La pauvreté : Chiche !

Eglise d'Arras n°08

francois pauvrete francois pauvrete   Il y  maintenant un mois que le Cardinal Bergoglio a été élu pape et a pris le nom de François. Son peu de familiarité avec l’organisation romaine, conjugué à une prudente sagesse ne l’ont pas conduit à prendre, pour le moment, des décisions majeures. Celui qui parle de lui-même en faisant fréquemment référence à sa mission d’évêq de Rome veut probablement laisser le temps à la concertation avec ceux qui portent sous son autorité la charge des successeurs des apôtres.
 
                En revanche, le pape François a imprimé une forte marque personnelle à l’exercice de sa charge. Un style dépouillé, sobre,  se joint à une volonté de proximité. Il est clair que le successeur de Benoît XVI fuit toutes les contraintes et tous les cadres qui pourraient l’éloigner d’un contact réel avec le Peuple de Dieu.
 
                Les papes se suivent et ne se ressemblent pas. L’Esprit Saint souffle où Il veut et comme Il veut. De cette affirmation du Christ, nous avons, une fois de plus, une magnifique illustration ! Il nous appartient d’accueillir et de décrypter ce qu’en la circonstance l’Esprit de Dieu nous convie à vivre.
 
                Les premières paroles de notre pape et les gestes qu’il a posés ont souvent évoqué la pauvreté. Elle habite ce pasteur. Elle invite à la prédilection évangélique pour les plus petits, mais aussi à une authentique pauvreté de l’Eglise elle-même.
 
                En utilisant des formules très imagées, le pape François a répété souvent que l’Eglise allait à sa propre perte si elle se préoccupait d’elle-même, de sa place dans le monde, du regard porté sur elle, ou de l’autorité à laquelle elle prétendait ou voulait garder.
 
                Cette forme de pauvreté est plus radicale encore que celle qui consiste à faire place dans la société aux plus petits. Elle nécessite un total décentrement, un réinvestissement de l’héritage reçu de l’histoire, un renoncement douloureux et pourtant salutaire.
 
                L’Eglise dans le Pas-de-Calais ne doit pas craindre la pauvreté. Il est évident que ses richesses d’hier lui sont aujourd’hui comptées. Elles s’amenuisent et, pour certaines, disparaissent. Lors de la Journée mondiale de prière pour les vocations, nous allons, bien sûr, prier, ouvrir nos cœurs, nos familles, nos groupes, nos communautés, nos mouvements,  pour que des jeunes entendent l’appel à donner à donner toute leur vie pour servir le Christ et leurs frères. Nous avons besoin de prêtres, religieux et religieuses. Les fidèles laïcs, dans toutes les formes de responsabilité, les diacres, les consacrés sont indispensables.
               
                L’Eglise n’est, cependant, pas une agence de recrutement qui voudrait colmater les brèches d’une puissance affaiblie ou d’un pouvoir contesté et marginalisé. Je dois bien constater que malgré la générosité qui anime tous les membres du peuple de Dieu, les requêtes visent souvent à perpétuer le fonctionnement d’une Eglise qui renonce difficilement à son éclat social d’antan.
 
                Tout se passe si comme chaque communauté, chaque groupe, chaque mouvement, chaque structure avait droit au dernier prêtre, à la dernière animatrice laïque en pastorale. Le lobbying clérical fonctionne très bien ! Il est toujours bien agréable pour un évêque de rencontrer, jour après jour, des fidèles et des pasteurs motivés pour perpétuer une action et un investissement. Il est plus difficile pour lui de les faire entrer dans une démarche de pauvreté dans laquelle ne compte plus que Jésus et Jésus crucifié !
 
                Je ne peux pas cacher mon émerveillement pour l’œuvre de l’Esprit Saint qui fait surgir des trésors là où nos plus belles organisations ne les attendaient pas. La Parole du Christ est d’abord accessible aux petits, elle est plus obscure à l’analyse des sages et des savants.
 
                Une Eglise pauvre n’impose pas ses chemins et ses voies à Dieu qui, en son Fils Jésus-Christ, ne cesse d’aller à la rencontre de l’humanité. Nous ne répéterons jamais assez qu’une Eglise qui se replie sur elle-même est plus un obstacle à l’annonce de l’Evangile que le signe et l’instrument de la Vie nouvelle en Jésus-Christ.
 
                Stimulés par le Pape François, nous appelons de jeunes hommes, de jeunes femmes, et aussi de moins jeunes, à tout quitter pour suivre le Christ. Ne leur demandons pas de venir d’urgence combler les cases vides d’un organigramme. L’Eglise et le monde ont besoin de leur pauvreté, celle qui accrédite et authentifie toute Parole qui dite de la part de Dieu. Près des hommes et des femmes de ce temps, près des jeunes, nous constatons qu’une telle Parole est bien plus efficace et féconde qu’on ne l’imagine lorsque les cercles referment.               
                                                                                                                                            
+ Jean-Paul Jaeger