Diaconia 2013 : un départ !
Eglise d'Arras n°10
A l’arrivée de l’autocar à la maison diocésaine, ce dimanche matin 12 mai, les visages portaient les marques de la fatigue mais les cœurs chantaient l’enthousiasme des jours vécus à Lourdes dans le cadre de Diaconia 2013. 15 heures de trajet ne pouvaient pas faire oublier la richesse des moments vécus par les délégués de tous les diocèses de France. Ils étaient environ 12000. Parmi eux, 112 inscrits représentaient tous les doyennés du Pas-de-Calais.
Il est toujours difficile de rendre compte d’un tel rassemblement. Seules, l’ouverture, la clôture, les célébrations de l’Eucharistie et la veillée rassemblaient tous les participants. Aux grandes assemblées avaient été préférés les forums, les animations, les rencontres, les spectacles. Il faut alors choisir et chacun éprouve la frustration d’être passé à côté d’une foule d’activités plus passionnantes les unes que les autres.
Il fallait alors échanger et partager les moments vécus de façon plus dispersées. Des fraternités, semblables à nos maisons d’Evangile, réunissaient chaque jour, des groupes à effectif plus restreint, autour de la Parole de Dieu. Il y en avait, pour nous, une par doyenné.
Diaconia 2013 n’avait pas pour objectif de multiplier les exposés et les discours sur la pauvreté et les moyens de la réduire. Les organisateurs ont fait le pari du dialogue fraternel entre des personnes touchées par des formes de pauvreté toujours plus nombreuses et d’autres qui disposent de plus de moyens pour affronter les difficultés de la vie. Nous n’étions pas à Lourdes pour entendre des communications et des interventions sur la pauvreté, mais pour être accueillis par les plus démunis et les recevoir, tracer les chemins qu’il est possible et nécessaire de parcourir ensemble. Il est alors plus facile d’envisager les mesures ponctuelles et structurelles qu’il est indispensable des mettre en œuvre.
La démarche nous a permis de faire une expérience forte de la fraternité que sont appelés à vivre les enfants du même Père et des engagements qu’elle implique dans l’existence quotidienne comme dans la gestion de la société, de notre pays, de l’Europe du monde et de la planète.
Diaconie 2013 serait un échec si ces jours fabuleux ne laissaient que des souvenirs. Les délégués ont reçu une mission : sensibiliser et réveiller toutes les communautés, les groupes, les mouvements et les services de nos diocèses. Les fruits ne sont pas réservés à quelques-uns. Le rassemblement de Lourdes ne met pas un point final à un processus entamé depuis plus de deux ans. Ensemble, nous sommes au pied du mur. L’heure est venue de bâtir.
Notre diocèse ne remet pas les compteurs à zéro. De nombreuses instances poursuivront, au nom du Christ, leurs activités de solidarité. Elles seraient d’ailleurs heureuses de bénéficier du concours de nouveaux membres : qu’elles soient remerciées pour leur labeur persévérant, humble et discret ! Des fidèles de l’Eglise catholique rejoignent d’autres frères humains dans des associations et des opérations qui regroupent des bénévoles. Ils donnent ainsi l’humble témoignage de leur foi.
Il nous faut franchir ensemble un pas de plus. L’amour fraternel ne peut pas s’arrêter à ce que chacun fait pour son semblable, même si cette étape constitue souvent une urgente nécessité. Membres d’une unique famille, nous devons faire place à chaque membre, lui ouvrir les portes, le reconnaître dans sa spécificité et sa différence. La relation est toujours à double sens. Elle veut que nous soyons pauvres ensemble pour nous enrichir et grandir ensemble.
Dans une société où il ne fait pas bon être démuni, différent, étranger, malade ou handicapé, l’Eglise sait qu’elle est, au nom de son Seigneur et par lui, constituée signe de l’humanité nouvelle sauvée et unifiée par la Christ mort et ressuscité. Il ne lui appartient pas de donner des leçons ou d’imposer une doctrine. Elle est attendue par les gestes qu’elle posera. Une fois de plus, ils contesteront peut-être l’opinion dominante, les mécanismes économiques, les intérêts particuliers.
Qui serait insensible aux quelques fleurs d’un printemps de l’humanité qui pourraient, comme ailleurs, éclore au sein de nos communautés ?
Laissons-nous entraîner par l’invitation lancée à la fin du rassemblement :
« Ensemble, osons le changement de regard sur les plus fragiles. Abandonnons un regard qui juge et humilie pour un regard qui libère. Nous n'avons pas de prochain clé en main. La proximité se construit chaque jour.
Ensemble, osons le changement d'attitude au sein des communautés chrétiennes pour que les pauvres y tiennent toute leur place. Cette conversion passe notamment par un développement des collaborations dans et hors de l'Eglise.
Ensemble, osons le changement de politiques publiques, du local à l'international. Que les décisions prises visent à prendre en compte la situation des plus fragiles dans le respect, la justice et la dignité.
Ensemble, osons le changement dans nos modes de vie, pour respecter la création où les liens humains sont premiers et préserver l'avenir des générations futures. [1]»
+ Jean-Paul JAEGER
[1] Message final du Rassemblement Diaconia 2013 à Lourdes.