Pas de Calais Source d'Humanité
Eglise d'Arras N°2
Camp De façon permanente et particulière se posent dans notre département les questions que soulève le mouvement des personnes à la surface de la planète.
Cette réalité est liée à l’histoire de l’humanité. Pour des raisons aussi nombreuses que diverses, des hommes et des femmes se sont déplacés, habités par le désir de connaître un avenir meilleur.
Ils se sont mis en quête d’une terre plus accueillante que celle qu’il leur semblait opportun, voire indispensable, de quitter quand ils n’y étaient pas contraints par la force.
Le développement, les progrès techniques, politiques et sociaux ont pu modifier cette nécessité. Ils ne l’ont pas fait disparaître. Tout porte à croire que ces migrations ne cesseront jamais. Elles ont souvent été source de richesse et d’évolution. La rencontre et la confrontation des ressources, des histoires et des cultures ont incontestablement constitué de puissants moteurs de l’évolution et de l’humanisation.
L’émergence et le développement des états de droit ont légitimement tenté d’encadrer par la loi les déplacements, les accueils et les implantations de personnes. Les nations ont progressivement pris conscience de la responsabilité commune et de la solidarité à l’égard de l’humanité entière.
Des dispositions européennes encore tâtonnantes et différenciées conduisent des candidats au passage en Angleterre à attendre une hypothétique traversée et à séjourner sur le Littoral de la Mer du Nord et de la Manche ou en des points stratégiques des axes routiers qui y mènent.
Depuis de longues années déjà, des individus, des associations, des responsables politiques, administratifs et sociaux s’efforcent dans des conditions difficiles de rendre le moins pénible possible le séjour de membres de la famille humaine dans le Pas-de-Calais qui ne saurait renoncer à sa tradition de reconnaissance, d’accueil et de respect des personnes.
La politique migratoire relève du débat démocratique et des décisions prises dans l’exercice des responsabilités constitutionnellement reconnues. Toutes les familles de pensée, les religions constituent avec d’autres groupes des partenaires de ce débat. A ce titre, les membres de l’Eglise Catholique ne peuvent pas, tout en respectant la démocratie et la laïcité, renoncer à promouvoir et défendre une vision de l’homme éclairée par la Parole de Dieu, la foi et une longue tradition du service de l’humanité.
La loi est au service de l’humanisation, de la structuration de la personne, du bien commun. Nul ne peut, de sa propre autorité et pour défendre des intérêts personnels, l’ignorer ou s’y soustraire.
De façon aussi nette, nous affirmons qu’un être humain, quelle que soit sa situation, doit être respecté. Ses besoins élémentaires de dignité, de reconnaissance, de liberté, de nourriture, de gîte, de soins ne sauraient être sacrifiés à d’autres considérations.
La présence des migrants dans notre département et leur situation ne s’expliquent probablement pas en quelques formules simplistes. Des individus n’hésitent pas à tirer profit de leur détresse et de leurs attentes. Des problèmes qui ont une dimension mondiale ne peuvent pas se résoudre instantanément dans le Pas-de-Calais !
Des pratiques répréhensibles ne dispensent pas de la mise en œuvre de moyens de manifester le réel respect de l’humanité en autrui comme en nous-mêmes.
Il nous faut remercier et encourager, une fois encore, celles et ceux qui humblement et fidèlement assurent ce courageux service de l’homme. Ils sont simples bénévoles, Ils sont regroupés en associations, en mouvements. Ils assument des responsabilités politiques, sociales, économiques, administratives.
Comment ne pas souhaiter que la réflexion partagée, le dialogue, de nouveaux concours œuvrent modestement, simplement, mais réellement à la croissance de l’humanité ? C’est bien de cela qu’il est question. N’est-ce pas un objectif autour duquel des hommes et des femmes de bonne volonté peuvent se rassembler ?
+ Jean-Paul JAEGER