Vers la profession de foi pascale
Eglise d'Arras n°03
Le cierge pascal Avec le carême, l’Eglise nous invite à revivre le parcours de la foi : celle de l’Eglise, celle de chaque baptisé. Ce temps privilégié constitue l’ultime étape qui mènera les catéchumènes au baptême, à la confirmation et à la première communion au Corps et au Sang du Christ. Avec eux, tous les participants à la veillée pascale proclameront la foi et seront marqués par l’eau du baptême.
Pour marcher vers Pâques, les fidèles du Christ sont nourris de la Parole de Dieu dans le livre de l’Exode. Ils refont l’expérience de l’esclavage, de la libération voulue par Dieu, de la traversée du désert, de l’Alliance avec Dieu, de l’infidélité, de la miséricorde, de l’Amour infini et de la liberté.
C’est à la lumière du Christ mort et ressuscité que le Peuple de Dieu parcourt ce chemin. Ce qu’ont vécu nos aînés dans la foi n’était que l’annonce et la préfiguration de la parfaite libération en Jésus-Christ. Plongés en Lui par le baptême, nous passons avec Lui de la mort à la vie ! Par le don de l’Esprit-Saint, nous devenons enfants de Dieu, héritiers avec le Fils unique.
Au cours de la veillée pascale, à l’invitation de l’Evêque ou des prêtres, nous proclamerons, la première fois pour les catéchumènes, à nouveau pour tous les baptisés : « Je crois. »
Ces mots retentiront de façon particulière en cette année de la foi. Nous nous rappellerons que notre vie se trouve en Dieu, Père, Fils et Esprit. Le Christ passé de la mort à la vie est le sens de notre existence. Nous vivons cette vérité et nous sommes pressés de la proclamer et d’en témoigner.
La mission est particulièrement délicate aujourd’hui. Mille signes nous indiquent que notre société se construit à distance de plus en plus respectable de Celui qui est venu chez les siens et que les siens n’ont pas reçu [1].
Nous mesurons à quel point, pour être missionnaires, les ouvriers de l’Evangile doivent garder le regard fixé sur Jésus-Christ. Cette invitation ne conduit pas à fuir le monde et l’humanité, mais à porter sur eux, le propre regard du Fils de Dieu que nous contemplons.
Ce carême 2013 sera donc un chemin de foi. Quelques repères permettront de le baliser.
Un accueil, une écoute, une méditation, un partage plus déterminés et assidus de la Parole de Dieu nous rediront que Dieu prend l’initiative de notre salut. Il décide de venir à la rencontre de la famille humaine en son Fils Jésus qui livre sa vie par Amour. Il nous guide sur le chemin de la foi, de la vie nouvelle. Il n’est pas trop tard pour découvrir ou faire découvrir les Maisons d’Evangile. La Parole dynamisera notre prière et notre adoration quand nous serons dans la discrète solitude de notre chambre, parmi les membres de l’assemblée liturgique ou devant le Saint-Sacrement.
Il n’est pas de foi possible sans une expérience, une rencontre de la tendresse, de la miséricorde, du pardon dont le Père comble ses enfants. Il envoie son Fils qui n’hésite pas à donner sa vie. Cet abîme d’amour nous révèle nos étroitesses, notre faiblesse, notre blessure, notre péché. Nous ne pouvons que nous précipiter dans les bras qui se tendent vers nous. Unis aux futurs baptisés de Pâques, nous laisserons le Sacrement de pénitence et de réconciliation revivifier en nous la grâce du baptême. N’attendons pas la Semaine Sainte pour solliciter nos frères prêtres et les trouver disponibles pour ce contact sacramentel personnel, même lorsqu’il est célébré dans le cadre d’une assemblée.
Le pape Benoît XVI nous propose d’ouvrir ou d’explorer plus avant le catéchisme de l’Église universelle pendant l’année de la foi. Aucun document ne remplacera la rencontre, la conversion, la Parole qui réconcilie et donne vie. La lecture complète d’un catéchisme ne se substitue pas au plus petit balbutiement de la foi. Ce labeur apporte compréhension et cohérence. Le catéchisme que personne n’est censé connaître par cœur et réciter nous renvoie à l’ensemble des documents conciliaires. Il nous ouvre la porte à leur lecture et au travail. Il n’est pas nécessaire de lire d’une traite le catéchisme de l’Eglise Universelle ! Ce carême pourrait nous aider à le découvrir et à en apprendre la bonne et judicieuse utilisation.
La foi est inséparable de la charité. Les encycliques du pape réaffirment cette donnée fondamentale de notre foi. La conversion, le pardon, la purification se vérifient et s’expriment dans la reconnaissance de nos semblables comme frères, surtout si leur humanité est blessée et bafouée. La démarche Diaconie 2013, la campagne du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement ne se limitent pas au temps du carême. Elles l’incarnent et l’inscrivent, cependant, dans les souffrances et les détresses d’une humanité qui peine à reconnaître et respecter dans des actes la grandeur et la valeur de chaque être humain. Si nous sommes restés sur le bord du chemin, il n’est pas trop tard pour nous mettre en route !
Ces quelques suggestions non limitatives feront mûrir en nous le « Je crois » de la nuit de Pâques. L’Eglise le met déjà dans nos cœurs et sur nos lèvres. Nous lui répondons en laissant le Christ ajuster notre vie à la sienne. Cette œuvre d’Amour vaut bien un exode et un carême !
+ Jean-Paul JAEGER