Un air de jeunesse
Eglsie d'Arras N°11
Au fil des années, l’Eglise Catholique en France a largement perdu le contact avec la jeunesse. La consultation des indicateurs statistiques permet difficilement de contredire ce constat. Une analyse plus fine nuance peut-être le propos, mais elle ne le corrige pas fondamentalement. Il est à peine consolant de noter qu’à cet égard, l’Eglise n’est pas plus mal lotie que d’autres instances sociales !
Le phénomène n’est pas neuf. Il s’est amplifié au fil des décennies. Plus que sexagénaire, j’ai personnellement grandi dans une Eglise dont les pasteurs n’ont jamais cessé de se plaindre de la désertion des adolescents au lendemain de la profession de foi.
Cette réalité a traversé les événements, notamment la période conciliaire. J’ai été témoin, bien avant 1963, de la disparition, faute de participants, d’activités organisées et gérées par l’Eglise. Certes, d’autres ont été proposées, mais elles n’ont pas tardé à connaître la même érosion.
Il serait présomptueux de prétendre énumérer en quelques lignes les causes de cette situation. Elles sont multiples et il faut, pour une large part, les rechercher en dehors de la structure ecclésiale elle-même. Une page se tourne, une autre s’ouvre peut-être !
Cette vision apparemment pessimiste, mais sans doute réaliste, ne doit pas occulter la nécessité et les joies de la mission de l’Eglise à l’égard des plus jeunes. Plus qu’avec d’autres partenaires, il nous faut, à frais nouveaux, leur proposer la foi et leur annoncer l’Evangile. Il n’en va pas tant de la survie de l’Eglise que du bonheur des jeunes générations.
Si la Parole de Dieu est Bonne Nouvelle, si l’Eglise est signe et instrument du Salut en Jésus-Christ, nous n’avons pas le droit de nous résigner. Tant pis s’il nous faut secouer nos schémas, nos certitudes, nos structures, nos communautés, nos groupes et nos mouvements. Tant pis, s’il est quelquefois indispensable d’arrêter, pour créer, de renoncer pour recommencer !
Comment ne pas partager le bonheur de faire route avec des jeunes sur les chemins tracés par le Christ mort et ressuscité ? Si nous ne sommes plus face un phénomène de masse, nous rencontrons des jeunes qui vivent avec le Christ une authentique histoire d’Amour, de réconciliation, de construction. Ils prennent, soudain, conscience d’appartenir à une famille qui les accueille et les nourrit.
Nous avons le devoir et la fierté de rappeler et de montrer que des jeunes sont heureux d’être chrétiens et membres de l’Eglise. Pourquoi faudrait-il être peureux et honteux ? Ils ne sont pas à part de l’existence quotidienne, de ses courants de pensée, de ses progrès et de ses ambiguïtés. Ils veulent simplement faire briller sur leur vie et sur celle du monde la Lumière du Christ, source de leur vie.
Comment ne pas soutenir et encourager les petits noyaux de jeunes militants qui, au risque de la dérision et du découragement persistent à témoigner de leur foi en faisant route avec d’autres jeunes à qui les bouleversements sociaux, économiques et moraux ne font pas de cadeaux ?
La preuve est faite que de grands moments souvent décriés dans certains cercles de notre Eglise constituent des temps fondateurs qui portent longtemps des fruits. Rome, Lourdes, Taizé, Amettes et d’autres lieux n’offrent pas la compensation facile à l’indolence ordinaire et une excuse à l’absence d’engagement.
Il est toujours agréable et merveilleux de retrouver, plusieurs fois, par an, aux quatre coins du diocèse des jeunes qui ne doivent pas comprendre grand chose à l’attitude d’aînés qui hésitent à se déplacer de 5 kilomètres pour participer à l’Eucharistie ! Je constate que « ces grandes manœuvres » jouent actuellement un rôle non négligeable dans l’appel aux vocations spécifiques et … à la réponse apportée.
Le nombre annuel de confirmés diminue. Notre diocèse doit s’interroger à ce sujet. Un confirmé n’engendre pas systématiquement un apôtre. Je le sais. Pourtant, beaucoup de confirmés deviennent acteurs de la pastorale auprès de leurs cadets.
Les pages de ce numéro d’Eglise d’Arras soulignent la pertinence d’une pastorale toujours renouvelée, adaptée et créative auprès des plus jeunes. Elle peut, bien sûr, contribuer à puiser dans leurs trésors de l’ancien, mais nous devons rester aux aguets du neuf que l’Esprit Saint fait surgir.
Adultes qui lisez ces pages, apportez votre aide et votre soutien, votre expérience et votre dynamisme aux jeunes. Vous serez les premiers bénéficiaires de cet investissement. Forgez en eux des âmes et des cœurs d’apôtres. C’est vital et urgent !
+ Jean-Paul JAEGER