Homélie de Noël

 

 

Extraits de l'homélie

 

Crèche à la cathédrale Crèche à la cathédrale  Nous faisons nôtres la joie et le sourire qui relèguent, ne serait-ce qu’un moment, les soucis et les peines, la lutte et les souffrances. C’est Noël !

 

On a beau répéter que la dimension commerciale a progressivement chassé sur le terrain de la foi, que l’histoire a rendu, la monnaie de sa pièce à l’Église qui, pour célébrer la naissance de Jésus de Nazareth, a, en quelque sorte, baptisé une fête païenne.

 

La réalité s’impose. Nous sommes là.  Autour de qui  sommes-nous rassemblés ? Oui, qui ? Une vedette ? Un leader ? Un chef ? Non, rien de tout cela ! Nous contemplons un nouveau-né couché dans une mangeoire. Ses parents sont inconnus. Selon les termes de l’Évangile, il est né dans des conditions hasardeuses, à l’occasion d’un déplacement forcé qui répondait à une exigence administrative.

 

Le déroulement de notre existence quotidienne peut entretenir en nous une redoutable illusion. L’homme est grand. Son désir est infini et ses capacités de le satisfaire vont croissantes. Les progrès de la science, de la technique, de la médecine, de l’informatique, des moyens de communication, le rétrécissement de l’espace et du temps, le rapprochement entre les personnes donnent l’impression fondée que l’être humain est de plus en plus puissant.  Ses capacités dépasseront toujours, du moins le pense-t-on, des limites provisoires pour atteindre une forme de triomphe qui donnent déjà à chacun la conviction d’être maître de l’univers, de lui-même et des autres.

 

Pourquoi faut-il alors que de multiples grains de sable viennent, à espace plus ou moins régulier, avec une force plus ou moins intense, gripper la machine de l’illusion. La maladie, la déception sentimentale, l’échec professionnel, la perte d’un emploi, la rupture d’un couple, la révolte d’un adolescent, le vieillissement nous jettent à la figure une réalité qu’il est parfois cruel d’accepter : la toute-puissance est, bel et bien, un mythe, même si elle continue à habiter inlassablement nos projets et nos réalisations.

 

Devant la crèche Devant la crèche  Nous accueillons un Dieu qui fait tout pour ne pas ressembler à Dieu. Qui ira Le chercher et Le découvrir dans un petit enfant anonyme qui ne reçoit pour seul hommage que la visite de bergers ? Ils sont  tenus à l’écart des bruits de la cité puisque loin de tout et de tous, ils gardent leur troupeau.

 

Oui, Dieu se fait homme. Loin d’apparaître comme Celui qui revient remettre de l’ordre dans les velléités humaines et dans les relations souvent troublées et bouleversées, Il dit dans la faiblesse et l’humilité d’un enfant qu’Il n’a que son Amour à nous donner et à nous offrir. Cet Amour conduit loin, mais pas à cette distance qui permet d’atteindre le sommet de la gloire, du prestige et de la reconnaissance. Le chemin du Christ Le mènera sur la seule hauteur de la croix, là où, toujours par Amour, Il donnera sa vie. C’est d’un tombeau qu’Il surgira, vainqueur, au matin de Pâques !

 

Dieu n’a été trop loin de toi, de moi, de nous. Jamais, il n’a refusé comme le fera Jésus pendant son itinéraire terrestre, d’établir sa demeure chez nous et en nous. Nous n’avons pas, cette nuit, à nous juger nous-mêmes, à nous évaluer. Il suffit de nous interroger : « Ai-je besoin d’être aimé ? Ai-je besoin d’aimer ? » Dieu ne nous en demande pas plus et déjà, Il est prêt à nous combler.

 

L’enfant couché dans la crèche nous dit que nous sommes meilleurs que nous le pensons et que Dieu nous propose de retrouver la splendeur que nous avons troquée contre une gloire éphémère que nous pensions pouvoir nous donner à nous-mêmes.

 

Amis, n’ayez pas peur de vous découvrir, cette nuit, dans le regard et le sourire de cet enfant qui vient pour aimer, nous aimer. Cette fois encore, ne nous étonnons pas si nous sommes envahis d’un surcroît de générosité, d’envie de partager, le désir d’accueillir. Ce n’est pas le miracle de Noël, mais tout simplement le projet de l’Amour de Dieu qui s’accomplit.

 

Les contacts quotidiens nous situent souvent face à des concurrents, des rivaux, des étrangers, des maîtres, des supérieurs ou des inférieurs. Et voici qu’en envoyant son Fils au cœur même de l’humanité, Dieu nous dit que nous sommes des enfants bien-aimés, des frères et des sœurs, de toute langue, de toute race, de toute culture.

 

La lumière qui se lève dans nos cœurs n’est pas destinée à s’éteindre. Dieu l’entretient en nous pour que selon la Parole de l’Apôtre Paul, nous soyons : « son peuple, un peuple ardent à faire le bien. » « Un enfant nous est donné, un Fils nous a été donné. » Notre espérance ne sera pas déçue. Dieu tient toujours la promesse de son Amour.

 

+ Jean-Paul JAEGER.

 


Au cours de l’introduction de la messe de Noël Mgr a  rappeé de manière discrète son souci devant la situation faite aux réfugiés à Norrent-Fontes et à Calais. On peut aussi retrouver la réflexion des évêques de France quand ils écrivaient : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 8163 visites