Lourdes : Cent cinquante ans !
Le 11 février prochain, l’Eglise célèbrera le 150ème anniversaire de la première des dix huit apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous, une jeune fille de Lourdes.
Très tôt après ces manifestations, l’évêque de Tarbes, Monseigneur Laurence, a reconnu que les fidèles étaient fondés à croire que la Mère du Sauveur qui s’est désignée elle-même sous le vocable de l’Immaculée Conception était apparue à Bernadette. Le message délivré était authentifié et le culte autorisé.
De façon étonnante, les pèlerins ont rapidement afflué. Ceux de notre région, de notre diocèse en particulier, furent parmi les premiers. L’attachement du Pas-de-Calais à Lourdes ne s’est jamais démenti.
Aujourd’hui encore des milliers de pèlerins de chez nous, traversent chaque année la France pour se rendre dans la cité mariale mondialement connue. Elle attire vraiment des hommes et des femmes de toutes races, de toutes langues et de toutes cultures.
L’affection des habitants de notre département à l’égard de Notre Dame Lourdes s’est traduite par l’édification de plus de cent trente reproductions de la grotte de Massabielle réparties dans tout le département, sans compter celles qui ont discrètement trouvé refuge dans des coins de jardins privés. Il n’est pas rare qu’à l’occasion de la première communion ou de la profession de foi, des parents ou, surtout des grands-parents, offrent aux jeunes leur premier pèlerinage à Lourdes.
Quelques esprits ombrageux sont parfois tentés de porter un regard soupçonneux sur cette dévotion. Elle peut, en effet, devenir exclusive et pervertir, en quelque sorte, la démarche authentique de la foi telle qu’elle est formulée dans le Credo, exposée par le magistère et pratiquée dans l’Eglise. Il y aura toujours des déviations et des excès à corriger dans telle ou telle attitude.
Loin de centrer l’attention sur la Vierge Marie elle-même, le message de Lourdes, tel qu’il a été transmis par Bernadette, oriente d’emblée le pèlerin vers le mystère du Salut en Jésus-Christ, mort et ressuscité. Il s’inscrit dans l’annonce de la proximité du Règne de Dieu, telle qu’elle a été confiée aux disciples par le Fils de Dieu lui-même.
Tout est parfaitement évangélique dans les requêtes, invitations et appels lancés par Marie par l’intermédiaire d’une pauvre parmi les pauvres. Il est toujours étonnant de constater comment, à Lourdes les pendules de vies trop éprouvées et blessées se remettent à l’heure de la Bonne Nouvelle. Notre Dame n’est plus alors la bienfaitrice obligée, mais le modèle et le guide qui mène à Dieu parce qu’elle lui a toujours dit « Oui. »
Rentrant de Lourdes, l’immense majorité des malades souffrent toujours des affections ou des handicaps qui les touchaient au départ, les plus démunis ne se sont pas enrichis, les problèmes des uns et des autres n’ont systématiquement reçu une solution, l’avenir des jeunes ne s’est pas soudain éclairci.
Des grâces particulières sont accordées à Lourdes, selon le libre dessein de Dieu. Nous en sommes témoins. Il est cependant plus fréquent de recueillir le témoignage de pèlerins qui évoquent des guérisons qu’ils n’attendaient pas. Elles ne concernent pas le corps, mais le cœur, la perception que l’on a de Dieu, de soi-même ou des autres, les relations personnelles, familiales, professionnelles, sociales. Le contact fraternel, dans la foi, avec les malades, les étrangers illuminent d’un jour nouveau l’enseignement du Christ. L’appel à la conversion peut recevoir une réponse.
Les pèlerins du Pas-de-Calais seront certainement plus nombreux à se rendre à Lourdes en 2008. J’invite bien volontiers les « habitués » à faire découvrir la démarche de Lourdes à un parent, un voisin, un ami et à lui permettre de vérifier la fécondité de l’interpellation « Viens et vois. »
Il serait bienvenu de permettre à des malades, à des enfants, à des collégiens, lycéens, étudiants, à des jeunes adultes, des jeunes couples, des jeunes parents de vivre, pour la première fois, cette expérience spirituelle d’un pèlerinage à Lourdes. Je suis convaincu qu’elle ne sera pas sans lendemain.
Je suggère aussi que des moyens soient mis en œuvre pour faciliter la participation de prêtres, diacres, religieux et religieuses plus âgés, parmi nos frères malades. Tous sont attendus.
Je propose qu’au cours de cette année jubilaire, notamment pendant les mois de mai à octobre, nos « grottes de Lourdes » locales rassemblent fréquemment ou de façon plus solennelle les fidèles pour l’accueil de la Parole de Dieu et la prière.
Non, il n’est pas superflu de recevoir ce temps jubilaire comme une occasion nouvelle d’entendre et de mettre en pratique la sollicitation de la Vierge Marie : « Quoi qu’Il vous dise, faites-le. [1]»
+ Jean-Paul JAEGER