La réussite d'un synode
Synode provincial du Nord
Au moment où est réuni à Rome, à l’initiative du pape François, un synode qui traite de la famille, l’assemblée synodale de la Province de Lille s’est retrouvée samedi 11 et dimanche 12 octobre 2014, à Merville pour sa troisième session. Les deux événements n’ont pas la même ampleur, ni le même objet ni le même impact médiatique. Ils s’inscrivent pourtant l’un et l’autre dans une même volonté d’écoute de la volonté du Seigneur et d’ouverture aux appels et à l’œuvre de l’Esprit-Saint. Ils veulent, tous deux, contribuer à l’annonce de la Bonne Nouvelle à nos contemporains. A plusieurs reprises, les délégués présents à Merville se sont unis par la prière et par l’Eucharistie aux évêques chargés d’aider le pape à remplir sa mission.
Je redis, une fois encore, qu’il n’est pas facile de faire partager à tous les fidèles et aux pasteurs des diocèses de Lille, Arras et Cambrai, les moments intenses vécus par les participants. Un synode est fondamentalement un événement vécu dans la foi, la prière, le discernement. Il n’est pas évident de rendre compte de cette intensité. Le témoignage, les images, les écrits, l’intercession peuvent, cependant, associer les communautés des trois diocèses à une démarche qui les concerne.
« Où cela va-t-il nous mener ? » La question revient souvent. Elle n’a pas encore de réponse définitive, même si le chemin commence à devenir ferme sous les pas des membres du synode. Tous les votes ne sont pas terminés, mais la plupart des propositions ont été adoptées, même s’il en reste quelques-unes à examiner et à travailler. Le labeur synodal entrera parfaitement dans le calendrier prévu.
Je retiens, pour ma part, la qualité des rencontres qui permettent de partager des temps de profonde communion ecclésiale. L’écrasante majorité avec laquelle est votée, après réexamen et affinement si nécessaire, la quasi-totalité des propositions manifeste bien qu’il ne s’agit pas comme dans un débat démocratique de dégager des majorités et des oppositions, mais de laisser le Seigneur agir dans son Eglise et par elle. Oui, ce synode joue bien son rôle. Il suscite des ouvertures, des conversions, des disponibilités, des remises en question, des nouveautés. Il exprime ce que les paroisses sont appelées à accueillir et réaliser demain.
L’aventure n’est pas terminée. J’invite tous et chacun à l’accompagner par la prière, la découverte et l’échange avec les membres de cette assemblée fraternelle et chaleureuse. Les moyens médiatiques dont disposent les diocèses font écho au synode. Il ne faut pas hésiter à s’y référer et à entretenir l’intérêt. Il n’est pas trop tard pour alimenter la réflexion et la recherche de la dernière session.
Lors de la prière de dimanche matin, le synode a recueilli le témoignage du Père Delalin, du diocèse de Lille. Jimmy a été envoyé comme prêtre Fidei donum dans le diocèse de Baie-Comeau dans la province du Québec au Canada. Le territoire est immense puisque le diocèse s’étend sur 1250 km. Les catholiques y sont peu nombreux. Les prêtres sont rares. Pour se rendre dans l’une des paroisses dont il a la charge, Jimmy doit parcourir 600 km. Il faut faire face. Ce pasteur nous a rendu compte de la vitalité des communautés chrétiennes qui quantitativement ne bénéficient que d’une faible présence du ministère ordonné. Il faut alors aller à l’essentiel et compter sur de nombreuses collaborations. Jimmy nous a dit: « Plus c’est pauvre, plus ça marche ! »
J’entends l’objection. Nous ne sommes pas au Canada. Nous n’avons pas la même histoire et le même héritage. Nous ne venons pas du même point de départ. Tout cela est juste. Une réalité s’impose, cependant, à nous. L’Eglise dans notre pays, dans nos diocèses fait et fera pour un temps de longueur indéterminable l’expérience de la pauvreté.
Une perte de richesse engendre toujours une souffrance compréhensible. Elle peut décourager et stériliser. Nos communautés continueront à annoncer l’Evangile, à célébrer les sacrements, à donner les signes de l’amour fraternel. Elles appelleront des jeunes à être prêtres, à accueillir la consécration dans la vie religieuse. Elles engendreront des initiatives et des responsabilités parmi les fidèles laïcs. Elles ne baisseront pas les bras. Elles ne feront pas l’économie d’une purification et d’une fécondité par la pauvreté, celle du Christ qui s’abaisse jusqu’à la mort et la mort de la croix. Oui, de façon mystérieuse avec le Fils de Dieu et par Lui, « Plus c’est pauvre, plus ça marche ! » Nous ne l’oublierons pas en terminant le synode provincial !
+ Jean-Paul JAEGER