Lourdes: si loin pour aller plus près !
Si l’évêque du diocèse d’Arras veut régulièrement rencontrer un large échantillon des fidèles confiés à sa responsabilité pastorale, il lui suffit de prendre la direction de Lourdes ! Aucun autre rassemblement ne rassemble, chaque année, un nombre si imposant de diocésains. C’est dire qu’au-delà même du retour sur les lieux de la rencontre de la Vierge Marie avec Bernadette Soubirous, la démarche constitue un événement régulier et fécond de la vie et de la mission de l’Eglise dans le Pas-de-Calais.
Il est toujours étonnant de retrouver devant la grotte de Massabielle des enfants, des adolescents, des jeunes, des adultes, des grands-parents, tous fascinés par la rencontre spirituelle qui ne laisse personne indifférent. La dimension commerciale d’une ville qui accueille plus de cinq millions de visiteurs, par an, s’efface très vite devant la force et la simplicité du message, devant la communion qui existe entre des frères humains, de toutes, langues, races et cultures.
La présence et l’accueil des malades donnent à Lourdes son caractère unique de cité de l’espérance. Toutes les souffrances y convergent. Elles rejoignent l’interminable litanie de questions que se posent toutes les générations de tous les pays qui prennent soudain conscience de toutes les blessures susceptibles de défigurer l’être humain.
Il est étonnant de découvrir avec quelle facilité les plus petits se sentent chez eux. La proximité avec Bernadette et sa famille, une volonté d’offrir des conditions d’hébergement analogues à celle de la majorité des pèlerins touchent les cœurs et les parcours les plus bouleversés.
Le bénévolat des membres des hospitalités et d’une multitude de groupes, l’engagement des jeunes, le partage, les échanges, prennent soudain la forte saveur de l’Evangile. Ils l’expriment, pour les uns. Ils préparent à le recevoir, pour les autres.
Il est certainement légitime de déplorer la piété à éclipses de certains « accros » de Lourdes qui oublient un peu vite que la foi n’a pas peur de cinquante deux semaines et de douze mois annuels !
Cette réserve ne doit pas minimiser les bienfaits dont bénéficient tant de pèlerins de tous âges et de toutes conditions. Pour beaucoup, et à tous les sens du terme, la remontée à la source, permet de renforcer, voire de retrouver, une foi qui a besoin de moments forts pour se vivre dans la simplicité et les réalités du quotidien.
De façon surprenante, depuis l’origine des pèlerinages, les habitants du Pas-de-Calais ont gardé un réel attachement à la grotte de Lourdes. Cette fidélité souligne certainement le poids de la valeur de l’héritage que l’on se transmet peut-être plus facilement chez nous qu’ailleurs. Nous ne devons jamais perdre de vue cette caractéristique locale lorsqu’il est question de proposer la foi.
La qualité de la préparation et de l’animation permettent, à coup sûr, de ne pas isoler tous les trésors mis au jour à l’occasion d’un pèlerinage de la vie d’un département et de l’Eglise qui est y est plantée. Le message de la Vierge Marie et le choix de Bernadette n’ont rien d’une rêverie déconnectée de préoccupations matérielles, spirituelles, sociales et morales.
On ne va pas à Lourdes pour oublier. On y apprend humblement à vivre ou à revivre. Notre diocèse ne mettra jamais trop en valeur les merveilleuses ressources qui habitent le cœur de pèlerins qui sont toujours appelés à tenir leurs lampes allumées ! Nos paroisses, nos groupes, nos mouvements en ont grand besoin !
Au mois de mai 2007, le diocèse d’Arras organisera son quatre centième pèlerinage à Lourdes. En 2008, sera célébré le cent cinquantième anniversaire des apparitions. Nous ne manquerons pas l’occasion de demander à la Vierge Marie et à Sainte Bernadette de nous aider à débroussailler en nous et autour de nous les chemins qui mènent au Christ et vers nos frères.
En attendant, il n’est pas interdit de vivre un été 2006 reposant, disponible, ouvert à la rencontre de Dieu et de nos semblables !
+ Jean-Paul JAEGER