Après le motu proprio
Lettre aux ministres ordonnés
Lettre de Mgr Jaeger, en date du 10 juillet, aux prêtres et diacres du diocèse, après la publication de la lettre en forme de motu proprio du souverain Pontife
Chers Amis,
Les événements m’invitent à rompre la trêve estivale et à m’adresser à vous en cette période de dispersion et de détente.
Depuis samedi dernier, nous avons pu prendre connaissance du texte du Motu proprio signé par le Pape Benoît XVI et intitulé : « Summorum Pontificium. » Nous avons lu, analysé. Nous avons échangé nos réflexions et nos jugements.
Nous partageons, sans aucune réserve, le souci d’unité et de réconciliation manifesté par le Saint Père. Nous savons aussi que sur ce chemin, selon l’invitation évangélique, il faut apprendre, quoi qu’il nous en coûte, à faire le premier pas. Plaise à Dieu que les dispositions du Motu proprio servent cet objectif !
Un Motu proprio n’efface pas l’histoire et ne résout pas instantanément tous les problèmes. Les écrits, les paroles et les gestes ne disparaissent pas spontanément.
Il serait injuste et blessant d’assimiler l’extension de l’utilisation permise jusqu’à ce jour des livres liturgiques en vigueur avant Vatican II à un reniement du Concile.
Toutefois, et au-delà même de la liturgie, l’unité et la réconciliation ne peuvent se vivre que dans la proclamation de la même foi et l’acceptation unanime de son expression authentifiée par le Magistère. Dans la négative, l’ouverture risque d’engendrer une fracture plus large encore que celle que le Pape veut généreusement réduire.
Les circonstances nous invitent à persévérer ensemble dans la réception de Vatican II, à affiner notre lecture, à relire nos pratiques à la lumière de son enseignement, à le mettre loyalement en œuvre.
J’ai bien conscience des imperfections, des limites, des erreurs auxquelles n’échappent pas les personnes et les groupes. La conversion est le lot de tous dans l’Église.
Des faits et des discours restent cependant inscrits dans les mémoires. Ils suscitent des incompréhensions, des craintes, de l’amertume. Des propos tout récents inquiètent. Qui s’en offusquerait ?
Je renouvelle mes encouragements, mon estime et ma confiance et je redis ma gratitude à tous les membres du Peuple de Dieu, quel que soit leur état de vie ou leur responsabilité dans l’Église, qui dans la fidélité, l’humilité et la disponibilité, ont assumé, assument et assumeront pour
Ces ouvriers et ouvrières de la moisson ont rempli, remplissent et rempliront, avec leurs faiblesses et en dépit des faux pas toujours possibles, la mission que l’Église, au nom du Christ, leur confie.
Je propose à ceux d’entre vous qui le souhaitent, notamment les curés, de lire ensemble le texte de « Summorum Pontificium » et de la lettre d’accompagnement aux évêques. Nous pourrons énumérer les questions que laisse sous silence ce document et auxquelles nous risquons d’être confrontés.
À cet effet, une rencontre est organisée, le mardi 4 septembre 2007, de 14 heures 30 à 17 heures, à
Bon courage à ceux qui sont à leur poste. Bon repos à ceux qui, comme moi, refont les forces du corps et du cœur. À tous, un été plus radieux et souriant que le ciel !
Je vous prie de croire, Chers Amis, à mes sentiments très fraternels.
+ Jean-Paul JAEGER.
La lettre de Mgr Garnier, archevêque provincial
Vocabulaire:
Lettre apostolique en forme de motu proprio
Le souverain Pontife a qualifié le document sur la libéralisation de la messe de Pie V de lettre apostolique en forme de motu proprio. Qu'est-ce?
Une lettre apostolique, dans l'ordre qualificatrif d'importance est le dernier degré . C'est unbe lettre publiquement adressée à un responsable en vue de développer un enseignement ou une orientation sur un point précis. Ex. Lettre apostolique de Paul VI au cardinal Roy, président du Conseil pour les laïcs et de la Commission pontificale Justice et paix sur le problème social, à l'occasion du 80° anniversaire de l'encyclique Rerum novarum (1891).
La qualification de "en forme de motu proprio" est une manière, pour Benoit XVI, de vouloir donner plus d'importance à sa lettre. Un motu proprio est un acte législatif pris et promulgué par le Souverain pontife, "de sa propre initiative et non pour répondre à une sollicitation". C'est l'équivalent d'un décret. "En forme de..."
Les formes écrites habituelles d'un souverain pontife pour s'exprimer sont l'encyclique et l'exhortation apostolique. L'encyclique est adressée à l'ensemble des évêques du monde, et par eux, au clergé, aux fidèles et, éventuellement, aux hommes de bonne volonté. Ce sont des textes qui ont valeur d'enseignement ete peuvent parfois comporter de sévères mises en garde. Une exhortation apostolique, texte proche de l'encyclique par son esprit et ses destinataires, présente en général les conclusions du souverain pontife suite à une réflexion collective des évêques, comme par exemple, un synode. ( Christifideles laici de Jean-Paul II ou, plus récemment, "sacramentum caritatis" de Benoit XVI sur l'eucharistie
Il est important de distinguer, dans l'Eglise catholique les textes qui sont le fruit d'une réflexion commune, comme les actes du Concile Vatican, en particulier les Constitutions, des actes ordinaires d'un pape, fruit de sa propre réflexion. La préséance revenant aux textes conciliaires et aux documents issus d'une réflexion commune, comme les exhortations apostoliques. Au sommet de la hiérarchie des textes se trouvent les documents "de foi définie" dits "articles de foi". C'est une formulation élaborée par l'Eglise d'un aspect de la foi, reposant sur la Révélation. On trouve ensuite les définitions dites "de foi", puis ce qu'on appelle "le dépôt de la foi" et dont l'Eglise a mission de rendre intelligible pour tous. On trouve ensuite les dogmes, pu vérités de foi proposées par le magistère extraordinaire de l'Eglise à l'adhésion des catholiques. Dans le débat actuel, il est utile de se rappeler la diversité desdegrés d'importanvce des nombreux et divers documents émanant du Vatican.