le Vendredi 05 mars 2010


                  Nous progressons dans le temps du Carême. Il appelle à la conversion. Se convertir, c’est accepter de faire volte-face et d’avancer dans une autre direction. Comme il est difficile d’abandonner nos certitudes, nos querelles, nos biens, de faire demi-tour pour rentrer en nous-mêmes et nous retrouver, en vérité, face à Dieu !

 
                  Le Seigneur et l’Église ne nous demandent pas de déserter l’humanité. Ils nous invitent à nous interroger sur la manière dont nous la servons en nous-mêmes et dans les autres. Dieu ne nous met pas à l’écart pour nous sermonner, nous juger et nous condamner. Il vient parler à notre cœur pour y faire briller sa lumière et faire jaillir sa vérité. Nous disposons de quelques semaines pour expérimenter, plus intensément, la miséricorde de Dieu. Elle nous mène à la recréation de nous-mêmes dans la mort et la résurrection de Jésus.
 
                  Nous prions, nous jeûnons, nous partageons. Nous respectons ainsi les préceptes de l’Église. Ils constituent, pour nous, autant de moyens d’ouvrir notre cœur. Si nous sommes un tantinet pharisien, nous pouvons ajouter que nous respectons bien la loi et que nous avons, en quelque sorte, droit au bénéfice de cette fidélité.
 
                  Mais voici que le doigt de Dieu appuie là où çà fait mal ! Pourquoi, pour qui prions-nous, partageons-nous, jeûnons-nous ? Pour Dieu ou pour nous donner la satisfaction d’être, devant les autres, des chrétiens qui sortent de l’ordinaire et que le Seigneur Lui-même a finalement beaucoup de chance de compter parmi ses enfants ?
 
                  Le peuple hébreu qui a traversé le désert pendant quarante ans a succombé, de multiples fois, à la tentation de l’idolâtrie. Le Christ Lui-même a été tenté. Tout lui était promis s’il prenait, à son unique bénéfice, la place du Père. Nous n’échappons jamais totalement au désir d’être comme des dieux, comme Dieu et d’utiliser sa Parole, celle de l’Église de Jésus Christ, pour parvenir à nos fins. Dieu nous connaît. Il a découvert depuis longtemps la résistance de nos vies et de nos cœurs. Avec un cœur de Père aimant, Il vient le premier à notre rencontre.
 
                  Il a vérifié depuis longtemps que seul un surcroît d’amour, un fleuve d’amour peuvent ébranler des cœurs endurcis. Selon l’enseignement de l’Apôtre Paul, Dieu ne nous demande pas de nous réconcilier avec Lui. Il nous supplie simplement de nous laisser réconcilier avec Lui, sachant qu’Il sera toujours l’acteur et le moteur de cette réconciliation.
 
                 
 
 
 
                  C’est, Lui, Dieu qui, contre toute logique, en paie la lourde addition. Jugeons-en plutôt. Il va identifier au péché son Fils bien-aimé, le Christ, Lui qui, contrairement à tous ses enfants d’adoption, n’a jamais commis le péché ! Comment ne pas être saisi d’émerveillement et de reconnaissance devant une telle bonté qui nous bouleverse ?
 
                  A cette étape du carême, nous pouvons être attentifs à deux signes. L’Eglise nous propose, de façon plus pressante de célébrer le Sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation. Tant mieux si la Lumière de l’Amour de Dieu nous met devant les yeux notre propre pauvreté. Pourquoi craindre de la regarder en face ? Nous sommes prêts pour accueillir le pardon sacramentel qui nous est offert, de façon personnelle, par le ministère des prêtres. Prenons le temps de les solliciter et de les rencontrer !
 
                  Le partage manifeste que nous reconnaissons en toute personne un frère ou une sœur que Dieu nous donne. Pour lui, pour elle, le Fils de Dieu a versé son sang. Cette fraternité s’exprime dans des gestes concrets à l’égard de celles et ceux que nous serions tentés de garder à l’écart de nous.
 
                  Nous trouverons mille moyens et occasions de partager. L’Eglise nous demande, dans le cadre de la campagne annuelle confiée au Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement d’unir nos efforts et nos gestes. Ils nous permettront, de façon solidaire, de permettre à des populations bien souvent inconnues de nous de prendre en mains une part de leur avenir et de leur croissance. C’est cela aussi la mondialisation ! Nous donnerons un peu de notre argent, mais nous apprendrons dans les différents rendez-vous de « Bouge ta planète » à recevoir et à nous enrichir d’humanité et de fraternité.
 
                 
                  Pourquoi faudrait-il faire du temps du Carême un moment d’austérité, de larmes et de peur ? Ô, bien sûr ! Nous ne laisserons pas travailler la grâce en nous sans consentir à quelques efforts, à de modestes renoncements, à une mortification de bon aloi. Ces petits gestes ne constitueront encore que quelques gouttes d’eau perdues dans l’océan de la Tendresse et du Pardon de Dieu.
 
             
 + Jean-Paul JAEGER