Noël pour tous.
Témoigner de l'humanité de Dieu et de la nôtre
Noel Fuite en EgyptePubliée dans Eglise d'Arras n°21-2009
Il est, sans doute, impossible de tenter d’analyser avec les seules ressources de la raison l’ensemble des comportements humains. Cette remarque vaut pour les individus comme pour les groupes. Les motivations de l’action échappent souvent aux personnes elles-mêmes et il est illusoire de vouloir y faire régner un ordre parfait !
Prenons-en pour preuve la célébration de la fête de Noël. Une fois de plus, au-delà même des frontières du Christianisme, des adultes et des enfants du monde entier vont s’extasier devant un enfant né humblement et pauvrement dans une crèche. L’imagination humaine ne se lassera jamais de mettre en scène l’événement.
Il est étonnant de noter, cette année encore, qu’en dépit de difficultés économiques et sociales constatées ou annoncées, l’évocation de cette situation provoque un déferlement de dépenses et de consommation. Au nom d’un petit être démuni, des enfants vont être comblés, parfois, au-delà du raisonnable !
Je ne suis pas contre les rassemblements familiaux, la fête. Le commerce. Le sourire et l’enthousiasme d’un enfant qui ouvre les paquets de ses cadeaux m’émeuvent. Comment ne pas souhaiter qu’à l’occasion de Noël chaque membre de la famille humaine trouve ou retrouve le goût du bonheur ?
Mais Noël nous est bien donné par la foi. Tant mieux si ce curieux anniversaire invite les fidèles du Christ comme les agnostiques, les ignorants, les sympathisants, les adeptes et pratiquants d’autres religions à la paix, la fraternité, l’unité et la justice ! Bravo si tous et toutes ont d’excellentes raisons de célébrer Noël !
Quand le prophète Isaïe chante Jérusalem relevée et libérée, il ne le voit plus comme le seul lieu de convergence des membres dispersés du Peuple choisi, mais comme la lumière vers laquelle marcheront tous les peuples.
Au cœur de ce monde et de l’allégresse, l’Eglise demeure le signe et l’instrument du salut en Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Il s’est fait l’un d’entre nous avant de mourir pour que tout homme ait la vie. Il s’est dépouillé de toutes les formes de la gloire pour ne laisser paraître que l’amour qui conduit à tout donner et se donner soi-même.
L’humanité ne s’arrêterait pas de courir, ne s’émerveillerait pas, ne ferait pas la fête la nuit de Noël si elle n’avait pas conscience, de manière plus ou moins claire, qu’une formidable espérance lui est offerte. Elle est l’aboutissement de siècles d’attente, de recherche, de gémissements, de cris.
Cette espérance n’est cependant pas comblée par la force, la puissance, la domination, l’abondance, la gloire. Elle a le visage de la fragilité, du renoncement, du dénuement. Elle se voile sous les traits d’un enfant !
La joie de Noël manquerait d’authenticité, si pour chacun d’entre nous, elle ne croisait pas la route de la fragilité, du renoncement, du dénuement. L’attention au plus petit, au plus faible, au plus démuni ne vient pas, au bon moment, apaiser par le partage les scrupules de nos excès de consommation. Elle nous révèle Celui que les siens n’ont pas reçu et qui pourtant nous offre la grâce de devenir enfants de Dieu.
Nous sommes témoins de cette filiation. Saurons-nous la manifester à une humanité qui vit un temps de réjouissances ?
Belle, joyeuse et vraie fête !
+ Jean-Paul Jaeger