Avent, de quoi s'agit-il
Lettre N°20 - Eglise d'Arras
Nos villes, nos villages et nos quartiers sont illuminés. Les marchés de Noël se mettent en place. Les chalets appellent au dépaysement. La foule se précipite. Oui, nous sommes déjà sur une autre planète. Le charme de Noël opère toujours et déclenche le pèlerinage annuel aux temples de la consommation.
Ne commençons pas par nous plaindre ! Au cœur de cette effervescence, il y a Noël, preuve que notre civilisation et notre culture n’ont pas totalement évacué leurs références à leur enracinement dans le Christianisme. Les achats constituent le signe évident de la persistance des rassemblements familiaux, de la tendresse des adultes à l’égard des enfants, d’un sens ravivé du partage. Ils font légitimement vivre les commerçants. Il serait d’ailleurs grave et dangereux que notre société perde le sens et le goût de la fête.
En ce début du mois de décembre 2007, nous ne pouvons pas, cependant, oublier celles et ceux qui, faute de moyens ou de reconnaissance, seront, une fois de plus, les oubliés et les exclus de ce culte. La débauche de lumière souligne cruellement la présence et la souffrance d’hommes et de femmes qui sont habitués à l’ombre et à l’obscurité. Faut-il les nommer ? Nous les découvrirons sans trop d’efforts.
Je ne voudrais en rien gâcher la joie de la fête. Je regrette simplement qu’une nouvelle pratique gomme de notre calendrier le temps de l’Avent. Chez nous, l’Église ne rythme plus le temps. C’est un fait !
Avant d’accueillir le Fils de Dieu, l’humanité crie vers son Seigneur. Elle clame sa soif de paix, de justice, d’amour, de vérité, de réconciliation. Elle sait qu’elle est engendrée dans le projet d’Amour d’un Père. Elle en vit, bien sûr ; elle en témoigne, merveilleusement parfois. Elle fait l’expérience de ses infidélités, de ses haines, de ses peurs, de ses blessures, de son péché et de son incapacité à retrouver par elle-même sa splendeur et son rayonnement.
Dieu n’a jamais abandonné ceux qu’il a appelés à la vie. Il les aime trop pour cela. Il leur a parlé. Il leur a donné une multitude de marques de son affection. Il leur a envoyé son bien le plus précieux, son propre Fils. Il donne sa vie pour ses frères. N’ayons pas peur de redire qu’Il se sacrifie par amour.
Dans la foi, nous ne sommes pas encore dans la nuit de Noël. Nous n’avons que quelques semaines pour creuser en nous l’attente et le désir d’un sauveur. Ce mot sonne mal aux oreilles de générations qui se demandent bien de quoi l’homme contemporain devrait être sauvé. Il répugne à imaginer, un seul instant, que quelqu’un d’autre que lui-même – fût-il Dieu – se préoccupe de résoudre ses problèmes !
L’Avent est d’autant plus dangereux à vivre qu’il nous engage à regarder lucidement et courageusement notre condition et celle de nos frères. Le besoin du salut n’est pas un luxe ou un abaissement. Il exprime notre inachèvement.
Rien ne changera durablement dans la relation de l’homme à Dieu, de chaque être humain à son environnement et à ses semblables sans le cri d’espérance de tout enfant de Dieu auquel répond
Viens, Seigneur !
+ Jean-Paul JAEGER