Un parfum de jeunesse
Eglise d'Arras N°14
Au cœur d’un été qui ne laissera pas des souvenirs impérissables aux amateurs de bronzage, 230 jeunes de chez nous ont composé avec la chaleur madrilène. Ils ont participé aux Journées Mondiales de la Jeunesse en rejoignant l’organisation diocésaine. Selon une habitude qui avait pris naissance en 1997, à Paris, le rassemblement dans la capitale espagnole a été précédé de l’accueil dans une église locale, celle de Gérone pour les jeunes du Pas-de-Calais.
Plusieurs formules étaient proposées. Elles offraient la possibilité d’un pèlerinage préalable à Lourdes, une initiation aux chemins de Compostelle, un passage dans le diocèse de Perpignan. En fonction du temps disponible, de l’appétit spirituel, de la résistance physique, chaque jeune engagé dans l’aventure pouvait répondre à l’invitation du Seigneur et du pape Benoît XVI.
Tout ne peut pas être dit et vécu de la vie chrétienne dans un événement marqué par les avantages et les inconvénients du gigantisme. Seul le temps et surtout le contact nourri, entretenu ou retrouvé avec Celui qui faisait fondamentalement l’unité de cette foule de toutes langues, de toutes origines et de toutes cultures feront éclore les fruits de ces journées.
En d’autres lieux et circonstances, l’inconfort des hébergements, les rares heures de sommeil, la frugalité des repas, les attentes interminables, les piétinements de la vague humaine, la prise d’assaut des moyens de transport auraient rapidement déclenché, irritation, découragement et abandon. Ils ont été acceptés avec bonne humeur.
Des jeunes que l’ont dit souvent prisonniers et victimes de la consommation, de la technique, de l’individualisme ont joyeusement accueilli la simplicité, la promiscuité, parfois même la privation. Ils ont savouré la valeur de l’accueil, du partage. Ils ont oublié les étiquettes qui se collent quotidiennement sur les personnes, les pays et les peuples. Ils se sont aperçus qu’au-delà des appréciations des agences de notation, se révèlent des visages d’hommes et de femmes, de jeunes qui aspirent, comme eux et avec eux, au bonheur, à la paix, à la vie, à la fraternité.
Nos jeunes ont acclamé le pape Benoît XVI qui les avaient conviés. Loin des sons et des images, ils ont surtout accueilli l’appel que, par l’intermédiaire du Saint Père leur adressait l’apôtre Paul à marcher « enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi.[1]» Dans la solennité des Eucharisties comme dans la discrétion des catéchèses, le silence et la ferveur de l’adoration eucharistique, la méditation du mystère de la croix, la célébration du sacrement de la réconciliation, l’opportunité des échanges, L’Esprit de Dieu s’est frayé un chemin. Le Seigneur seul sait où il conduira.
Il n’est pas surprenant que les Journées Mondiales de la Jeunesse recueillent tant la faveur que la critique des médias. Tous les jeunes chrétiens du diocèse d’Arras n’étaient pas à Madrid et à Gérone. D’autres ont, à l’abri des caméras, vécu ou animé des camps de scouts et de guides, des chantiers proposés par des familles spirituelles, participé aux stages d’orgue. Avec la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, le Mouvement des Jeunes en monde Rural, l’Action Catholique des Enfants, le Mouvement Eucharistique des Jeunes, ils ont accueilli et semé la Bonne Nouvelle. Quelques-uns ont marché vers Boulogne. D’autres convergeront vers Amettes. Ces activités se sont parfois ajoutées les unes aux autres.
Les esprits chagrins ne manqueront pas de s’interroger sur les effectifs, la motivation et les lendemains de ces activités estivales. Depuis l’Exode, depuis l’expérience des apôtres, la marche à la suite du Christ a été marquée par des avancées et des reculs, des enthousiasmes et des découragements, des réussites et des échecs. Pourtant Jésus mort et ressuscité ne se lasse pas d’appeler et d’envoyer « Faites des disciples. » Nous savons que des jeunes peuvent entendre cet appel et y répondre. Ne brisons surtout pas leur élan !
+ Jean-Paul JAEGER
[1] Colossiens 2,7.