Se convertir et discerner
Eglise d'Arras n014
Comme prévu, les étapes du Synode Provincial l’ont conduit à son terme. Peu avant la dispersion de l’été, Les quatre évêques de Lille, Arras et Cambrai, accompagné du Secrétaire Général du Synode, ont rencontré à Rome le Cardinal Ouellet, Préfet de la Congrégation des Evêques. Ce prélat est chargé au, nom du Pape, du suivi des synodes dans les diocèses.
Nous avons eu, au cours d’un entretien chaleureux et fraternel, l’occasion de refaire devant le Cardinal la genèse de notre synode, d’en exposer le déroulement et d’en présenter les conclusions. Il a, alors été facile, de répondre aux questions de notre hôte et d’entendre ses premiers avis.
La Cardinal nous a promis une appréciation plus globale et écrite pour le 15 juillet. Il a tenu le calendrier ! Le Préfet de la Congrégation des Evêques a suggéré quelques retouches au projet de document synodal. Elles sont peu nombreuses. Elles apportent la clairvoyance du lecteur et du pasteur qui a l’avantage du recul qui manque parfois aux partenaires engagés dans un débat qu’il faut clore.
Les moyens modernes de communication ont permis aux évêques de mettre au point la version finale des Actes Synodaux qui seront officiellement promulgués le dimanche 27 septembre 2015. Cette journée mobilisera les trois diocèses. Il n’est pas nécessaire d’avoir été membre de l’assemblée synodale pour être présent dans la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, ce jour-là à 15 heures. Tous les fidèles et leurs pasteurs sont concernés et invités.
Loin de se terminer, l’aventure synodale va prendre un nouveau visage. Elle va entrainer nos communautés, particulièrement les paroisses sur un chemin de conversion et de renouveau. Nous n’allons pas tourner le dos aux orientations précédentes. Elles ont porté leurs fruits et ont conduit au synode. L’Eglise dans notre diocèse poursuit la même course de fond, mais elle est invitée à faire preuve d’endurance. Sur un terrain accidenté, elle doit adapter son allure et affronter les obstacles.
Le risque peut venir d’une erreur de cible. Le Synode a, bien sûr, rassemblé un nombre restreint de délégués. Les conclusions du synode ne sont pas pour le bien propre et exclusif des participants d’hier. Expliquées, accueillies, comprises, mises en œuvre, elles chercheront à faire vivre localement l’expérience synodale.
Il serait insuffisant de ne chercher dans le synode qu’une série de remèdes susceptibles de panser les blessures des paroisses. Celles-ci sont malmenées par l’affaiblissement des réalités qui ont fait la richesse dont nous sommes tentés de cultiver la nostalgie. Nous ne sommes pas dans la logique de la défense des acquis et de la sauvegarde de structures, de postes, d’organisations, de pouvoirs.
A la suite des membres du synode, les communautés, les paroisses sont appelées à une conversion, à un recentrement sur le Christ. Ne nous soucions pas de ce que chaque chrétien, chaque groupe veut garder et défendre, mais de ce que le Seigneur dit à l’Eglise, ce qu’Il veut pour elle, ce qu’Il fait pour elle, pour le bien du monde.
L’avenir de la mission ne se trouve pas dans des techniques ajoutées à d’autres techniques, mais dans une disponibilité permanente à l’œuvre de l’Esprit Saint. Nos paroisses ne doivent pas craindre la pauvreté. Elle est mortelle si elle engendre le dépit devant ce que nous perdons. Elle est salutaire si elle fait place au désir de l’Amour de Dieu pour chaque être humain en particulier, pour la famille humaine dans son ensemble.
Dans la prière, dans la Parole de Dieu, dans les sacrements, dans la charité, nos communautés feront un patient travail de discernement. Nous lui consacrerons toute l’énergie spirituelle nécessaire au cours de l’année qui s’ouvre. Nous n’avons pas réalisé un synode dont nous pouvons être fiers. Nous avons appris, une fois de plus, à faire route avec le Christ qui ne cesse jamais de venir vers nous et de nous renouveler dans le mystère de sa mort et de sa résurrection. Le chemin du synode est encore bien long. Il se trace au plus prés de nous, dans chacune de nos communautés, dans nos paroisses, nos groupes, nos mouvements.
En ce début d’une nouvelle année d’activités apostoliques, nous ne pouvons pas recevoir meilleur encouragement que celui du pape François qui écrit à propos de la paroisse : « Elle est communauté de communautés, sanctuaire où les assoiffés viennent boire pour continuer à marcher, et centre d’un constant envoi missionnaire. Mais nous devons reconnaître que l’appel à la révision et au renouveau des paroisses n’a pas encore donné de fruits suffisants pour qu’elles soient encore plus proches des gens, qu’elles soient des lieux de communion vivante et de participation, et qu’elles s’orientent complètement vers la mission. [1] »
Le synode provincial qui se poursuit constitue une première réponse à cet appel à la révision et au renouveau. Avançons joyeusement !
+ Jean-Paul JAEGER
[1] Pape François – La joie de l’Evangile § 28.