotidienne et dans leurs engagements lorsqu’ils montent dans le train. Même s’ils ont de bonnes raisons personnelles de prendre la route vers Lourdes, ils se savent ambassadeurs d’une communauté humaine et de l’Eglise. Ils portent les joies et les peines de tous. Sur les conseils de la Vierge Marie et à l’école de Sainte Bernadette, ils se mettent à l’écoute du Christ et de sa Parole.
 
            Une raison supplémentaire m’invite à rejoindre aujourd’hui notre diocèse. En communion avec tous les membres de nos assemblées dominicales, les pèlerins de Lourdes vivent, ici, Dimanche, Parole en fête.  L’organisation des célébrations dans les sanctuaires est admirablement réglée. Elle ne peut pas supporter toutes les spécificités et originalités souhaitées par les multiples groupes et pèlerinages qui se retrouvent à Lourdes.
 
            Sans rien changer au cadre bien réglé des sanctuaires et en participant normalement aux célébrations de la journée, il est possible de vivre Dimanche, Parole en fête. Il ne s’agit pas de bouleverser la pratique habituelle, mais de l’enrichir d’un accueil et d’une méditation partagés de la Parole de Dieu sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu qui peut, seul, nous délivrer le sens de l’Ecriture.  A Lourdes comme dans le Pas-de-Calais, Dimanche, Parole en fête  ne supprime pas, ne remplace pas le rassemblement dominical, mais l’enrichit, à charge pour les fidèles de donner périodiquement un peu plus de temps au Seigneur et à son Eglise, un dimanche matin !
 
            Le présent numéro d’Eglise d’Arras esquisse un bilan de la pratique catéchétique promue par le projet diocésain du 10 octobre 2010. Une mise en route exige un certain nombre de conversions, suscite des questions, des enthousiasmes et des réserves. La perfection est rarement acquise dès le point de départ. Elle demande du temps, de la concertation et des aménagements.
 
            Je note, cependant, l’intérêt manifeste de nombreux partenaires d’âges différents qui se réjouissent de l’expérience chrétienne, rendue plus facile par la démarche préconisée.
 
            Nous ne redirons jamais assez que le Christ est l’initiateur qui entraine les êtres qu’Il rencontre à marcher à sa suite et à entrer dans son mystère. Nous sommes pressés d’enseigner aux jeunes et aux adultes ce qu’il nous semble bon de savoir à propos de Dieu, du Christ, de l’Esprit Saint, de l’Eglise. Nous sommes soucieux de la rectitude de la doctrine. Cette préoccupation est légitime. Elle ne remplacera jamais et ne peut pas précéder la rencontre décisive et vitale avec le Christ mort et ressuscité.
 
            Les disciples d’Emmaüs n’auraient jamais compris l’Ecriture qu’ils connaissaient par cœur sans la marche avec le Christ L ui-même. Sans trois ans de compagnonnage permanent et la venue de l’Esprit Saint sur eux, les apôtres n’auraient pas pu proclamer la Bonne Nouvelle et en témoigner. Pourtant ils avaient vu et entendu ce que Jésus avait fait, ce que Jésus avait dit.
 
            L’Eglise universelle, l’Eglise en France nous ont légué des catéchismes. Ils sont aussi volumineux que précieux. Leur taille et leur minutie nous empêchent d’en connaître de mémoire le contenu. Ils demeurent  des instruments nécessaires et indispensables, des références sûres. Ils sont de bons serviteurs, mais ils ne sauraient supplanter l’itinéraire que le Christ trace pour chaque être humain et avec lui dans l’écoute amoureuse de la parole de l’Evangile, la vie des sacrements, la charité du service au nom du Christ.
 
            Il est bon et beau de savoir. Que serait cette capacité intellectuelle sans un Amour dont l’homme fait l’expérience, un pardon qu’il attend et reçoit, une intimité de tous les instants, une existence renouvelée, une rencontre du Seigneur dans le frère, surtout le plus pauvre ? Toute catéchèse est d’abord l’œuvre de Dieu.
 
 
+ Jean-Paul JAEGER