Le Nord de la boussole
Lettre N°15 - Eglise d'Arras
Il est difficile de déterminer des temps et des lieux pour l’annonce de l’Evangile. Elle restera toujours et fondamentalement œuvre de l’Esprit Saint, même quand il choisit la médiation humaine comme instrument. Nul ne peut prétendre enfermer et contraindre l’Esprit de Dieu dans des cadres, des schémas et des projets.
Ainsi avertis, nous ne pouvons que nous mettre humblement et joyeusement au service de l’entreprise divine, puissance de Dieu qui se manifeste dans notre faiblesse . Tels que nous sommes, nous répondons à l’appel du Seigneur. Nous recevons une mission qui nous dépasse de beaucoup et que, greffés sur Jésus-Christ, nous remplissons avec nos moyens.
Nous n’échapperons donc pas à nos mécanismes, nos modes de réflexion, de compréhension et d’action. Cependant, nous n’oublierons pas de les référer sans cesse à Celui qui nous choisit et nous envoie. Lui seul est « le Chemin, la Vérité et la Vie. » Nous serons toujours prêts à accueillir les bouleversements, les remises en question et renouvellements qui nous rappelleront, chaque fois que nécessaire, que nous sommes embarqués dans une aventure qui n’est pas d’abord la nôtre, mais celle de Dieu qui dit son Amour à l’humanité et lui offre le salut en Jésus-Christ.
Dans l’Eglise, les cadres, les orientations, les structures ont toujours un caractère provisoire et fragile. Cette réalité ne tient pas à notre incapacité à décider ou à mobiliser. Elle fait partie de la nature même de cette Eglise qui doit toujours s’interroger sur la fidélité du corps entier à Celui qui en est la tête. Elle court le risque permanent de se figer en une vénérable institution livrée à des fins strictement humaines.
La tradition enracinée dans l’Ecriture, l’histoire, particulièrement celle de notre monde contemporain, nous invitent en ce début d’année apostolique à ne jamais perdre de vue l’horizon posé par le Fils de Dieu Lui-même au moment où il quitte ses apôtres : « Allez par le monde entier. Proclamez l’Evangile à toutes les créatures. »
Reprenant la formule des Pères du Synode de 1974, le pape Paul VI écrit : « Nous voulons confirmer une fois de plus que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Eglise… » Il poursuit : « … tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes. Evangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du Christ dans la sainte messe qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse. »
On mesure aujourd’hui encore la pertinence de ces affirmations orchestrées ultérieurement par le constant appel de Jean-Paul II à la nouvelle évangélisation et l’invitation de Benoît XVI à revenir constamment au cœur et à la source de notre foi au-delà de tout relativisme. Nous savons combien il est urgent, selon la formule utilisée par les évêques de France de « proposer la foi dans la société actuelle. »
Non, il n’est pas question de défendre un parti, de renforcer des positions, d’affirmer un pouvoir, de conquérir des bastions. Nous croyons que nous ne pouvons pas garder jalousement pour nous la révélation de la splendeur et du bonheur de tout être humain et de l’ensemble de l’humanité en Jésus mort et ressuscité. C’est tout simple ! C’est l’histoire d’un amour que nous serions coupables de ne pas accueillir et partager. Que nous faut-il de plus pour nous engager dans cette nouvelle année pastorale ?
+ Jean-Paul Jaeger
Cf. 1ère Corinthiens 2.
Jean 14, 16.
Marc 16, 15.
Paul VI - Evangelii Nuntiandi § 14.
La lettre aux catholiques de France.