Dieu visible et caché

Eglise d'Arras N°21

            Noël serait-il victime de son succès ?  La fête est célébrée dans de nombreux pays. La crèche et le sapin sont devenus pour beaucoup,  au fil des siècles, les symboles de la joie, de la rencontre, de l’enfance. Ces signes de Noël sont partagés bien au-delà des limites visibles du christianisme. Tant mieux si l’Église peut offrir, le 25 décembre, un moment d’espérance et de paix. Elle remplit sa mission puisqu’elle s’adresse à la multitude. N’a-t-elle pas elle-même emprunté au paganisme la date où elle a choisi de célébrer la naissance du Fils de Dieu ?

            L’environnement festif et commercial risque pourtant de trop enjoliver ou dénaturer un événement que Dieu Lui-même n’avait probablement pas l’intention de transformer en championnat de la consommation. Le bébé couché dans une mangeoire n’est pas venu nous attendrir. Il suscite et éveille notre foi. En lui, Dieu se révèle et se cache à la fois.
            Une promesse s’accomplit : Dieu vient chez les siens. Le sauveur annoncé et attendu est là. Le peuple qui le guettait peut se réjouir. La nouvelle création est proche. L’alliance avec le Père sera rétablie.
            Pourtant cette naissance déconcerte et dérange. Qui va découvrir Dieu dans la pauvreté, l’humilité d’un enfant couché dans une mangeoire ? L’humanité n’est pas prête à reconnaître la véritable puissance dans l’abaissement au nom de l’amour.
            L’attrait qu’exerce la fête de Noël pose peut-être les premiers éléments d’une recherche plus profonde. Il exprime des attentes maladroitement formulées. L’annonce de la Bonne Nouvelle et le témoignage rendu au Fils de Dieu fait homme peuvent mener des frères et des sœurs vers la Lumière susceptible d’éclairer leur existence. L’Eglise doit encore leur rendre ce service.
            En cette fin d’année, nos concitoyens, les pays d’Europe et bien d’autres dans le monde sont gagnés par un doute à dimension planétaire : les points d’appui sur lesquels les relations entre les peuples ont été longtemps fondées se dérobent sous leurs pas et font paraître leur fragilité. Les équilibres économiques, financiers, sociaux sont rompus. Les colosses qui devaient garantir l’avenir et auxquels des êtres humains étaient parfois sacrifiés avaient bel et bien des pieds d’argile !        
            À l’heure des doutes et des angoisses, l’Église et l’humanité reçoivent un tout petit enfant bien incapable de résoudre les immenses problèmes dont les solutions relèvent de la responsabilité humaine. Elles savent cependant que le véritable trésor nous est donné par cet enfant et en lui. Dans notre chair même, Dieu nous dit que rien ne vaut l’amour qui se dépouille de tout et n’a que la vie paternelle et fraternelle à offrir. L’homme sait alors où il va, pour qui il y va, avec qui il y va !
            Au moment de Noël, débute dans les diocèses de France la démarche Diaconia 2013. Dans la dynamique du Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France, les évêques invitent tout le Peuple de Dieu à mettre ses pas dans ceux du Christ serviteur. Il a établi sa demeure parmi nous, il est mort et ressuscité pour que tout être humain ait la Vie.
            Couché sur la paille, il nous apprend à le contempler et à le servir en celles et ceux qui lui ressemblent dans leur dénuement, leur faiblesse, leur isolement, le rejet dont ils sont l’objet.
            Dans cette folie de Dieu se manifeste la vérité de l’homme. Le Seigneur l’introduit dans sa propre divinité nous rappelant ainsi le prix inestimable de tous ses enfants que son Fils vient rétablir dans leur dignité.
            Depuis la nuit de Noël, servir et défendre authentiquement l’homme de sa conception à sa mort naturelle, dans toutes les phases et les circonstances de son parcours nous associe à l’œuvre d’amour du Père. Il fait lever sur nous sa Lumière ! Elle nous sera bien précieuse dans les temps qui viennent !
            Belle et heureuse fête !
+ Jean-Paul JAEGER   
           

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