Tout renait dans la lumière

Église d'Arras n°08

Assemblée plénière des Eveques à Lourdes Assemblée plénière des Eveques à Lourdes        La clarté du Christ Ressuscité resplendit sur le visage de l’Eglise. Le Père veut répandre cette Lumière sur toute l’humanité.  Telle est la certitude qui habite le cœur des fidèles quand ils célèbrent la Mort et la Résurrection du Fils de Dieu. Cette conviction est un don. Elle ne constitue, cependant, pas la propriété exclusive des baptisés qui chantent l’Alléluia de Pâques.

 

            La mission de l’Eglise prend sa source dans le mystère de Pâques. Elle détient un véritable trésor qu’elle ne peut ni ne doit garder pour elle. Elle reçoit, de façon permanente, la charge de l’annoncer et d’en témoigner dans le monde.

 

            Les Chrétiens regardent trop souvent l’Eglise à partir d’eux-mêmes. L’histoire en fait le champ clos d’oppositions, d’intérêts, de manipulations. L’Eglise est souvent utilisée pour justifier des options personnelles, des pouvoirs jaloux. Elle est trop sollicitée  pour justifier des combats, des positions, des situations qui ne manquent pas de légitimité, mais occultent et dénaturent sa mission.

 

            Il est plus facile de tirer à soi la couverture de quelques phrases extraites de l’Evangile que de faire resplendir la clarté du Christ ressuscité sur le visage de l’Eglise. Il est finalement simple de proclamer du haut de notre autorité ou de celle de notre groupe d’appartenance que nous possédons la vérité et que les autres n’ont qu’à s’y soumettre ou  s’écarter.

 

            Le mystère pascal invite d’abord à une mort indispensable et nécessaire. Il crucifie. Les querelles qui défigurent l’Eglise, la rendent inaudible et insignifiante font l’impasse de l’abaissement, de l’humilité, de l’anéantissement qui sont ceux du Fils de Dieu Lui-même. Sans eux, il n’y aurait pas la gloire et la splendeur de la Vie nouvelle que le Père offre à son Fils.

 

            Les Pharisiens qui savent tout de la loi et de sa pratique, les imposent comme un fardeau qu’ils ne soulèveraient pas. Ils détournent de Dieu qu’ils prétendent servir, en font leur bien propre qu’ils n’entendent pas partager avec qui ne leur ressemble pas.

 

            Le Christ accueille et soulage toutes les détresses, panse les blessures du corps et du cœur, affronte toutes les déchéances, prend sur lui toutes offenses, les assument par amour jusqu’à la mort. Il voit alors resplendir en lui la Vie triomphante du matin de Pâques. Il en illumine son Eglise, signe et instrument de son passage de la mort à la Vie.          

 

            Au jour de Pâques, il n’est plus temps de focaliser et épuiser notre attention sur les multiples formes de la vie concrète de l’Eglise dans notre société, sur les modalités de sa présence et de son insertion dans la société. Il n’y a pas davantage lieu  de cultiver la nostalgie ou d’arbitrer la compétition entre des groupes, des écoles, des sensibilités.

 

            L’Eglise et chacun de ses membres, sont appelés avec les nouveaux baptisés à se laisser conduire avec le Seigneur et par Lui sur le chemin du calvaire, à entrer dans la nuit du tombeau, avant d’accueillir la vie du Ressuscité, d’être renouvelés par elle.

 

            Là, bat le cœur de la foi et de la mission de l’Eglise. Ne l’oublions pas au moment où la démarche synodale invite l’Eglise dans nos trois diocèses à un profond renouvellement pascal. Quelques ajustements dans une organisation affaiblie ne peuvent, à eux seuls, justifier la tenue d’un synode. Il ne peut être fécond que si nos communautés locales se laissent, dans une parfaite unité, entraîner, à nouveau, dans l’itinéraire pascal du Christ. En Lui, la mort ouvre les portes de la Vie !

 

            Au matin de Pâques, nous redonnons notre foi et notre confiance « à ce Dieu dont l’amour infini pour les hommes ouvre un sens inespéré à nos vies humaines, à celles de l’humanité entière : le chemin du bonheur traverse épreuves, échecs, rejets menaces, persécutions, chutes, déshumanisation. Le crucifié est le premier-né d’une multitude de frères, le prophète de la fraternité humaine qui se construit par une vie donnée, une victoire en soi-même contre les puissances de mal et de mort. [1]»

 

  + Jean-Paul JAEGER

 

[1] Monseigneur Georges PONTIER – Discours d’ouverture de l’Assemblée Plénière de la Conférence des Evêques de France, le 8 avril 2014.