Toutes les nations, tous les peuples
EA n°06
Le carême constitue pour chaque baptisé un temps de conversion. Le cœur se dispose à accueillir Dieu, à recevoir le pardon et à entrer, de nouveau, dans la vie de Pâques. Le Seigneur et l’Eglise nous enseignent que cette transformation personnelle est impossible sans une réelle ouverture à la famille humaine, au prochain, surtout si ce dernier se trouve dans une situation chronique ou passagère de faiblesse, de pauvreté, d’abandon.
Cette réelle fraternité concerne les personnes, mais aussi les peuples, les sociétés, les races et les cultures. Nous ne devons pas avoir peur de dénoncer, de corriger, pour notre part, et de faire corriger pour autant que nous le pouvons, les « structures de péché » que stigmatisait le Bienheureux Jean-Paul II.
Oui, nous devons entourer d’une attention particulière les plus petits de nos frères qui sont à notre porte et attendent notre aide, mais aussi la reconnaissance, la justice, la possibilité de gagner leur vie et d’être abrité par un toit.
Il nous revient également de nous intéresser activement et effectivement aux hommes, aux jeunes et aux enfants qui souffrent de la faim, de la maladie, de la misère, de la dictature.
Il est souvent plus gratifiant de partager avec celles et ceux qui ont, pour nous un visage. Pourtant, des inconnus répandus sur toute la surface de la terre sont de la même famille que la nôtre. L’anonymat ne doit pas nous empêcher d’aller vers eux et de leur permettre de venir jusqu’à nous.
Les obstacles géographiques, historiques, politiques, culturels ne nous permettent pas souvent d’agir immédiatement, mais nous ne sommes pas dépourvus de moyens pour donner de la voix, entreprendre quelques actions, influencer les responsables nationaux et internationaux qui détiennent des leviers de progrès, de liberté, de développement, de coopération.
Il n’est pas nécessaire de pouvoir faire tout pour entreprendre et réussir un peu. Aurons-nous l’audace de veiller dans l’actuelle campagne électorale à ce que les différents programmes ne réservent pas la portion congrue à la vie et à la solidarité internationales ? Veillerons-nous à ce que l’intérêt économique ou une position acquise ne fasse pas taire les cris qui réclament le respect de tous les êtres humains, fussent-ils, ici et là, des Chrétiens minoritaires.
Le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement a reçu dans l’Eglise en France mission de vigilance et d’intervention dans le domaine des relations internationales. Dans un océan de besoins, il pose modestement quelques gestes dans des pays qui, aux quatre coins du monde aspirent à forger et sauvegarder la dignité de leurs habitants. Il ne s’agit pas alors de s’engager pour eux, mais avec eux pour qu’ils puissent, le plus rapidement possible, vaincre tous les fléaux qui accompagnent, bien souvent la pauvreté.
Il ne saurait y avoir de bons et de mauvais peuples, ceux qui seraient dignes de notre attention et ceux qui, de notre point de vue, ne s’en sortiront jamais.
Notre culture occidentale serait-elle exempte de failles ? Peut-elle s’enorgueillir de sa grande braderie des valeurs qui affirme que tout se vaut du moment que chaque individu y retrouve, vaille que vaille, son compte ? Quel prix a réellement une société où le bien commun est devenu la résultante de tous les appétits ?
En cette fin de carême, accepterons-nous de recevoir, non pas des leçons, mais des témoignages et des éclairs de vie qui peuvent surgir de ces arrière-cours dans lesquels les pays dits riches cantonnent ceux qui souffrent de l’économie, des armes et de la finance ?
Les partenaires que nous rencontrons ne sont venus pas tendre la main, même s’il est juste et normal que le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement nous appelle à un partage en espèces sonnantes et trébuchantes. Ils nous offrent une expérience de vie et d’espérance qui ne se vend pas et ne s’achète pas, mais se découvre et se reçoit dans le contact fraternel. Comprenne qui pourra !
+ Jean-Paul JAEGER